Collectant 400 formulaires de parrainage, Al-Katatni a été le premier à avoir déposé sa candidature. « Il n’y a aucune contradiction d’être à la fois président du parti et ex-président du Parlement », lance-t-il, avant de fermer son portable et de s’éloigner, refusant de s’adresser désormais aux journalistes. L’annonce à la dernière minute de Katatni de se porter candidat a provoqué la surprise au sein même du parti. Déjà, deux noms circulaient, Amr Drag, cadre du parti, et Essam Al-Erian, président par intérim.
Le nom de Katatni en tant que candidat ne surgit qu’après une ultime décision de justice rendant caduque l’Assemblée du peuple, privant son président de son poste qui ne dura que 4 mois. Désormais, il paraît le plus chanceux à remporter le siège. N’est-il pas le plus proche des caciques de la confrérie, dont, outre le guide suprême Mohamad Badie, le numéro deux du bureau politique et très influent Khaïrat Al-Chater ?
Ainsi, Al-Katatni ne cessa d’être nommé à différents postes-clés depuis la révolution. En janvier dernier, alors qu’il occupait le poste de secrétaire général du parti, il est élu président du Parlement, puis devient malgré les contestations contre la mainmise des islamistes, le président de la première constituante dissoute. Docteur en microbiologie botanique âgé de 59 ans, Katatni a fait une longue carrière au sein des Frères musulmans. Originaire de Sohag, en Haute-Egypte, il a adhéré à la confrérie en 1981 et fut ensuite élu président du bureau administratif de la confrérie dans le gouvernorat de Minya.
Le grand public fait sa connaissance en 2005, en occupant jusqu’en 2010 le poste du président du bloc parlementaire de la confrérie disposant de 88 sièges à titre indépendant. En 2008, il rejoint le bureau de guidance suite à « des élections complémentaires » qui se sont déroulées en catimini.
En le présentant à ces élections, la confrérie voudrait barrer la route à d’éventuelles divisions qui se seraient déclenchées si Drag et Erian étaient les seuls concurrents. Les connaisseurs disent qu’il est le plus proche à occuper le haut siège de ce parti, sans aucune difficulté.
Jusqu’à l’entrée en scène de Katatni, Al-Erian semblait tout proche du siège du président du Parti Liberté et Justice. Il est président par intérim du parti depuis le départ de Mohamad Morsi pour la présidence de la République. Lorsque le site même du parti des frères l’a présenté une fois en tant que « président du parti », Al-Erian a été obligé de publier une rectification : « Il s’agit d’une erreur commise par un des rédacteurs et une enquête est en cours ».
Beaucoup ont cru qu’Al-Erian va se retirer de la course pour laisser le champ libre à Al-Katatni. Mais Al-Erian ne l’a pas fait. « J’ai consulté ceux dont je respecte les avis et j’ai prié Dieu. J’ai retiré aujourd’hui, à 11h, le formulaire de ma candidature », écrit-il sur son compte Twitter.
Si Katatni a été le premier à retirer les formulaires pour sa candidature, Al-Erian, lui, le devance de par les tournées électorales. Il s’engage à « collecter des recommandations de soutien de tous les gouvernorats ». Et contrairement à Katatni, Erian promet : « Une fois président du parti, je ne vais pas présenter ma candidature pour les législatives ».
Un des fondateurs de la deuxième génération de la confrérie dans les années 1970, Essam Al-Erian est le plus ancien parlementaire Frère musulman au Parlement en 1987. Voire, à l’époque, il était le plus jeune député. Il a passé 11 ans dans les prisons de l’ancien régime pour son appartenance à la confrérie. Il a été à un moment proche du courant réformateur, notamment de l’actuel dissident Abdel-Moneim Aboul-Fotouh, et a été « le visage familier » que la confrérie presse toujours afin de former des coalitions avec les autres forces politiques. Toutefois, Al-Erian n’accède au bureau politique qu’en 2010, après la sortie de Fotouh. Mais il n’a pas toute la confiance des caciques de la confrérie, puisqu’il prônait à un certain moment un discours « moderniste contre le rigorisme de l’ancienne garde ». Les chefs de file du courant réformateur, Aboul-Fotouh et l’ex-numéro deux de la confrérie, Mohamad Habib, écartés, Essam Al-Erian prend vite ses distances avec ces modernistes. Aujourd’hui, il est le conseiller du président de la République et semble bientôt loin d’accumuler un autre poste.
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