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Gaz : Les citoyens seront les premiers à payer

Chaïmaa Abdel-Hamid, Dimanche, 27 avril 2014

Dans le cadre d’un plan visant à supprimer progressivement les subventions sur les hydrocarbures, le gouvernement vient d'annoncer une augmentation des prix du gaz. L’essence et l’électricité devraient suivre.

gaz
Les foyers consomment 3% seulement du total du gaz vendu en Egypte.

Le premier ministre, Ibrahim Mahlab, vient de décider une augmentation du prix du gaz naturel vendu aux particuliers et commerces. Cette décision doit être appliquée dès le premier mai et fixe de nouvelles tranches de paiement. Ainsi, la consommation allant jusqu’à 25 m3 de gaz passe de 10 à 40 piastres par m3, une nouvelle tranche de100 piastres par m3 est ajoutée pour une consommation allant de 25 à 50 m3, alors qu’un m3 passe de 100 à 150 piastres lorsque la consommation dépasse 50 m3. Omar El-Shenety, directeur de Multiple Group pour l’investissement, pense que « cette augmentation du prix du gaz est sans doute nécessaire, elle a même beaucoup tardé. Cependant, le fait qu’elle soit prise par un gouvernement intermédiaire et en l’absence d’un Parlement élu lui confère un caractère politique plus qu’économique ».

Le prix du gaz en Egypte compte parmi les plus bas au monde, et le gouvernement, à court d’argent, dépense plus d’un cinquième de son budget pour maintenir son prix. Bien que les gouvernements successifs aient appelé à une réforme, aucun n’a osé imposer de fortes hausses de prix de peur de susciter des troubles sociaux. Pour Fayçal Aboul-Ezz, directeur de la Compagnie Gaz d’Egypte, le prix du gaz naturel vendu aux particuliers n’a pas changé depuis 1981. Et 20% de la population, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ne seront pas touchés par cette décision car ils ne disposent pas de ce service.

Selon le plan gouvernemental, qui devra être appliqué sur trois à cinq ans, une augmentation annuelle sera appliquée sur ce secteur subventionné de 8 milliards de L.E. Ces mesures visent, en réalité, à alléger le déficit budgétaire. Une politique déjà envisagée par le gouvernement d’Ahmad Nazif sous Hosni Moubarak, et qui était sollicitée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Elle consiste à alléger le fardeau des dépenses publiques, notamment les subventions.

Des déclarations officielles du ministre du Plan, Achraf Al-Arabi, assurent qu’un milliard de L.E. sera économisé avec ces nouveaux tarifs. Une partie de cet argent sera alors reversée aux plus pauvres et dans des projets d’infrastructure. C’est du moins ce qu’affirme le gouvernement pour réaliser la justice sociale mais sans donner plus de détails.

Décision critiquée

Pourtant, selon les experts économiques, cette somme engendrée par la hausse des prix reste très dérisoire. La consommation des foyers ne dépasse pas 3% du total du gaz vendu en Egypte, et il était ainsi plutôt rentable pour le gouvernement de se tourner vers d’autres secteurs pouvant apporter plus d’argent. L’expert économique, Fakhry Al-Fiqi, critique ainsi cette augmentation, car : « Elle n’est pas rentable etne couvrira pas le déficit budgétaire. De plus, cette hausse n’annule pas les subventions puisque le prix du gaz payé après l’augmentation n’atteint que 20 % du prix international ».

Les usines qui utilisent la grande partie du gaz naturel du pays, toujours à prix subventionné, ne seront pas touchées par la décision du gouvernement. Al-Fiqi explique : « Il est indéniable qu’une augmentation du prix du carburant accordé aux usines aura beaucoup plus d’influence sur la baisse des subventions. Mais le gouvernement a peur de perdre des investisseurs, vu que le prix du gaz fourni aux usines a été augmenté durant ces dernières années ».

En 2012, le prix du gaz naturel utilisé par les industries lourdement consommatrices d’énergie est passé de 3 à 4 dollars par MutB, réalisant une économie de 2,5 milliards de L.E. en subventions.

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