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Electricité : L’inéluctable hausse

Aliaa Al-Korachi, Dimanche, 27 avril 2014

« L’Egypte veut augmenter les tarifs d’électricité pour 20% de sa population, qui représentent les catégories les plus riches et ce, avant l’élection présidentielle prévue fin mai. Le pays n’a pas de temps à perdre », avait déclaré Achraf Al-Arabi, ministre du Plan, en marge des réunions du FMI à Washington. Cette déclaration, qui ne précise ni le volume de l’augmentation ni les critères sur lesquels ces 20% seront choisis, a soulevé une grande polémique et le Conseil des ministres et le ministère de l’Electricité se sont empressés de nier toute augmentation des prix par la voix de leurs port-parole. « La question est en cours d’étude et la tarification actuelle n’a pas changé ». Le dernier changement dans les prix de l’électricité date de janvier 2013, avec une augmentation de 7,5 % appliquée sur les 5 tranches de consommation.

Selon Hassan Mokhtar, ex-président de la compagnie Delta du sud pour la distribution de l’électricité, une révision à la hausse des tarifs de l’électricité est inéluctable pour faire face à la pénurie chronique de la production de l’électricité. Une crise due essentiellement, selon lui, au fossé qui ne cesse de s’élargir entre le coût de production et les prix de vente de l’électricité. Le coût moyen de production de l’électricité par kilowatt est de 0,45 L.E., tandis que le prix moyen de vente est de 0,22 L.E. La classe la plus riche de la population engloutit 35% des subventions de l’électricité (18 milliards de L.E.), selon une déclaration récente du ministère de la Solidarité sociale.

Mokhtar estime que l’augmentation attendue devrait concerner uniquement les deux dernières tranches, dont la consommation est supérieure à 650 kilowatts par mois. « Augmenter les prix peut inciter les ménages à réduire leur consommation », dit-il. Pour l’économiste Fakhry Al-Fiqi, tous les fonds qui entreraient dans les caisses du ministère de l’Electricité, résultant d’une augmentation des tarifs, seront destinés à rembourser les dettes que le ministère de l’Electricité doit à celui du Pétrole et qui ont dépassé les 60 milliards de L.E.

L’économiste Abdel-Khaleq Farouq dénonce pourtant une « manipulation » à la quelle le ministère de l’Electricité a recours à chaque fois qu’il veut faire passer de nouveaux tarifs, et ceci à travers sa définition des « riches consommateurs ». « Selon le système de classification du ministère de l’Electricité, un seul kilowatt de plus dans la consommation peut faire changer au consommateur de couche sociale et celui-ci se trouve obligé de payer une facture exorbitante », dit Farouq. Et d’ajouter : « La multiplication des appareils électriques dans chaque maison n’est pas forcément un indice de richesse. Consommer aujourd’hui plus de 650 kw par mois n’est pas signe d’aisance ». L’économiste n’exclut pas que l’augmentation soit appliquée dès le mois courant, puisque le facteur surprise est une stratégie que le ministère de l’Electricité a adoptée au cours des 10 dernières années. « C’est uniquement à deux reprises, en 2008 et 2013, que le ministère a annoncé officiellement l’augmentation des tarifs. Les autres augmentations sont passées discrètement », dit-il.

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