Vêtues en noirs, photos de leurs fils et filles en main, les familles de martyrs se sont rassemblées samedi dernier devant la Cour d’Alexandrie, dans l’attente du verdict contre les meurtriers des manifestants de la révolution du 25 janvier 2011. A ce jour, ils ont presque tous été acquittés. Déjà, en septembre dernier, la Cour d’assises de Suez a acquitté tous les accusés dans le procès de meurtre des manifestants lors de la révolution du 25 janvier dans cette ville du Canal. Il s’agissait de 14 accusés, dont l’ancien directeur de la sécurité de Suez, Mohamad Abdel-Hadi, et d’autres officiers de police. De même ont été acquittés les policiers accusés de mêmes faits au Caire, à Port-Saïd, à Damiette, à Tanta et autres. Quant au procès de Moubarak et son fils, il est reporté au 8 février, et leur acquittement n’est pas non plus lointain, comme l’affirme Mohamad Zare, membre de l’Organisation égyptienne des droits de l’homme et avocat de 550 familles de martyrs et blessés de la révolution.
L’ex-président égyptien, en liberté conditionnelle depuis le 22 août dernier, est accusé d’être impliqué dans la mort de plus de 800 manifestants tués lors du soulèvement contre son régime en 2011. Il est soupçonné d’avoir donné l’ordre à la police de tirer sur les manifestants. La mort de centaines de personnes au cours de la révolution de janvier 2011 en Egypte est le seul chef d’accusation contre lui.
En juin 2012, Moubarak est condamné à perpétuité dans cette affaire. Il fait appel et le procès est toujours en cours. Selon Zare, « toutes les preuves ont été détournées devant le tribunal, et ainsi tous les coupables sont acquittés ». De toute façon, le dossier des martyrs de la révolution « n’est plus qu’un slogan lancé par les dirigeants successifs depuis la chute de Moubarak », ajoute-t-il.
Morsi, lors de sa campagne électorale en 2012, avait promis de répondre aux revendications de la révolution et de poursuivre en justice les coupables de la violence, mais sous sa présidence, le nombre de martyrs n’a fait qu’augmenter. Même après la destitution de Morsi, le gouvernement actuel n’a pas fait mieux. Le nombre de martyrs continue à augmenter. « Chaque jour, et à la moindre confrontation avec la police, des jeunes perdent leur vie. Aujourd’hui, il nous est impossible, en tant qu’ONG ou même en tant qu’avocats, de connaître le nombre exact des martyrs. Si on parlait de 365 martyrs en 25 janvier (selon les chiffres du ministère de la Santé), ce chiffre s’est multiplié aujourd’hui », explique Zare. Le Réseau arabe pour les informations des droits de l’homme compte, lui, 841 morts durant les 18 jours de la révolution, 215 sous le Conseil militaire et 154 sous Morsi.
Selon le Conseil national de la protection des blessés et des martyrs de la révolution, certains gestes ont été faits en faveur des familles des martyrs et blessés de la révolution tels qu’un emploi, un salaire mensuel ou un logement pour ceux qui en ont besoin. « Des aides qui ne sont fournies qu’à un nombre très limité lors de telle ou telle occasion, comme une propagande des différents gouvernements. Mais aucun de leurs droits n’a, au vrai sens du terme, été assuré par l’Etat, qui examine encore qui est le martyr et qui ne l’est pas », conclut Zare.
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