L’Egypte avance dans sa stratégie énergétique durable. C’est ce que vient le confirmer l’indice
Renewable Energy Country Attractiveness (RECAI) qui place le pays au 19e rang (sur 40) des pays les plus attractifs dans le domaine des énergies renouvelables. Il s’agit d’un rapport biannuel élaboré par le cabinet
Ernst & Young qui mesure l’attractivité de chaque pays, en se basant sur sa capacité à exploiter l’énergie renouvelable, son infrastructure et la disponibilité du financement. Sur le plan régional et continental, deux autres pays arabes et deux africains font partie du classement: Le Maroc (16e place, 58,1 points), la Jordanie (38e, 51,5 pts), l’Afrique du Sud (34e, 54,2 pts) et le Kenya (40e, 51,1 pts).
En fait, le progrès réalisé par l’Egypte est dû à une stratégie à plusieurs volets visant à faire du pays un acteur majeur dans le domaine des énergies renouvelables en diversifiant le mix énergétique et en réduisant les émissions de gaz pour faire face aux changements climatiques. « L’Egypte possède une abondance de terres, un temps ensoleillé et des vents forts, des ressources qui font d’elle l’un des plus grands producteurs de l’énergie renouvelable », explique Hassan Amin, membre du comité exécutif du Centre régional pour les énergies renouvelables. Et de préciser que la production totale d’électricité renouvelable en Egypte est estimée à 7 000 mégawatts.
En effet, l’Egypte entend porter la contribution des énergies renouvelables dans la production de l’électricité à 20% d’ici 2022 et à 42% d’ici 2035. En 2035, l’énergie éolienne devrait fournir 14% de l’électricité, l’énergie hydraulique 2% et l’énergie solaire 25%. L’Egypte peut produire au maximum 30 gigawatts d’électricité à partir de l’énergie éolienne et 60 gigawatts à partir de l’énergie solaire. La région du golfe de Suez dispose d’un potentiel énorme en ce qui a trait à l’énergie éolienne, avec une vitesse de vent stable d’environ 8-10 m/s, selon l’atlas du vent. Les régions situées à l’est et à l’ouest du Nil, dans les gouvernorats de Béni-Soueif et à l’oasis d’Al-Kharga, présentent également des vitesses de vent comprises entre 5 m/s et 8 m/s, qui permettent de produire de l’électricité.
Concernant l’énergie solaire, l’Egypte dispose d’un fort potentiel avec un ensoleillement moyen de 2800 à 3200 heures par an et une irradiation solaire comprise entre 1970 et 3200 kwh/m2 par an. Le complexe solaire de Benban dans le gouvernorat d’Assouan est considéré comme l’un des plus grands au monde ayant une capacité de production de 1465 mégawatts et des investissements dépassant les 1,5 milliard de dollars. Autres projets prometteurs : le projet d’énergie solaire à Kom Ombo, un investissement de 250 millions de dollars, ainsi que les projets d’énergie éolienne des régions de Zaafarana et de Gabal Al-Zayt sur la côte de la mer Rouge.
Dans un communiqué publié le 14 octobre, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), l’un des financiers de la centrale solaire de Benban, signale que « la centrale de Benban a adressé un message aux investisseurs du monde entier, à savoir : venez en Egypte et ayez l’expérience technique dont vous avez besoin, vous serez traités équitablement par le gouvernement et aurez un projet applicable à long terme ». En effet, environ 7650km² de terrains inexploités ont été alloués à des projets de production d’énergies propres qui devraient générer 90000MW, selon le ministre de l’Electricité et des Energies renouvelables, Mohamad Chaker. « Le ministère de l’électricité travaille actuellement sur l’amélioration des réseaux de transport et de distribution de l’électricité, ainsi que sur la création de réseaux intelligents pour renforcer le réseau national, afin qu’il puisse assimiler le volume d’électricité provenant de l’énergie renouvelable, réduire le gaspillage de l’électricité et consolider l’interconnexion avec les pays voisins », a déclaré le ministre.
Dynamisme mondial
En fait, les efforts déployés par l’Egypte pour encourager les investissements dans les énergies renouvelables s’inscrivent dans le cadre d’un dynamisme mondial visant à réaliser les objectifs climatiques sur la neutralité carbone. Malgré la pandémie et ses répercussions économiques, l’année 2020 a enregistré un record dans les installations des énergies renouvelables, avec des investissements de plus de 300 milliards de dollars, soit 9% de plus que l’année précédente.
Parallèlement à cette tendance mondiale, l’Egypte a modernisé en juillet dernier sa stratégie énergétique à l’horizon 2035 en incluant l’hydrogène vert comme source d’énergie, afin de diversifier son bouquet énergétique. L’hydrogène vert est produit à l’aide d’énergies renouvelables en séparant l’eau, un processus appelé « électrolyse ». Selon Chaker, le ministère d’Electricité entend injecter 4 milliards de dollars dans la construction d’une usine de production d’hydrogène vert via l’électrolyse de l’eau.
« L’hydrogène vert est une démarche indispensable pour stocker l’électricité produite à partir des nouvelles centrales d’énergie renouvelable. L’excédent de cet hydrogène sera exporté vers les marchés européen, arabe et africain », explique Mohamed Shadi, économiste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS).
En fait, Le Caire a signé des partenariats avec plusieurs entreprises internationales pour les études et la production de l’hydrogène vert. Le dernier en date était le 14 octobre 2021 entre le Fonds souverain d’Egypte, la société norvégienne SCATEC pour les énergies renouvelables et la société Fertiglobe, pour produire entre 50 et 100 mégawatts d’hydrogène vert en tant que matière intermédiaire dans la production de l’ammoniac vert. Autre projet phare: l’Etat a élaboré un plan pour le dessalement de l’eau de mer à partir des énergies renouvelables. Les études sont en cours pour implanter une grande usine de dessalement dans la région du Canal de Suez, à Port-Saïd ou Ismaïliya, d’une capacité de 1,4 million de m3 par jour.
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