Discuter du programme nucléaire iranien et trouver une solution à la crise syrienne sont deux dossiers qui semblent être étroitement liés. L’avenir de la crise en Syrie, particulièrement épineuse, semble plus que jamais tributaire des négociations entre Téhéran et l’Occident. «
L’accord permettrait de régler d’autres dossiers dans la région. La crise syrienne n’était pas au coeur des négociations, mais elle a été largement abordée lors de discussions parallèles. Il y a une réelle volonté américaine de mettre fin au conflit syrien. Du moins, c’est ce que nos représentants ont compris », a expliqué une source officielle à Téhéran.
Mais « qui de l’Iran ou de l’Occident influencera l’autre ? Cela reste à voir », affirme avec prudence Monzer Akbik, chef du cabinet d’Ahmad Jarba, chef de la Coalition Nationale Syrienne, principale plateforme d’opposition au régime de Bachar Al-Assad. L’Iran est soupçonné d’être un acteur majeur du conflit en cours en Syrie. C’est l’allié indéfectible qui soutient financièrement et militairement l’armée de Bachar Al-Assad contre les opposants et les combattants de l’armée libre. En plus, des responsables iraniens de la force Al-Qods (troupes de choc des Gardiens de la révolution iranienne) servent de conseillers aux combattants du Hezbollah en Syrie.
En effet, les analystes s’opposent sur les implications que pourrait avoir l’accord conclu sur le nucléaire iranien sur le conflit en Syrie. Si le dossier iranien est indépendant de celui de la Syrie, l’inverse n’est pas vrai. Certains affirment que le régime de Bachar est l’un des gagnants de cet accord. « Le réchauffement entre Washington et Téhéran n’aura pas d’impact immédiat sur la crise en Syrie. Mais l’accord se traduit par davantage de liberté de l’Iran dans la région. En conséquence, Téhéran va poursuivre son soutien au régime syrien », explique Mohamad Abdel-Qader, expert au CEPS d’Al-Ahram. Et d’ajouter : « Le scénario le plus plausible en Syrie serait une poursuite des combats, voire une accentuation des violences. Cet accord a donné à Bachar l’espoir que son régime continuera au pouvoir ». La tension sur le sol syrien risque donc de s’exacerber.
D’autres analystes voient que l’accord va, en revanche, précipiter le processus de résolution du conflit, même si la nature de la solution est encore incertaine. Il peut donc initier une dynamique diplomatique. Car deux jours après la signature de l’accord cité, le porte-parole du secrétaire général des Nations-Unies déclarait que la conférence Genève-2, de paix sur la Syrie, aura finalement bien lieu le 22 janvier 2014. Cette conférence, dont l’objectif est de mettre fin à plus de 2 ans et demi de guerre civile au travers de la création d’une autorité de transition, a été envisagée, puis reportée à maintes reprises depuis 6 mois. La participation de l’Iran à Genève-2 est encore incertaine, mais on peut la prévoir. La présence de l’Iran à la conférence est, en effet, réclamée par les autorités syriennes, mais refusée par l’opposition. De la part de la communauté internationale, les Russes plaident vigoureusement pour une participation de l’Iran, tandis que les Occidentaux n’y étaient guère favorables. C’est ainsi que l’Iran n’avait pas participé à Genève-1.
La semaine dernière, la Turquie et l’Iran, deux pays qui s’opposent dans le conflit syrien, viennent d’appeler conjointement à un cessez-le-feu en Syrie, pour « mettre un terme au bain de sang syrien ». Pour Téhéran et Ankara, il est hors de question d’attendre l’échéance de la conférence internationale. Cette initiative a fait comprendre aux Américains que si l’Iran fait partie du problème, il pourrait faire partie de la solution.
A croire qu’après avoir trouvé un accord sur le nucléaire iranien, tout devient plus facile avec Téhéran. « Suite à leur intervention armée en Iraq, les Etats-Unis ne peuvent espérer s’en sortir par une nouvelle aventure militaire en Syrie. Ainsi, Obama tente de mettre en place une nouvelle alliance, avec l’Iran et la Russie, pour rétablir un certain équilibre dans la région », souligne Abdel-Qader.
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