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Chileshe Kapwepwe : L’Egypte est l’un des membres les plus actifs dans la mise en oeuvre des programmes du COMESA

Mona Sewilam, Dimanche, 12 décembre 2021

Chileshe Kapwepwe, secrétaire générale du COMESA, revient sur les efforts déployés par l’organisation pour approfondir l’intégration commerciale, ainsi que sur le rôle de l’Egypte au COMESA. Entretien.

Chileshe Kapwepwe

Al-Ahram Hebdo : Le COMESA, dont la stratégie peut se résumer par la phrase suivante « La prospérité économique grâce à l’intégration régionale », est l’un des éléments constitutifs de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA). Comment décrivez-vous la coopération entre le COMESA et les autres communautés économiques régionales pour réaliser l’intégration économique continentale ?

Chileshe Kapwepwe: La coopération est excellente. Nous ne faisons pas que coopérer, nous sommes interdépendants en raison des adhésions multiples aux blocs régionaux. Le COMESA a fait partie intégrante de la conception, de l’établissement et du lancement de la ZLECA. Cette dernière a grandement bénéficié du travail déjà accompli dans le cadre du Groupe tripartite des communautés économiques régionales, à savoir le COMESA, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Chileshe Kapwepwe

Actuellement, 14 Etats membres du COMESA font partie de ceux qui ont ratifié l’Accord sur la ZLECA. Il s’agit des pays suivants : le Burundi, Djibouti, l’Egypte, l’Eswatini, l’Ethiopie, le Kenya, Malawi, l’Île Maurice, la République démocratique du Congo, le Rwanda, la Tunisie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.

La ZLECA complète les travaux du COMESA visant à élargir le marché et à offrir davantage d’opportunités commerciales. La ZLECA a adopté divers programmes et instruments commerciaux du COMESA, ce qui fait du COMESA un pilier essentiel de la mise en oeuvre de la ZLECA.

— Le numérique présente de nombreux avantages, mais aussi des défis et des menaces. Quel est votre point de vue à propos de ce sujet ?

— Notre région a enregistré de bons résultats en matière de développement des infrastructures des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), mais il faut fournir davantage d’efforts pour améliorer la connectivité et l’accès. Le COMESA a commencé à mettre en oeuvre un projet d’une valeur de 8 millions d’euros financé par l’Union européenne pour améliorer la gouvernance et la mise en place d’un environnement favorable dans le secteur des TIC en Afrique orientale et australe et dans la région de l’océan Indien.

Le COMESA a élaboré un projet de loi type sur la cybersécurité et des lignes directrices politiques. Il encourage les Etats membres à les adopter et à créer des institutions nationales chargées des questions de cybersécurité. La cybersécurité est une préoccupation majeure qui nécessite une préparation adéquate pour contrer toute menace émergente.

— Vous avez déclaré que les Etats membres du COMESA, qui sont fortement tributaires du secteur des services, ont été les plus touchés par la pandémie. Quelles sont les leçons à tirer et faut-il repenser le développement ?

— Nous devons construire des économies résilientes pouvant résister aux chocs comme la pandémie qui a perturbé les économies mondiales. La situation requiert de passer rapidement à une approche de développement de l’intégration de l’Afrique, en mettant l’accent sur la transformation numérique. L’Afrique doit augmenter la production de produits essentiels, tels les médicaments, pour éviter d’être vulnérable aux actions discriminatoires des principaux marchés sources, comme ce que nous avons vu avec le nationalisme des vaccins.

— Justement, il s’avère nécessaire de fabriquer des vaccins localement d’autant plus que seuls 6% des Africains ont été entièrement vaccinés …

— Le COMESA préconise fortement la fabrication de vaccins dans notre région en raison des difficultés rencontrées par nos pays et le continent dans son ensemble pour accéder aux vaccins. Nos Etats membres, comme l’Egypte, ont déjà pris l’initiative dans ce sens, et nous attendons avec impatience que d’autres pays commencent à fabriquer des vaccins.

