Magdi Abdel-Hamid, président de l’Association de la promotion de la participation communautaire.
Al-Ahram Hebdo : En quoi les procédures de supervision du scrutin sont-elles différentes cette fois-ci ?
Magdi Abdel-Hamid: Nous avançons sur le même rythme. Les ONG ont fourni à la Commission électorale les documents requis, les noms et les photos des observateurs et nous sommes dans un état d’attente.
Nous exigeons toujours que la commission nous livre l’accréditation suffisamment de temps avant le scrutin, pour pouvoir les distribuer dans les différents villes et villages. Mais nous voilà moins d’une semaine avant l’élection, et rien ne nous a été livré! La commission nous tend le même piège qu’auparavant et veut créer la confusion dans la surveillance.
— Comment la commission justifie-t-elle ce retard ?
— C’est la même procrastination. Le secrétaire général de la commission, la seule personne que nous pouvons contacter, ne donne pas de réponses et parle encore de procédures. Juste des paroles! Et les méthodes bureaucratiques restent inchangées. Il n’y a même pas de correspondance officielle. Quand on écrit à la commission, elle ne répond que verbalement.
— Si c’est le même système qu’avant, à quoi vous attendez-vous le jour du scrutin ?
— On attend de voir si le processus de suivi sera modifié ou demeurera identique aux élections précédentes. Certains juges autorisent les observateurs, certains permettent l’observation pour un nombre limité de minutes, d’autres se comportent comme ils veulent et font expulser les observateurs ou ne les autorisent tout simplement pas à entrer dans les bureaux de vote. Beaucoup ne laissent pas les ONG participer au dépouillement.
Certains juges et conseillers croient qu’ils ne doivent pas être soumis à un contrôle. C’est qui cette société civile qui m’observe? doivent-ils se demander, oubliant que le processus électoral est une affaire administrative et n’est pas une cour de justice.
— La loi n’autorise les observateurs qu’à rester une demi-heure dans les bureaux de vote...
— La loi détermine la présence des observateurs pour une demi-heure. Officiellement, ils ont le droit d’entrer plusieurs fois, avec l’ouverture des bureaux, au milieu de la journée par exemple, pour suivre le déroulement du vote, et à la fin, s’ils le veulent. La loi aussi nous donne le droit d’assister au dépouillement, mais le comportement des juges était l’élément dominant dans toutes les élections précédentes.
— Les ONG supervisent l’ensemble du processus. Déjà, qu’avez-vous à dire ?
— Notre rôle commence à partir de l’inscription des électeurs jusqu’au jour de l’élection. Il y a déjà des infractions qui ont été repérées. Je parle de l’incident célèbre de la distribution par l’équipe de campagne d’un des candidats d’ampoules à basse consommation. C’est de la subornation d'électeurs tout comme l’huile et le sucre qui étaient distribués par les Frères. Nous surveillons aussi la performance des médias et avons trouvé que certains médias sont biaisés en faveur du candidat de l’Etat.
— Les dépenses des campagnes font-elles parties de votre mandat ?
— Oui, et nous avons noté qu’une des deux campagnes semble dépasser le plafond fixé par la loi. Lorsque la campagne de Sissi annonce la distribution de 300000 ampoules, pour une en moyenne 10 L.E., nous parlons de 3 millions de L.E. ! Le maréchal se déplace par avion, est-ce que ces coûts entrent dans les dépenses de la campagne? Dans tous les cas, la loi actuelle n’est pas un moyen de dissuasion. Le texte n’impose que des amendes dérisoires.
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