Les sites Internet d'informations attendent un statut légal
Ils n’ont aucun statut, au moins légalement. Les sites Internet d’informations qui ne dépendent pas d’un organe de presse écrite, approuvé par le Conseil suprême de la presse, n’existent ni aux yeux de la loi ni aux yeux du syndicat des Journalistes. Ce dernier ne prend en considération que les journalistes travaillant pour la presse écrite, leurs confrères exerçant dans l’audiovisuel ou sur les sites électroniques n’ont pas le droit d’adhérer à ce syndicat selon la loi datée de 1970. Officiellement aussi, ces sites ne sont pas créés en tant qu’organes de presse. La plupart du temps, ceux-ci sont fondés via la création d’une société à responsabilité limitée ou une société par actions au « contenu électronique ou publicitaire ».
« C’est uniquement dans le but de protéger juridiquement les locaux », explique Mohamad Al-Garhy, jeune journaliste fondateur du site d’information Janvier. « Mais en pratique, on ne peut pas envoyer un journaliste pour couvrir un événement dans un ministère particulier. Et la protection juridique est absente s’il est arrêté ou blessé. En plus, il ne profite d’aucune assurance, puisque le seul critère pour être considéré comme journaliste en Egypte est être un membre du syndicat des Journalistes », ajoute-t-il. Le plus souvent, il suffit de créer un site, d’obtenir un domaine et le site est en route. On recense aujourd’hui environ une centaine de sites, mais les plus fiables faisant un travail de journalisme ne dépassent pas la dizaine.
Aujourd’hui, alors que l’Etat se dirige vers la création de nouveaux organes qui régissent le travail de la presse et de l’audiovisuel, les journaux électroniques restent à la marge. La discussion autour de la création d’un Conseil suprême des médias qui chapeauterait la presse dans son ensemble pour « garantir son indépendance, son impartialité, son pluralisme et sa diversité », comme dicté par la Constitution, englobe la presse numérique. « Celle dépendant de groupes de presse », réplique le président du syndicat Diaa Rachwane. « Celle-ci a besoin d’une loi afin de la contrôler », précise Rachwane. Le syndicat des Journalistes semble peu apte à accepter l’adhésion de nouveaux membres en dehors de la presse écrite. L’assemblée générale des journalistes a déjà refusé l’idée d’accorder l’affiliation aux journalistes non membres, dont le nombre varie, selon les estimations, entre 10 000 et 13 000, soit le double des journalistes syndiqués. « C’est un refus d’ordre économique », croit Khaled Al-Balchi, membre du Conseil du syndicat et fondateur du journal numérique Al-Bidaya. Il parle des allocations qu’accorde le syndicat à ses membres et qui représentent déjà un fardeau. Selon lui, cette situation n’a pas empêché le syndicat d’intervenir en faveur de ces journalistes dans certains cas d’arrestations ou de meurtres.
Al-Balchi, qui était aussi rédacteur en chef du journal en ligne Al-Badil, pense que la solution passe par la création d’un syndicat particulier pour les journalistes de la presse numérique. « Un syndicat pour la presse électronique, un autre pour l’audiovisuel, en plus de la presse écrite, qui formeraient plus tard une union syndicale des médias ». Quelques initiatives ont été faites dans ce sens, mais aucune n’a vu le jour .
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