Au cours du 9e round des sommets tripartites entre l’Egypte, la Grèce et Chypre tenu à Athènes la semaine dernière, le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, et le président chypriote, Nicos Anastasiades, ont signé un accord de transfert d’énergie électrique dans le cadre du renforcement de la coopération énergétique des pays de la Méditerranée orientale. « Au moment de la diversification des sources énergétiques, l’Egypte pourrait devenir un fournisseur de courant électrique, qui sera surtout produit par le soleil, et la Grèce deviendra une station de distribution vers l’Europe », a commenté le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. La déclaration commune publiée à l’issue de ce sommet stipule, en effet, que « cette interconnexion renforce la coopération et la sécurité dans le domaine de l’énergie non seulement entre ces trois pays, mais aussi avec l’Europe (...). Elle sera un moyen de transfert de quantités importantes d’électricité depuis et vers la Méditerranée orientale ».
Selon Dr Gamal Al-Qaliouby, professeur d’ingénierie pétrolière et énergétique à l’Université américaine du Caire, « il s’agit de lancer un câble maritime qui approvisionnera Chypre avec 2000 mégawatts et la Grèce avec 3000 mégawatts grâce à l’excédent d’énergie électrique que possède l’Egypte ». En effet, l’Egypte produit actuellement 60 000 mégawatts, alors que la consommation locale ne dépasse pas les 35000 ou 36 000 mégawatts, c’est-à-dire l’Egypte possède un excédent de quelque 20000 mégawatts. « Plus de 70% de cette électricité proviennent des stations de génération, 18 % des énergies renouvelables et 5 % des sources hydriques. Viendra s’ajouter à ce panier de sources d’électricité, l’électricité produite à partir de l’énergie nucléaire et de la première station de génération de l’électricité à partir du charbon minéral à Al-Hamarwein », explique Al-Qaliouby.
Diversité signifie excédent
La stratégie de développement durable Egypte 2035 prévoit que les énergies renouvelables atteignent 42 % de l’équation énergétique de l’Egypte d’ici 2035. La diversité des sources d’énergie électrique en Egypte lui a octroyé un large excédent lui permettant d’approvisionner en électricité le continent européen qui souffre d’un manque évident d’électricité à tel point que le commissariat de l’Union Européenne (UE) a permis à chaque pays de négocier individuellement avec les pays desquels il veut importer de l’énergie sans revenir à l’UE. « L’Egypte est le pays le plus proche qui peut approvisionner les pays d’Europe en électricité. En effet, la longueur du câble maritime entre l’Egypte et Chypre atteint 492 km, alors que l’interconnexion entre Chypre et la Grèce atteint 898 km en passant par les îles de Crète, Rhodes et Barbarossa. L’Egypte possède la capacité de faire parvenir l’électricité à ces régions avec une grande capacité et efficience », explique Dr Gamal Al-Qaliouby. Et d’ajouter : « L’objectif de l’Egypte est de créer non seulement une interconnexion électrique avec l’Europe, mais aussi une interconnexion de gaz naturel. Ceci s’inscrit dans le cadre de la mondialisation économique qui profite à toutes les parties ».
En effet, l’Egypte, la Grèce et Chypre, qui participent au Forum du gaz de la Méditerranée orientale avec 5 autres pays du pourtour méditerranéen, à savoir la Palestine, la France, l’Italie, Israël et la Jordanie, ont également exprimé leur « intention de renforcer leur coopération en matière d’exploration et de transfert du gaz naturel, un catalyseur pour la stabilité dans la région », comme l’indiquent les trois signataires de l’accord. « Il est peut-être crucial que nous nous efforcions tous de profiter de cet élan pour donner une impulsion parallèle au projet de construction d’un gazoduc offshore destiné à transporter le gaz naturel du champ chypriote Aphrodite vers les deux stations de liquéfaction égyptiennes de Damiette et d’Edkou », a indiqué le président Sissi. Pour le président égyptien, « en ouvrant la voie à la fourniture éventuelle du gaz liquéfié de l’Egypte à la Grèce, ces mesures ouvrent la porte à l’approvisionnement des pays de la Méditerranée orientale, et peut-être aussi des pays des Balkans occidentaux et de l’Europe centrale ».
En effet, selon le Dr Gamal Al-Qaliouby, l’Egypte possède une puissante infrastructure qui lui permet d’accueillir le gaz naturel de tous les pays du nord-est de la Méditerranée, que ce soit de la Palestine dans l’avenir, d’Israël, de Chypre, de la Grèce ou du Liban. « Il s’agit d’une valeur ajoutée pour l’économie égyptienne et d’un grand bénéfice pour ces pays qui n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour profiter de leurs ressources de gaz », conclut Al-Qaliouby.
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