— Le président Sissi a souligné l’importance de l’étiquetage des produits « Made in COMESA ». Quels sont les défis à relever, et quand, pensez-vous, cet objectif sera-il atteint ?

— Cette initiative est essentielle pour promouvoir des produits africains authentiques en soutenant les produits originaires du COMESA. Les défis à relever peuvent consister à garantir la protection de la propriété intellectuelle des produits et innovations africains authentiques et à changer les mentalités par rapport au constat actuel sur l’affinité avec les produits importés des pays développés.

L’autre défi est de savoir à quelle vitesse les pays vont adhérer à l’idée et mettre en place des politiques pour promouvoir les produits fabriqués localement. L’Egypte et le Conseil des opérateurs économiques du COMESA (COC) pourraient défendre l’adoption de la marque « Made in COMESA », lors de la réunion du Conseil des ministres du COMESA en 2022.

— Qu’attend-on de la présidence égyptienne à la Conférence du COMESA, et quels sont les points forts du programme de 2022 ?

— La vision du président Sissi est correctement alignée sur la stratégie du COMESA, couvrant la période 2021-2025, et vise à approfondir l’intégration régionale dans divers secteurs. Il s’agit notamment de l’élimination des obstacles au commerce, de l’industrialisation, des infrastructures, des investissements, de la santé et de la promotion du secteur privé. Cette harmonie entre l’objectif du président Sissi et la stratégie du COMESA permettra de contribuer grandement à la réalisation du développement socioéconomique de notre région.

Le programme 2022 du COMESA se concentre sur quatre piliers essentiels de notre Plan Stratégique à Moyen Terme (PSMT) 2021-2025: l’intégration des marchés, l’intégration/connectivité physique, l’intégration productive et l’intégration sociale et du genre.

— Comment décrivez-vous la participation de l’Egypte aux programmes du COMESA jusqu’à présent ?

— L’Egypte est l’un des membres les plus actifs dans la mise en oeuvre des programmes de notre organisation. En tant que membre de la Zone de libre-échange du COMESA depuis 2000, l’Egypte reste une économie très performante dans la région.

A titre d’exemple, la valeur des exportations égyptiennes représentait 20,1% de la valeur totale des exportations intra-COMESA en 2020. Concernant les importations, l’Egypte représentait 8,1% de la part de marché des importations intra-COMESA. L’Egypte s’est illustrée par des projets d’infrastructure, telle la proposition d’établissement de la voie de navigation entre le lac Victoria et la mer Méditerranée (VICMED) à travers le Nil.

L’Egypte abrite l’Agence régionale d’investissement du COMESA (RIA). Le 21e Sommet du COMESA, organisé par l’Egypte, le 23 novembre 2021, a été un grand succès compte tenu des circonstances extraordinaires dans lesquelles nous évoluons, à savoir la pandémie. Ce ne sont là que quelques exemples.

Le COMESA, un PIB de plus de 800 milliards de dollars

Le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) a été créé en 1994 pour succéder à la Zone d’Echanges Préférentiels (ZEP) de l’Afrique orientale et australe qui existait depuis 1981.

Le secrétariat du COMESA est basé dans la capitale zambienne, Lusaka. Les 21 Etats membres du COMESA réunit 583 millions d’habitants ou de consommateurs, soit environ la moitié de la population de l’Afrique.

Le Produit Intérieur Brut (PIB) du COMESA s’élève à 805 milliards de dollars, et le commerce mondial d’exportation et d’importation de marchandises à 324 milliards de dollars. Cela fait du COMESA le plus grand marché pour le commerce et l’investissement en Afrique.

La présidence du Sommet du COMESA qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres a été confiée au président Abdel-Fattah Al-Sissi, le 23 novembre 2021. Le sommet est l’organe directeur suprême du COMESA.

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