Achraf Hatem, secrétaire général du Conseil suprême des universités.
Al-Ahram Hebdo : La nouvelle année universitaire est sur le point de commencer. Comment les universités se sont-elles préparées pour faire face à d’éventuels troubles ?
Achraf Hatem: Les étudiants sont nos fils et nos filles. Il n’y a donc pas d’adversité avec l’étudiant. Nous voulons offrir aux étudiants un climat propice à l’enseignement, et fournir également aux professeurs une atmosphère prometteuse pour la recherche scientifique, le tout au service de la société. Il est vital de créer de nouvelles activités estudiantines, de promouvoir la sensibilisation politique et de lui frayer la voie à travers la liberté d’expression, les dialogues et les discussions dans les questions d’intérêt public en présence du corps enseignant. Une entreprise spécialisée de sécurité avec un personnel bien formé prendra en charge la sécurité dans les grandes universités. Les cadres administratifs seront également soumis à une formation de haut niveau. Les mesures sécuritaires seront renforcées. Les pièces d’identité des étudiants seront contrôlées à l’entrée de l’enceinte universitaire et aucune personne étrangère ne sera autorisée à entrer. Aucun étudiant ne sera admis sans sa carte d’étudiant de l’année courante. Chaque président d’université sera responsable de la protection de son université et il peut demander l’aide de la police en cas d’urgence. Des caméras de surveillance seront postées dans bon nombre d’universités. D’autres mesures de discipline seront prises. Les professeurs et étudiants impliqués dans des actes de violence seront renvoyés.
— Qu’en est-il des cités universitaires? Seront-elles soumises aux mêmes procédures ?
— Les procédures d’inscription et d’accommodation seront plus strictes. Les étudiants signeront un engagement garantissant leur discipline. Si l’étudiant est pris en flagrant délit, il sera renvoyé de la cité universitaire. Les cités universitaires sont des propriétés de l’Etat qui dépensent des milliards de L.E. pour les étudiants non natifs ou non résidents au Caire.
— Cela reviendrait à annoncer la fin de la vie politique dans les universités égyptiennes ?
— Naturellement non. Nous soutenons la liberté d’expression dans les universités, mais de manière pacifique et sans recours à la violence. A part cela, tous ceux qui empêchent les universités à assumer leur rôle et leur message éducatif et de recherche devront rendre des comptes. S’il y a nécessité, la police interviendra pour rétablir l’ordre conformément au protocole signé entre le Conseil suprême des universités et le ministère de l’Intérieur. Tout le monde parie sur la discipline de la majorité des étudiants. L’exercice de toute activité de politique partisane sera interdit au sein de l’université, ainsi que tout discours prônant un agenda politique en particulier, et toute propagande en faveur des candidats qui se disputeront les prochaines législatives.
— Le corps enseignant refuse l’amendement du système de nomination aux postes de direction et souhaite maintenir leur attribution suite à des élections comme l’exige la Constitution ...
— Les élections sont un jeu qui n’est pas en conformité avec le travail académique, elles risquent de créer un déséquilibre au niveau de l’action universitaire. Nous refusons que les règles du jeu soient régies par les promesses ou par les conflits d’intérêts, parce que cela est une humiliation aux professeurs. Des divergences personnelles existent au sein de tous les départements. Il a été impossible de tenir une seule réunion au cours de la dernière année universitaire à cause des problèmes liés aux élections universitaires. Désormais, pour les candidats aux postes de recteur et de doyen, la direction de l’université définit des critères basés sur la performance académique, la capacité d’organisation et des compétences administratives. Trois noms seront proposés au ministre de l’Enseignement supérieur pour les présenter au président de la République. Il ne s’agit pas de nomination. En fait, il y aura une annonce dans laquelle figureront les conditions et les qualifications requises pour les postes à occuper, et les candidats doivent présenter un projet pour le développement de l’université ou de la faculté qu’ils souhaitent présider ainsi qu’un C.V. détaillant leurs activités scientifiques et leurs compétences en matière de gestion. Ils seront ensuite évalués par un comité neutre. Je vous assure que le système des élections impliquait de graves problèmes et que le Conseil suprême des universités a reçu plusieurs demandes pour le retour au système de nomination.
— Qu’en est-il de la nouvelle charte des étudiants, qui est très contestée ?
— Le nouveau règlement est toujours en cours d’examen, ensuite — en raison du vide législatif — c’est le Conseil des ministres qui devra le ratifier. Ceux qui s’opposent à ce nouveau texte sont majoritairement des étudiants ou des diplômés qui continuent de représenter les étudiants au sein des unions estudiantines.
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