« Aucune augmentation ne sera appliquée sur le carburant pour le moment », lance paradoxalement le ministre du Plan Achraf Al-Arabi, sans plus de détails. Jusque-là ce sont juste des fuites d’informations qui parlent d’un plan « surprise » pour les prix de l’essence. Selon des sources anonymes au ministère du Pétrole, cette augmentation permettra une amélioration de la qualité de l’essence 80 en essence 85 et dont le prix sera fixé à 1,85 L.E. pour le litre. Le prix de l’essence 92 passera de 1,85 L.E. à 2,95 L.E. pour le litre. Selon l’expert économique Fakhry Al-Fiqi, cette première phase d’augmentation va économiser environ 4 milliards de L.E. « Le plan du gouvernement vise à économiser grâce à cette première phase un total de 10 milliards de L.E., à travers les augmentations sur le gaz, le carburant et l’électricité».
Selon les spécialistes, plus de 80% du total des subventions sur le carburant, soit 20 milliards de dollars, ne vont pas à ceux qui les méritent, mais aux classes les plus aisées. Pour Omar El-Shenety, directeur de Multiple Group pour l’investissement, cette augmentation qui devra se faire graduellement est indispensable en plein crise de carburant.
Les subventions sur les carburants en Egypte absorbent 22% du budget annuel de l’Etat. « Il est vrai que le secteur automobile concerne en grande partie les classes les plus aisées, qui peuvent se payer une voiture. Mais il est aussi nécessaire, si le gouvernement veut réaliser la justice sociale, de fixer un tarif réduit pour les moyens de transport public pour éviter une colère populaire», dit-il. Et d’ajouter: « Les plus grandes hausses doivent être appliquées sur les tranches les plus élevées ». Les subventions sur le carburant contribuent à modérer les prix pour les pauvres, notamment dans les secteurs de la production alimentaire et des transports. Le gouvernement est conscient que toute atteinte à ces subventions risque de provoquer des troubles sociaux semblables aux « émeutes du pain » de 1977 en Egypte.
Selon un nouveau système que le gouvernement cherche à mettre en place, chaque propriétaire d’un véhicule aura droit à un quota d’essence ou de diesel subventionné, qu’il obtiendra via une carte dite « intelligente ». Toute consommation supplémentaire sera payée plus cher. Pour contrôler les subventions accordées au carburant, le gouvernement a déjà distribué plus de 2,5 millions de cartes sur un total de 5 millions, qui permettront selon lui d’éliminer de 15 à 20% du marché noir. « Cette affaire de cartes à puce n’a jamais été clairement expliquée par le gouvernement, une certaine ambigüité reste indéchiffrable», conclut El-Shenety .
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