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L’économie, premier bénéficiaire d’une paix en Libye

Racha Darwich, Mercredi, 17 novembre 2021

Une récente étude de la Commission économique et sociale des Nations-Unies pour l’Asie occidentale révèle les bénéfices de l’instauration de la paix en Libye pour les pays du voisinage et pour le monde.

Selon la CESAO, la paix en Libye rapporterait jusqu’à 162 milliards de dollars de gain.
Selon la CESAO, la paix en Libye rapporterait jusqu’à 162 milliards de dollars de gain.

« L’instauration de la paix en Libye générera d’énormes gains économiques, non seulement pour la Libye, mais aussi pour ses pays voisins, qui devraient se chiffrer à 162 milliards de dollars d’ici 2025 ». C’est le constat d’une étude publiée par la Commission Economique et Sociale des Nations-Unies pour l’Asie Occidentale (CESAO) intitulée « La paix en Libye: des avantages pour les pays du voisinage et pour le monde ». L’étude met l’accent sur les avantages qu’aurait la fin du conflit en Libye et révèle les évolutions positives dont témoignera le pays si la paix est rétablie. Des évolutions qui se traduiront par une croissance économique, une augmentation des investissements, la création d’emplois en Libye et dans les pays voisins, en particulier en Egypte, en Tunisie, en Algérie et au Soudan.

Coopération régionale

Selon l’étude, l’instauration de la paix en Libye devrait donner lieu à la reconstruction du pays, ce qui donnera un essor à la coopération entre les pays de la région et contribuera à relancer les économies des pays voisins compte tenu de leurs liens économiques étroits avec l’économie libyenne. Le premier chapitre revient sur la coopération de la Libye avec ses voisins avant et durant la crise, soit de 2000 à 2010, puis de 2011 à 2019 au niveau du commerce, des investissements étrangers directs, des transferts monétaires des travailleurs étrangers en Libye et de l’importance de la Libye dans les économies de l’Egypte, du Soudan et de la Tunisie avant la crise, puis l’impact de la crise sur ces économies. Au niveau du commerce, l’étude révèle que l’Union européenne était le principal partenaire commercial de la Libye avec 78% des exportations du pays et 49% de ses importations dans la période de 2000 à 2010. Des chiffres qui ont nettement chuté au cours de la crise. Par ailleurs, alors que les investissements étrangers directs vers la Libye ont connu une hausse permanente depuis la levée des sanctions de l’Onu en 2004, ils ont nettement diminué en 2009 à cause de la crise mondiale et ont continué leur baisse depuis le déclenchement du conflit dans le pays en 2011. Avant la Révolution de 2011, près de 2,5 millions d’étrangers travaillaient en Libye, essentiellement dans les domaines des services médicaux et de la construction. En 2010, les transferts monétaires vers l’étranger ont atteint 1,6 milliard de dollars pour chuter à 650 millions en 2011, avant de monter à partir de 2012 pour enregistrer en 2013 le chiffre record de 3,2 milliards de dollars, puis ils ont baissé graduellement à partir de l’année suivante et ont enregistré 1,1 milliard en 2014 et 744 millions en 2018. De plus, le rapport révèle que la Libye représentait avant la crise un partenaire économique important pour l’Egypte, le Soudan et la Tunisie. Une grande partie de la production agricole des trois pays s’orientait vers le marché libyen. Mais le conflit en Libye a mené à la suspension d’une grande partie du commerce étranger et au gel de l’économie du pays depuis 2011. Un fait qui a fortement influencé ses trois voisins qui ont souffert de l’arrêt soudain du commerce de certains produits, mais surtout du retour de leurs citoyens qui travaillaient en Libye.

Le chef de l’équipe de rédacteurs du rapport, Tareq Alami, a souligné que la CESAO « a mis en lumière les répercussions socioéconomiques du conflit libyen depuis son début, non seulement à travers l’évaluation quantitative des ravages qu’il a causés, mais aussi à travers le calcul des avantages d’une paix en Libye pour ce pays et les pays voisins ». « Nous espérons que cela stimulera le dialogue entre les parties libyennes et avec les acteurs régionaux et internationaux », ajoute-t-il. C’est ainsi que l’étude révèle que la guerre en Libye a causé des pertes économiques pour la Libye évaluées à 580 milliards de dollars depuis 2011, chiffre qui pourrait augmenter de 465 milliards de dollars de 2021 à 2025 en cas de persistance de la guerre, c’est-à-dire que le conflit pourrait coûter à la Libye des pertes économiques de 1046 milliards de dollars jusqu’en 2025.

Innombrables gains

L’étude révèle aussi qu’en cas d’instauration de la paix après l’organisation des élections parlementaires et présidentielle en décembre, les gains économiques pourraient atteindre d’ici 2025 près de 100 milliards de dollars en Egypte, 22 milliards au Soudan, 10 milliards en Tunisie et 30 milliards en Algérie. En outre, la paix en Libye aura des retombées positives au niveau international, en particulier pour les principaux partenaires commerciaux du pays. D’ici 2025, les gains devraient atteindre 13 milliards de dollars pour l’Italie, 7,5 milliards de dollars pour l’Allemagne, 6 milliards de dollars pour la France et 5,5 milliards de dollars pour la Turquie. « L’étude analyse l’impact quantitatif de la paix à travers un ensemble d’indicateurs-clés, comme l’effet de la reconstruction sur la croissance et l’impact qui en découle sur les investissements, la reprise des exportations vers la Libye et la création d’emplois dans les pays voisins », explique Alami. D’ici 2025, le chômage devrait diminuer de 14% au Soudan, de 9% en Egypte, de 6% en Tunisie et de 2% en Algérie, alors que les investissements devraient progresser à raison de 6% par an en Egypte, de 5,5% en Tunisie et de 2% en Algérie .

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