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Nucléaire  : le projet en éternel sursis

Amira Samir, Lundi, 07 avril 2014

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Dotée d’importantes réserves de minerai d’uranium, l’Egypte dispose aujourd’hui de deux réacteurs nucléaires expérimentaux. Le plus ancien a été construit en 1958, par l’ex-Union soviétique. Et depuis, plusieurs projets pour développer ce genre d’énergies à des fins pacifiques sont apparus avant de retrouver leur place dans les tiroirs, et l’Egypte n’a encore jamais produit d’électricité issue de l’énergie nucléaire.

En 1986, l’Egypte a mis son programme nucléaire en attente après la catastrophe de la centrale de Tchernobyl en Ukraine. 25 ans plus tard, une relance annoncée du pro­gramme a été aussi mise en attente, à cause de l’instabilité politique et de l’insécurité qui ont suivi la révolution du 25 janvier 2011. « En effet, le débat sur l’énergie nucléaire est plutôt un débat politique. Le défi réside dans la volonté des autorités politiques à prendre des mesures concrètes pour rendre ces projets nécessaires opérationnels », précise Atef Abdel-Hamid, président de l’Organisme égyptien de l’éner­gie atomique.

Le plus important de ces projets est celui de la construction d’une centrale nucléaire à Dabea, dans le désert à l’ouest d’Alexandrie, non loin de la frontière libyenne. Le gouver­nement égyptien affirme que les experts de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) ont confirmé que le site de Dabea est conforme aux normes internatio­nales et l’ont reconnu adéquat pour la construction d’une centrale nucléaire. Cette centrale, qui dispose de deux unités, sera un réacteur à eau pressurisée d’une capacité de 950 à 1 650 mégawatts. « La centrale de Dabea, si elle est construite, produira plus d’électricité que le barrage d’As­souan », précise Ahmad Al-Qadi, ancien président du Conseil national supérieur pour l’énergie. Le barrage d’As­souan, construit en 1960, est d’une capacité de 340 mégawatts, et a augmenté en 1985 de 270 mégawatts.

Le projet, destiné à répondre à des besoins énergétiques en forte croissance, a été ravivé en 2012 par le président Mohamad Morsi, avant d’être mis en veilleuse au lendemain de sa destitution. Puis, sous le régime actuel, le comité égyp­tien de coordination pour l’énergie nucléaire a annoncé son intention de relancer le projet. Mais dans une situation sécu­ritaire instable, le projet a été de nouveau gelé, et un appel d’offres international, initialement prévu en janvier dernier, n’est pas encore lancé.

Autre cause de complication du projet de Dabea: les habi­tants de la région entourant le terrain de la centrale. Le projet suscite une forte opposition locale, et les habitants qui refu­sent la construction de ce projet ont bloqué le chantier à plusieurs reprises et ont détruit une partie des installations techniques. Des affrontements ont ainsi eu lieu entre les habitants et la police militaire en janvier 2012.

Les craintes sont multiples: les impacts environnemen­taux, sanitaires, les implications socioéconomiques, les coûts, les risques. « La décision de construire la centrale d’Al-Dabéa est fondée sur un rapport établi par une équipe d’experts internationaux. Les Etats-Unis et les pays euro­péens n’ont aucune objection au développement d’un sec­teur énergétique d’origine nucléaire en Egypte, qui est déjà membre du Traité de non-prolifération nucléaire », défend Atef Abdel-Hamid. Néanmoins, personne n’est en mesure de dire quand l’Egypte relancera son programme nucléaire gelé depuis 30 ans.

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