L’Egypte insiste sur la préservation de l’Etat national, l’extermination du terrorisme et la réalisation du développement durable.
Al-Ahram Hebdo : Le président Sissi prononce chaque année un discours à la séance inaugurale de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Quelle est l’importance de cette présence sur la scène internationale ? Dr Sama Soliman : Ce discours prononcé chaque année reflète la détermination du président Sissi à communiquer avec cette institution internationale qui rassemble tous les pays du monde.
Cette séance est l’occasion pour chaque pays de présenter au monde ses positions sur les questions d’ordre interne, régional et international. C’est ainsi que l’Egypte a présenté au monde son plan de réforme économique selon la stratégie de l’Egypte 2030, ainsi que son plan pour l’extermination du terrorisme. L’Egypte a également présenté sa vision sur la résolution des crises de la région tout en préservant l’Etat national uni, ainsi que sa vision autour de la coopération internationale pour faire face au changement climatique, au terrorisme et à d’autres questions qui nécessitent une action collective du monde entier.
— Le discours du président reflète les orientations de la politique étrangère de l’Egypte. Quelles sont, selon vous, ces orientations ?
— Sur le plan externe, l’Egypte adopte une stratégie qui avait été présentée par le président Sissi dans son discours d’investiture en juin 2014 et basée sur le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.
Le but est de préserver l’Etat national et respecter sa souveraineté en tant que pierre angulaire de l’ordre mondial. L’Egypte adopte une politique étrangère équilibrée. L’expérience a montré que cette formule était la meilleure dans la gestion des relations internationales, en particulier avec une diplomatie active dirigée personnellement par le président de la République. — La diplomatie égyptienne évolue dans plusieurs directions, que ce soit en Afrique ou dans le monde arabe. Quels sont les dossiers les plus importants ?
— L’action égyptienne envers
les pays arabes et africains émane de sa conviction que ces pays ont droit au développement durable, que ce soit à travers l’action arabe commune ou l’Agenda « Afrique 2063 ». L’Egypte accorde ainsi un intérêt particulier à la préservation de l’Etat national uni malgré les troubles confessionnels, politiques ou ethniques qui peuvent déchirer les pays.
D’ailleurs, l’Egypte oeuvre en vue d’exterminer le terrorisme et l’idéologie fondamentaliste et extrémiste, ceci dans le cadre d’une approche globale qui ne se limite pas à la confrontation sécuritaire, mais qui s’étend aux dimensions économiques, sociales et intellectuelles afin d’assécher les ressources du terrorisme et de remédier aux circonstances qui peuvent pousser les jeunes à l’extrémisme et à la violence. Dans ce contexte, l’Egypte réclame que l’on demande des comptes aux pays qui parrainent le terrorisme et abritent ses éléments.
— Quelle est la stratégie de l’Egypte pour assurer la stabilité régionale ?
— L’Egypte insiste sur la préservation de l’Etat national, l’extermination du terrorisme et la réalisation du développement durable, partant de sa conviction que le développement représente le cadre global d’un large éventail de droits nécessaires à la promotion de l’individu et à la réalisation d’une vie décente. Partant, l’Egypte cherche à établir des alliances avec ses voisins.
C’est ainsi qu’elle a créé une alliance avec Chypre et la Grèce et a créé le Forum du gaz de la Méditerranée orientale pour protéger ses ressources. Elle a également renforcé la coordination stratégique avec le Soudan en ce qui concerne le barrage de la Renaissance, sans oublier l’alliance avec l’Iraq et la Jordanie sur des bases économiques pour assurer la sécurité et la stabilité de ces pays et former le noyau d’une action arabe commune qui regroupera prochainement les autres pays arabes.
— Comment la politique étrangère de l’Egypte réagit-elle face aux mutations internes et externes ?
— Depuis son accession au pouvoir, le président Sissi est convaincu que la politique étrangère de l’Egypte commence de l’intérieur, via la préservation des ressources internes, comme l’infrastructure solide, l’autosuffisance énergétique, un système éducatif efficace, une croissance économique durable, une baisse des taux de pauvreté, une augmentation des investissements étrangers …
En fait, l’évolution de la politique intérieure de l’Egypte au cours des sept dernières années révèle clairement que cette interaction mutuelle entre la politique intérieure et la politique étrangère est claire et évidente.
— Quels sont les défis les plus importants auxquels est confrontée la politique étrangère de l’Egypte ?
— Le plus grand défi réside dans l’instabilité de la région et les ingérences régionales et internationales. Ceci en plus du défi terroriste, qui entrave la stabilité et la sécurité et donc le développement durable dans la région arabe.
Le fait que les Palestiniens et les Israéliens ne sont pas revenus à la table des négociations est un gros défi, car il est impossible de réaliser la stabilité au Moyen-Orient sans une solution juste, durable et globale de la cause palestinienne, basée sur les résolutions internationales et ayant pour but la création d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.
L’autre défi auquel l’Egypte est confrontée est l’évolution de l’ordre mondial et les nouvelles alliances qui apparaissent. Partant, l’Egypte doit faire preuve d’une certaine habileté pour préserver ses relations avec les grandes puissances et tirer parti de toutes les alliances qui se forment, que ce soit aujourd’hui ou à l’avenir .
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