Les prix des produits de base peuvent diminuer avec le recul prévu de la demande mondiale.
Sous l’effet du nouveau variant Omicron, un état d’incertitude et d’ambigüité règne sur l’économie mondiale. La semaine dernière, les institutions internationales et les banques d’investissements internationales ont annoncé la révision probable à la baisse des taux de croissance mondiale pour l’année prochaine. Le Fonds Monétaire International (FMI) vient à la tête de la liste.
« Le nouveau variant, qui pourrait se propager très rapidement, pourrait saper la confiance. Nous verrons donc probablement des réductions dans nos prévisions d’octobre pour la croissance mondiale », a annoncé la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, samedi 4 décembre. L’institution internationale avait prévu en octobre dernier un taux de croissance de 5,9% en 2021 et 4,9% en 2022.
De même, les économistes de la banque d’investissement américaine Goldman Sachs Group Inc. ont présenté quatre scénarios pour l’impact potentiel sur la croissance économique mondiale en prévoyant la baisse des taux de croissance mondiale à 4,2 % en 2022 (soit 0,4% en deçà des prévisions actuelles). « Mais il est trop tôt pour ajuster les prévisions, étant donné qu’il n’est toujours pas clair ce qui est susceptible de se produire », selon les économistes de la banque américaine.
L’apparition d’Omicron intervient au moment de la récupération économique de nombreux pays du monde des effets de la pandémie. Cette période est caractérisée par la flambée des prix due à l’inflation en raison de la hausse de la demande sur les produits pétroliers et les produits de base (tels que les céréales). Par contre, il y a un problème de manque de l’offre en raison du manque des chaînes d’approvisionnement dans des secteurs industriels-clés, tels que les automobiles, sous l’effet de la pandémie.
Cette situation soulève des interrogations à l’égard de l’impact prévu du nouveau variant sur l’économie mondiale et égyptienne. Amr Adly, économiste et chercheur non résident à l’Institut Carnegie Moyen-Orient, minimise l’impact économique du nouveau variant soit au niveau mondial soit au niveau national. « Bien sûr, le nouveau variant pourrait ralentir la croissance économique dans les différents pays du monde si un confinement complet ou partiel est à nouveau appliqué. Les secteurs du tourisme et du transport aérien seront, dans ce cas, les plus touchés, notamment dans les pays touristiques, y compris l’Egypte », prévoit-il (voir page 7).
Une prévision partagée par Alia Mamdouh, directrice du département des recherches au sein de la banque d’investissement Beltone, qui a toutefois assuré à Al-Ahram Hebdo que l’impact serait limité sur l’économie égyptienne. « Le Produit Intérieur Brut (PIB) a réalisé une croissance significative au cours du premier trimestre de 2021-2022 (9,8%).
C’est pourquoi l’économie sera capable de réaliser le taux de croissance de 5,6% prévu par le gouvernement pour 2021-2022 en cas de non confinement, et de 4,2% en cas de confinement », prévoit Alia Mamdouh. En revanche, ajoute-t-elle, le nouveau variant va aggraver la crise des chaînes d’approvisionnement en cas de confinement, ce qui aura des impacts graves dans les secteurs de l’industrie électronique, des portables et de l’industrie automobile. « Cela se répercutera sans doute sur la performance de ces secteurs en Egypte », renchérit-elle.
Possible recul de l’inflation
Les deux analystes prévoient un impact positif au niveau du recul prévu des prix de l’or noir et des prix des produits de base grâce à la baisse probable de la demande. « En cas de la propagation rapide du variant, la demande sur les biens pétroliers va diminuer au niveau mondial, entraînant ainsi le recul des prix. Cela sera en faveur de l’Egypte qui est un importateur net du pétrole », explique Amr Adly, en ajoutant que les prix des biens de base vont aussi diminuer, ce qui va donner lieu à un recul de l’inflation, que ce soit au niveau mondial ou en Egypte.
L’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé, jeudi 2 décembre, la hausse des prix alimentaires mondiaux pour le quatrième mois consécutif en novembre, en raison d’une forte demande de blé et de produits laitiers. L’indice FAO des prix des denrées alimentaires a atteint en moyenne 134,4 points en novembre, soit son plus haut niveau depuis juin 2011.
Une prévision approuvée par Alia Mamdouh, qui avait prévu la hausse du taux d’inflation en Egypte à son niveau le plus élevé en 2022. « L’Egypte est parmi les pays chanceux n’ayant pas connu une hausse significative de l’inflation grâce à la stratégie d’augmenter le stockage des produits de base. C’est pourquoi nous avons commencé à ressentir l’impact de l’inflation au troisième trimestre de l’année au lieu du premier trimestre comme le reste du monde », explique-t-elle .
5,6% : Taux de croissance prévu par le gouvernement en Egypte en 2021-2022.
31 milliards de dollars : Montant des transferts de fonds des Egyptiens à l’étranger prévu par la banque d’investissement Beltone en 2021-2022.
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