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L’artisanat, le nouveau stimulant de l’économie

Aliaa Al-Korachi, Lundi, 18 octobre 2021

Turathna, le plus grand rassemblement annuel de l’artisanat égyptien, gagne du terrain. Objectif : renforcer l’identité nationale et soutenir l’artisanat traditionnel.

L’artisanat, le nouveau stimulant de l’économie

Une grand-messe de l’artisanat égyptien. Tradition, innovation et vitalité artistique, la troisième édition de l’exposition Turathna (notre patrimoine), tenue du 9 au 15 octobre, a présenté une vaste palette de l’artisanat reflétant les savoir-faire les plus variés du patrimoine égyptien. Organisé par l’Agence égyptienne de développement des micro, petites et moyennes entreprises (MSMEDA), cette exposition s’inscrit dans la stratégie de l’Egypte visant à faire revivre l’artisanat traditionnel afin de consolider l’identité nationale égyptienne et intégrer les industries artisanales dans l’économie, et ce, dans le cadre du plan de promotion des moyennes et petites entreprises. La troisième édition de Turathna est la plus grande et la plus importante « en termes de superficie et de nombre d’exposants », a déclaré Tareq Chach, directeur exécutif adjoint de MSMEDA. Et d’ajouter : « Ce rassemblement annuel gagne progressivement du terrain avec la participation cette année de centaines d’artisans et d’exposants provenant des pays arabes ». Selon Hicham Al-Gazzar, vice-président de la Chambre de l’industrie de l’artisanat, « une énorme évolution a été remarquable dans la qualité et le genre des produits par rapport à l’année dernière, qu’il s’agisse des designs, de l’emballage, etc. Ce qui a permis de rehausser la valeur de l’exposition dans sa globalité », (lire entretien page 5).

Au coeur du développement local

Quelle est donc l’importance économique de l’artisanat traditionnel qui compte environ 3 millions de travailleurs, dont la majorité des femmes ? « L’artisanat possède des valeurs de différentes natures, culturelle, sociale, économique et touristique. Il est le produit de l’interaction de l’individu avec son environnement » explique Asmaa Fahmi, chercheuse économique. En fait, chaque région d’Egypte a une spécialité artisanale. Ainsi, l’industrie artisanale se trouve au coeur du développement local, puisqu’elle contribue à réaliser l’équité sociale et l’équilibre géographique et à réduire le fossé économique entre les régions du pays.

Selon l’Unesco, « on entend par produits artisanaux les produits fabriqués par des artisans, soit entièrement à la main, soit à l’aide d’outils à main ou même de moyens mécaniques ». En fait, le secteur de l’artisanat traditionnel représente une part importante du volume du commerce mondial qui a atteint 100 milliards de dollars en 2018. De plus, selon des estimations du Fonds Monétaire International (FMI), ce secteur jouit d’une croissance rapide qui pourrait créer environ 16 millions d’emplois d’ici 2025 au Moyen-Orient. En Egypte, l’artisanat constitue le deuxième plus grand secteur en main-d’oeuvre après le secteur agricole. « L’importance du secteur de l’artisanat réside dans le fait qu’il absorbe la plus grande part de main-d’oeuvre. Ce qui pourrait réduire le taux de chômage parmi les jeunes, notamment dans les gouvernorats frontaliers, touristiques et en Haute-Egypte », souligne Asmaa Fahmi. Selon la base des données de l’Appareil de développement des projets, le secteur de l’artisanat en Egypte comprend 250 groupes qui renferment 120 métiers. Quant au volume des investissements dans le secteur de l’artisanat en Egypte, il a dépassé les 20 milliards de L.E. en 2019, alors que les exportations ont enregistré 208 millions de dollars en 2020. De plus, les produits artisanaux constituent un véritable attrait touristique.

Progrès notables et défis à relever

Soutenir la commercialisation et l’internationalisation de l’artisanat égyptien, tel est le moteur derrière la mobilisation actuelle des institutions de l’Etat concernées pour booster les industries artisanales. Turathna, Bedaya, Diarna, Bazzar et Sanayeyet Masr sont les noms des initiatives lancées récemment pour redonner un nouveau souffle à ce secteur et créer une nouvelle génération d’artisans. « Le gouvernement a entrepris des démarches sérieuses et claires pour développer ce secteur », souligne Asmaa Fahmi. Selon la chercheuse, le ministère de la Culture et le département des industries artisanales dépendant du ministère du Commerce et de l’Industrie ont joué un rôle remarquable dans le développement de ce secteur.

De même, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a ordonné, en février 2021, aux banques d’injecter plus de 100 milliards de L.E. supplémentaires pour financer les micro, Petites et Moyennes Entreprises (PME) sur une période de moins de deux ans, dans le but de faciliter les exigences d’octroi de crédits. Pour faciliter les procédures de création des entreprises, la loi sur l’investissement a été modifiée et une nouvelle loi sur l’Autorité de développement industriel a été promulguée en 2018. Dans ce même sens, deux décrets présidentiels relatifs au financement des micro-entreprises ont été émis, ainsi que la création de la Chambre de l’industrie de l’artisanat et du Conseil d’exportation de l’artisanat.

Malgré tous ces efforts, de nombreuses actions restent à entreprendre. L’absence d’une entité unique chargée de définir les politiques et stratégies est le défi numéro 1 auquel le secteur est confronté. Ainsi, le fait d’attribuer à une seule autorité la responsabilité de développement de ce secteur pourrait faciliter l’accès aux informations sur la taille réelle de ce marché et former une base de données intégrée des artisans. Autre enjeu : étudier les spécificités et les exigences des marchés étrangers pour rendre les produits de l’artisanat égyptien plus compétitifs.

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