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Les révolutionnaires encore indécis

Chaïmaa Abdel-Hamid, Lundi, 27 janvier 2014

Les révolutionnaires se disent sur le point de former une coalition chargée de nommer un candidat à l'élection présidentielle. Leur mission sera toutefois délicate.

Election présidentielle
Des forces révolutionnaires ont lancé la campagne « Candidat de la révolution » pour soutenir la candidature de Hamdine Sabbahi.

Auteurs de la révolution qui a évincé Hosni Moubarak en 2011, les mouvements révolution­naires semblent quasiment absents aujourd’hui, fragilisés par 3 années de lutte. Le Courant populaire, le 6 Avril, la campagne Khaled Ali, les communistes révolutionnaires parmi d’autres n’ont plus la cote.

Pour la grande majorité d’entre eux, il est encore tôt pour lancer les préparatifs de la prési­dentielle ; et ils attendent l’annonce officielle de la date du scrutin. C’est ce qu’affirme Hossam Moenes, porte-parole du Courant populaire : « Nous ne voulons pas commettre les mêmes erreurs qu’après le 25 janvier 2011. Nous allons attendre le bon moment pour entamer les prépa­ratifs. Nous allons attendre de voir qui se pré­sentera et le programme proposé. Jusque-là, nous estimons que Hamdine Sabbahi est le plus convenable ».

Un avis que partage Héba Yassine, porte-parole médiatique du courant, qui affirme que le mouvement entamera une campagne de sensibi­lisation dans les différents gouvernorats pour tenter de gagner la confiance de la rue : « Les Egyptiens ne nous connaissent pas suffisam­ment. Le courant était noyé dans une guerre contre les injustices de Morsi et n’a pas eu suf­fisamment de temps pour travailler dans la rue. On doit passer par cette phase avant de com­mencer les préparatifs pour la présidentielle. On a encore le temps ».

Entre-temps, une coalition rassemblant diffé­rents mouvements et courants des jeunes du 25 janvier est en train de se former pour définir le programme du « Candidat de la révolution ». A ce jour, cette coalition devrait rassembler les socialistes révolutionnaires, le mouvement du 6 Avril, le Courant populaire entre autres. « Nous ne cherchons pas tel ou tel candidat, mais plutôt le programme qu’il va présenter. Nous allons nous unir autour d’un programme et ensuite chercher la personne susceptible de l’appli­quer », précise Moenes.

Certaines conditions sont déjà déterminées par le camp des révolutionnaires comme l’explique Moenes. « Le candidat de la révolution doit jouir d’un consensus populaire, répondre aux revendications de la révolution et relancer la justice contre le régime de Moubarak, le Conseil militaire et Morsi. Il doit aussi être civil ». Il ajoute : « Ce n’est pas la dualité militaire ou civile, l’essentiel est que le candidat présente un programme applicable pour réaliser les reven­dications de la révolution ».

« Plus de place pour les militaires »

Mais tous les mouvements ne voient pas l’af­faire du même oeil. « Il n’y a plus de place pour les militaires et leurs dictatures. Il est temps qu’un civil révolutionnaire prenne leur place au pouvoir », explique l’activiste Malek Adli, membre de la campagne de l’ancien candidat présidentiel Khaled Ali qui croit que même une figure comme Sabbahi ne représente pas le camp révolutionnaire. « Toute personne ayant pris le camp de l’armée et déclaré son soutien pour un nouveau pouvoir militaire ne représente plus notre camp. Avec le temps on découvre ces personnes comme on a dévoilé les Frères ».

Les socialistes révolutionnaires, eux aussi, insistent sur le fait de ne soutenir qu’un candidat civil. « Il serait dupe de croire qu’un militaire pourrait garantir les revendications de la révo­lution », note Hicham Fouad, membres des socialistes révolutionnaires, qui ont entamé une campagne appelant Al-Sissi à ne pas se présen­ter aux élections.

Leur chance de remporter la présidentielle reste pourtant minime, voire impossible devant la potentielle candidature d’Al-Sissi. « On a peu de chance. Pas parce qu’on est faible, mais les figures de la révolution du 25 janvier sont expo­sées à une campagne de diffamation de la part des médias pro-armée, sans compter les cam­pagnes d’arrestations contre les activistes. Comment voulez-vous avec cette répression qu’on mène une campagne dans la rue ? On sera soit chassés par les pro-Sissi, soit arrêtés par la police », s’indigne Fouad.

Malek Adli, lui, est plus optimiste : « Un grand nombre d’Egyptiens ne veulent plus d’un président militaire ». Pour lui, il faut attendre que les campagnes présidentielles soient lan­cées, pour mesurer le vrai poids du candidat militaire face à un révolutionnaire.

Si les forces révolutionnaires attendent le bon moment pour commencer un travail sérieux pour la présidentielle, Amr Badr, lui, a décidé de geler son adhésion au Courant popu­laire (celui de Hamdine Sabbahi) pour com­mencer sa campagne « Candidat de la révolu­tion » pour soutenir paradoxalement Sabbahi. Il a déjà tenu des conférences, des meetings et visité des universités pour contacter les jeunes et les inciter à soutenir les revendications de la révolution. « Nous avons commencé notre campagne pour Sabbahi, mais si la coalition (en préparation) choisit un autre candidat nous ne nous y opposerons pas ».

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