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Un arsenal chimique déjà ancien

Héba Nasreddine avec agences, Mardi, 03 septembre 2013

Les Etats-Unis accusent la Syrie d'avoir eu recours à des armes chimiques. L'an dernier, la Syrie a admis en posséder. Pourtant, la nature de cet arsenal continue à soulever des questions.

un arsenal
Au moins 1 300 morts dans une attaque à l'arme chimique survenue le 21 août.

De quelles armes chimiques pourrait disposer la Syrie ?

Sous le régime de Hafez Al-Assad, Damas aurait développé un programme d’armes chimiques secret dans les années 1970. En juillet 2012, le régime de son fils Bachar a admis, pour la première fois, posséder un important arsenal chimique. Les Etats-Unis évoquent le gaz sarin et le gaz moutarde. La CIA estime en outre que la Syrie tente de produire du gaz VX.

Quel est l’impact de ces gaz ?

Le gaz sarin est un puissant neurotoxique, découvert en 1938 en Allemagne. Il fait partie de la dernière génération d’armements chimiques. Il est plus toxique que le cyanure et impossible à détecter en raison de ses propriétés : il est inodore, incolore et sans saveur. Il attaque le système nerveux, provoquant une insuffisance respiratoire, des troubles nerveux et musculaires, une perte de la vision, des vomissements et un coma précédant la mort par arrêt cardio-respiratoire. Il peut tuer en une minute. La dose létale est d’un demi-milligramme pour un adulte. Quand il ne tue pas, il laisse de graves séquelles neurologiques. Le sarin a été classé « arme de destruction massive » et interdit par la résolution 687 des Nations-Unies en 1991.

Le gaz VX est une version dix fois plus mortelle du sarin. Invisible et inodore, les symptômes qu’il provoque rappellent ceux du gaz sarin. Sous forme liquide à température et pression normales, il agit par inhalation ou contact cutané.

Le gaz moutarde est aussi nommé ypérite, en référence à la ville d’Ypres, en Belgique, où il fut pour la première fois utilisé lors de la Première Guerre mondiale, en 1917. Il tire son nom d’une forme impure du produit chimique ayant l’odeur de moutarde. C’est un liquide visqueux, de couleur jaunâtre ou marron, qui inflige de graves brûlures chimiques et provoque des cloques sur la peau et les yeux. En cas d’inhalation, des brûlures se produisent dans les poumons et la gorge. Il peut être létal, mais sa première fonction est d’être très incapacitant. Ses effets sur la santé sont principalement chroniques. Sur le long terme — au bout de vingt ans —, des trous peuvent se développer dans la cornée de l’oeil. On a décelé chez les victimes de ce gaz des taux élevés de cancer de l’oesophage et une augmentation des cas d’asthme.

Les gaz sarin, VX et moutarde sont généralement utilisés sous forme de gaz ou d’aérosols largués dans des bombes ou pulvérisés par des avions spécialement équipés.

Où sont stockées ces armes ?

Hafez Al-Assad, le père de Bachar, aurait commencé à stocker du gaz moutarde dans les années 1970. A partir des années 1980, il a commencé à reconvertir des usines de pesticides à la production de sarin. Selon le Centre d’études de sécurité internationale et de maîtrise des armements, les deux principaux sites de stockage seraient situés à Khan Abou Shamat, à l’est de Damas, et à Furqlus, près de Homs. Il existerait une cinquantaine d’autres sites répartis sur le territoire syrien.

Depuis quand les armes chimiques sont-elles interdites ?

La communauté internationale a interdit l’emploi des armes chimiques et biologiques en 1925, dans un protocole signé à Genève. Cette prohibition est renforcée par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques de 1993, qui concerne tout à la fois la mise au point, la production, le stockage et le transfert de ce type d’armes. La Syrie est l’un des six pays à ne pas signer cette convention, avec le Sud-Soudan, l’Angola, l’Egypte, la Corée du Nord et la Somalie. Israël et la Birmanie ont signé cette convention en 1993, mais ne l’ont toujours pas ratifiée.

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