Abdel-Moneim Aboul-Foutouh, ancien candidat, sera-t-il le cheval noir s'il se présente de nouveau à la présidentielle ? (Photo : AP)
Les partis et mouvements islamistes se trouvent dans une situation de flou total. Un contexte dû en grande partie à la crise qui a secoué leurs rangs depuis la destitution de Mohamad Morsi en juillet 2013, suivie par une chasse policière.
Le principal parti islamiste, le Parti Liberté et Justice (PLJ), pourrait facilement boycotter la présidentielle de 2014 à l’instar du dernier référendum. Ce parti avait pourtant remporté les élections législatives et la première élection présidentielle démocratique depuis la révolution du 25 janvier qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak. Réunis au sein de ladite « Coalition du soutien à la légitimité » avec d’autres partis islamiques modérés ou non mais pro-Morsi, ils auront certes un rôle à jouer. Opposés à la candidature du ministre de la Défense, le général Abdel-Fattah Al-Sissi, les partisans du président destitué se mobilisent quasi-quotidiennement dans différents gouvernorats pour réclamer « le retour » au pouvoir du « président élu ».
Et pourtant des rumeurs courent que les Frères et leurs alliés vont soutenir le général Sami Anan, ancien chef d’état-major des forces armées, aux élections. C’est du moins ce qu’affirme Yasser Borhami, vice-président de la Daawa salafia, rival des Frères. « Ce sont des rumeurs absolument infondées. Il est trop tôt pour parler de la présidentielle. Personne ne peut décider si nous allons participer au scrutin ou le boycotter », affirme Alaa Aboul-Nasr, membre de la Coalition du soutien à la légitimité et secrétaire général du parti de la Construction et du développement, branche politique de la Gamaa islamiya.
Ainsi, pour les Frères et les partis de la coalition, les scénarios possibles sont soit le boycott, soit l’alliance avec d’autres partis, une chose pas encore garantie. Le défi majeur pour eux serait de présenter un candidat propre à la confrérie (aujourd’hui classée organisation terroriste par le gouvernement). Mais tout comme l’ex-président Morsi, plusieurs responsables de son administration et des membres de haut rang des Frères musulmans sont actuellement incarcérés ou jugés et doivent notamment répondre à des accusations « d’espionnage au profit d’organisations étrangères ». Avec la répression qui la frappe depuis juillet dernier, la confrérie traverse, effectivement, une des épreuves les plus dures depuis sa création en 1928, ce qui rend sa participation avec son propre candidat très compliquée.
Simultanément, L’Egypte forte, parti fondé par l’ancien candidat à la présidentielle Abdel-Moneim Aboul-Foutouh connu pour avoir ouvertement milité contre le président destitué, s’inquiète aujourd’hui du pouvoir croissant des militaires et ne s’est pas encore positionné. « Le parti n’a pas encore décidé si on participera à cette importante échéance, la boycotter ou chercher une alliance avec d’autres partis », indique Mohamad Abbas, membre du parti. Mais si la décision est positive, « le parti peut présenter un autre candidat si Aboul-Foutouh décide de ne pas se présenter ». En cas d’absence d’un candidat représentant officiellement les Frères musulmans et leurs alliés, Aboul-Foutouh, ancien membre de la confrérie, et qui avait appuyé initialement la feuille de route du général Al-Sissi, pourra recueillir les voix islamiques. Pourtant, diverses forces qui avaient soutenu sa candidature en 2012, dont le parti salafiste Al-Nour, affirment aujourd’hui vouloir soutenir Al-Sissi, s’il se présente.
Borhami a laissé entendre qu’il ne partageait pas l’idée d’un candidat unique du courant islamiste, en annonçant implicitement son soutien à la candidature du ministre de la Défense y voyant « le président fort dont a besoin l’Egypte en cette phase critique pour rétablir l’ordre, combattre le terrorisme et relancer l’économie ».
Pourtant, Chaaban Abdel-Alim, un leader du parti Al-Nour, branche politique de l’Appel salafiste et partenaire de la feuille de route du 3 juillet, affirme que son parti attend la liste finale des candidats à la présidentielle pour décider.
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