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La campagne de Hamdine Sabahi appelle à la neutralité des institutions publiques et demande d’assurer à notre candidat la même chance accordée au maréchal Abdel-Fattah Al-Sissi à la télévision publique », lance l’ambassadeur Maassoum Marzouq, directeur de campagne, quelque peu après l’apparition de Sissi, qui a annoncé sa démission de l’armée dans un discours transmis par la télévision publique, dans la soirée du mercredi dernier.
Sabahi, candidat à la présidentielle, a félicité Al-Sissi pour sa candidature, mais les membres de sa campagne ne cachent pas leur colère. Selon eux, rien n’explique cette propagande qui a précédé le discours de Sissi, qui portait un uniforme militaire alors qu’il a démissionné de son poste de ministre de la Défense. « Il doit être considéré comme un candidat parmi d’autres. Si la télévision publique a décidé de lui attribuer plus d’un quart d’heure pour annoncer sa candidature et les grandes lignes de son programme, elle doit faire de même avec Hamdine, surtout qu’il a annoncé sa candidature bien avant Sissi », affirme Héba Yassine, attachée de presse de la campagne.
Le lendemain, la télévision diffuse deux rapports dans le journal télévisé: le premier sur l’ex-ministre de la Défense, et le second sur l’ex-candidat à la présidentielle. « Ce comportement est apprécié, mais cela n’empêche pas que nous n’allons pas renoncer au droit de notre candidat d’apparaître sur la télévision publique et à 21h, heure du journal », dit Yassine.
Un avis que partage Hossam Moënes, porte-parole de la campagne, qui souligne que les chaînes privées mènent déjà une campagne acharnée de diffamation contre Sabahi. D’ailleurs, le bureau de campagne a porté plainte contre plusieurs présentateurs de télévision. « Si la loi électorale ne peut contrôler ces chaînes privées, que les chaînes publiques gardent au moins leur neutralité », dit-il. En effet, selon la loi électorale, seules les chaînes publiques sont tenues de conserver leur neutralité, alors qu’aucune loi ne régit la couverture des télés privées.
Les médias publics ne sont pourtant pas les seuls pointés du doigt. La police cible les partisans de Sabahi. « Nos partisans sont souvent arrêtés alors qu’ils circulent avec des posters de soutien. Une manière de nous terroriser. En revanche, personne ne s’approche des marches du soutien à Sissi », ajoute Moënes. Deux membres de la campagne, Moustapha Abou-Ghanima et Ayman Abdel-Salam ont été arrêtés à Béni-Soueif. Le premier a été relâché et le second toujours en détention.
Une réelle crainte de partialité existe. Déjà, la campagne de Sissi rassemble des hommes-clés du pouvoir actuel, à l’instar de Moustapha Hégazi, actuel conseiller politique du président de la République, et le ministre de la Jeunesse, Khaled Abdel-Aziz. « On attend que les noms des membres de la campagne de Sissi soient dévoilés officiellement pour exiger l’abandon de leurs postes. Autrement, ils violeraient ainsi la loi du travail et la Constitution qui interdisent la participation d’un responsable étatique à une activité alors qu’il est en poste », note Moënes. Selon l’article 42 de la loi sur l’exercice des droits politiques, aucun fonctionnaire politique ni administratif ne peut faire partie de la campagne électorale d’un candidat.
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