Le nil est un espace de coexistence pacifique, de complémentarité et de développement et non pas un espace de tension. C’est en deux mots le principe de la diplomatie égyptienne, actuellement active dans la région du bassin du Nil. Une politique qui a permis à l’Egypte de retrouver sa place au coeur du continent noir et de créer un réseau fort de partenariats stratégiques avec les pays riverains du Nil. Long de plus de 6 500 km, le Nil est le deuxième plus grand fleuve du monde. Il nourrit dix pays sur son parcours : la Tanzanie, le Kenya, le Zaïre, le Burundi, le Rwanda, l’Ethiopie, l’Erythrée, l’Ouganda, le Soudan et l’Egypte. Le trajet du fleuve commence au lac Victoria et se termine en Egypte. Seule artère vitale pour l’Egypte, le Nil est historiquement et géographiquement partie intégrante du caractère africain de l’Egypte. Selon Yousri Al-Charqawi, expert en investissement international, «
le renforcement de la coopération entre l’Egypte et les autres pays riverains du Nil est d’une grande importance afin d’accélérer le processus de développement et d’intégration régionale et de bénéficier du grand potentiel économique de ces pays riches en ressources naturelles ».
Le couloir du développement
En fait, la coopération bilatérale avec les pays du bassin du Nil est l’un des principaux axes de la politique étrangère de l’Egypte. Le transfert de l’expertise égyptienne est l’un des facteurs essentiels du succès de cette coopération qui a plusieurs autres facettes : visites diplomatiques, soutien de la stabilité des pays africains et multiplication des projets d’interconnexion continentale.
En fait, connecter les pays du bassin du Nil figure en tête des priorités de l’Egypte pour assurer une complémentarité économique entre les pays riverains. Pour réaliser cet objectif, le président Abdel-Fattah Al-Sissi vient d’ordonner l’accélération du projet de créer une ligne de navigation, liant le lac Victoria et la Méditerranée. Selon la vision égyptienne, l’intégration continentale est indissociable de l’intégration régionale. Ce projet vise à transformer le Nil en un couloir de développement, et ce, en reliant les pays enclavés à la Méditerranée afin de dynamiser le commerce et le tourisme et d’augmenter les projets communs (voir page 5). Ce projet inclut également la création de voies ferroviaires, de routes, de réseaux Internet et de centres logistiques, afin de maximiser la valeur économique et politique du Nil.
Gestion durable des ressources hydriques
Le développement durable des ressources hydriques est la priorité numéro 1 de la stratégie de coopération mise en oeuvre par le ministère des Ressources hydriques qui vient de dresser le bilan des projets bilatéraux réalisés avec les pays riverains du Nil. « L’Egypte tient à assumer ses responsabilités envers les pays du continent africain et les pays du bassin du Nil en particulier. Son objectif est d’intensifier la présence égyptienne sur le continent africain à travers les projets mis en place par les entreprises, les investisseurs ou le secteur privé ». Ainsi, l’Egypte participe actuellement à la construction de barrages hydroélectriques, comme celui de Julius Nyerere en Tanzanie et le barrage de Stiegler’s Gorge sur le fleuve Rufiji. Ce n’est pas tout. Parmi les autres domaines de coopération technique, on peut citer la lutte contre les herbes aquatiques flottantes et submergées, le forage de puits souterrains pour fournir de l’eau potable aux villages, aux villes et aux zones reculées, la construction des barrages pour collecter les eaux des pluies, ainsi que la formation des cadres techniques dans le domaine de la gestion des ressources en eau (voir page 4).
Interconnexion électrique, une nécessité stratégique
Former un seul réseau d’interconnexion électrique entre les onze pays du bassin du Nil est une nécessité stratégique. L’Egypte est le portail et le seul point de passage de l’électricité africaine vers l’Europe. C’est pourquoi le secteur de l’électricité multiplie actuellement les projets d’interconnexion avec les pays du continent dans le cadre de la stratégie qui vise à transformer l’Egypte en un pôle énergétique mondial. Le montant total des projets mis en oeuvre par le secteur de l’électricité en Afrique dépasse les 3 milliards de dollars. Parmi ces projets, figurent celui visant à augmenter la capacité de la ligne d’interconnexion électrique entre l’Egypte et le Soudan de 240 à 300 mégawatts, et celui de la construction de centrales solaires connectées au réseau en Erythrée et en Ouganda. Le ministère de l’Electricité vient de publier la carte de distribution des projets d’interconnexion avec l’Afrique. Objectif, créer un marché continental pour le commerce de l’électricité (voir page 5).
Missions commerciales
Promouvoir les échanges commerciaux entre l’Egypte et les pays du bassin du Nil est un autre objectif stratégique. Selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), le volume des exportations égyptiennes vers les pays du bassin du Nil a augmenté pour atteindre 1221,3 millions de dollars en 2019, contre 646,7 millions de dollars en 2016, soit une augmentation de 88,9 % en trois ans. L’Egypte est l’un des 54 pays signataires de l’Accord de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA). Cet accord stipule l’élimination progressive des droits de douanes sur 90 % des marchandises des Etats parties sur une période de cinq ans. L’Egypte est également membre de plusieurs organisations commerciales régionales, telles que le COMESA. En outre, des initiatives ont été lancées pour développer les exportations égyptiennes vers les pays du continent, ainsi que la création d’un fonds de garantie contre les risques liés à l’investissement en Afrique. C’est dans ce contexte que l’Egypte a donné, en juillet dernier, le coup d’envoi de missions commerciales dans 22 marchés africains. Et ce, en vue « d’explorer les chances d’investissement, de consolider les liens avec les communautés d’affaires africaines et de soutenir les PME », conclut la ministre du Commerce et de l’Industrie, Névine Gamea.
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