Dotée d’importantes réserves de minerai d’uranium, l’Egypte dispose aujourd’hui de deux réacteurs nucléaires expérimentaux. Le plus ancien a été construit en 1958, par l’ex-Union soviétique. Et depuis, plusieurs projets pour développer ce genre d’énergies à des fins pacifiques sont apparus avant de retrouver leur place dans les tiroirs, et l’Egypte n’a encore jamais produit d’électricité issue de l’énergie nucléaire.
En 1986, l’Egypte a mis son programme nucléaire en attente après la catastrophe de la centrale de Tchernobyl en Ukraine. 25 ans plus tard, une relance annoncée du programme a été aussi mise en attente, à cause de l’instabilité politique et de l’insécurité qui ont suivi la révolution du 25 janvier 2011. « En effet, le débat sur l’énergie nucléaire est plutôt un débat politique. Le défi réside dans la volonté des autorités politiques à prendre des mesures concrètes pour rendre ces projets nécessaires opérationnels », précise Atef Abdel-Hamid, président de l’Organisme égyptien de l’énergie atomique.
Le plus important de ces projets est celui de la construction d’une centrale nucléaire à Dabea, dans le désert à l’ouest d’Alexandrie, non loin de la frontière libyenne. Le gouvernement égyptien affirme que les experts de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) ont confirmé que le site de Dabea est conforme aux normes internationales et l’ont reconnu adéquat pour la construction d’une centrale nucléaire. Cette centrale, qui dispose de deux unités, sera un réacteur à eau pressurisée d’une capacité de 950 à 1 650 mégawatts. « La centrale de Dabea, si elle est construite, produira plus d’électricité que le barrage d’Assouan », précise Ahmad Al-Qadi, ancien président du Conseil national supérieur pour l’énergie. Le barrage d’Assouan, construit en 1960, est d’une capacité de 340 mégawatts, et a augmenté en 1985 de 270 mégawatts.
Le projet, destiné à répondre à des besoins énergétiques en forte croissance, a été ravivé en 2012 par le président Mohamad Morsi, avant d’être mis en veilleuse au lendemain de sa destitution. Puis, sous le régime actuel, le comité égyptien de coordination pour l’énergie nucléaire a annoncé son intention de relancer le projet. Mais dans une situation sécuritaire instable, le projet a été de nouveau gelé, et un appel d’offres international, initialement prévu en janvier dernier, n’est pas encore lancé.
Autre cause de complication du projet de Dabea: les habitants de la région entourant le terrain de la centrale. Le projet suscite une forte opposition locale, et les habitants qui refusent la construction de ce projet ont bloqué le chantier à plusieurs reprises et ont détruit une partie des installations techniques. Des affrontements ont ainsi eu lieu entre les habitants et la police militaire en janvier 2012.
Les craintes sont multiples: les impacts environnementaux, sanitaires, les implications socioéconomiques, les coûts, les risques. « La décision de construire la centrale d’Al-Dabéa est fondée sur un rapport établi par une équipe d’experts internationaux. Les Etats-Unis et les pays européens n’ont aucune objection au développement d’un secteur énergétique d’origine nucléaire en Egypte, qui est déjà membre du Traité de non-prolifération nucléaire », défend Atef Abdel-Hamid. Néanmoins, personne n’est en mesure de dire quand l’Egypte relancera son programme nucléaire gelé depuis 30 ans.
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