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Ahmed Abdel-Al : L’Etat égyptien cherche par tous les moyens à faire face au changement climatique

Ola Hamdi, Lundi, 23 août 2021

Dr Ahmed Abdel-Al, ex-chef de l’Autorité météorologique égyptienne, explique les causes et les effets du changement climatique sur l’Egypte et sur le continent africain, ainsi que les efforts égyptiens pour faire face à ce défi mondial.

L’Etat égyptien cherche par tous les moyens à faire face au changement climatique

AL-Ahram Hebdo : Le rapport d’évaluation des experts des Nations-Unies sur le climat (GIEC) a estimé que la région méditerranéenne « sera particulièrement touchée par les conséquences du réchauffement climatique ». Quelles en sont les causes ?

Dr Ahmed Abdel-Al

Dr Ahmed Abdel-Al : Ce rapport onusien sur le changement climatique a souligné que la région méditerranéenne connaîtra des vagues de chaleur sans précédent, des sécheresses et des incendies causés par une hausse des températures. Les informations publiées par l’Organisation météorologique mondiale ont également confirmé une hausse des températures au Moyen-Orient et sur le continent africain, due aux quantités des polluants résultant des incendies survenus en Algérie, en Turquie et en Grèce. De toute évidence, l’été 2021 en Egypte est différent des années précédentes. Au Caire, à titre d’exemple, les températures ont dépassé les 42°, alors que durant les 5 dernières années, le thermomètre n’a pas dépassé les 38°. Il est impératif donc que les gouvernements tiennent compte de l’avertissement des scientifiques du Groupe d’experts du GIEC et qu’ils agissent rapidement et avec vaillance pour rendre notre monde plus sûr, plus propre.

— Que veut-on dire exactement par « changement climatique » ?

— C’est tout simplement des événements non naturels qui sont survenus au niveau de l’atmosphère et qui ont modifié les aspects et caractéristiques des saisons habituelles. La principale raison en est l’industrialisation qui s’est répandue dans le monde entier et qui a entraîné une augmentation dans l’utilisation excessive du pétrole et du charbon ainsi que le dégagement des gaz polluant l’atmosphère comme le méthane, le dioxyde de carbone et d’autres. Ces gaz toxiques ont mené à la formation d’une sorte de couverture de polluants autour du globe, ce qui a réduit le processus d’échappement des rayons solaires de l’atmosphère, provoquant ainsi le réchauffement climatique. J’aimerais souligner que le réchauffement climatique ne signifie pas seulement une augmentation des températures, mais il faut savoir qu’il y a des pays qui ont été touchés par le réchauffement climatique sous forme de vagues de froid extrême, d’autres ont eu une sécheresse, des inondations, des tempêtes de neige ou des ouragans.

— En Egypte, quelles sont les répercussions du changement climatique, notamment sur les secteurs de l’environnement et de l’agriculture ?

— Le changement climatique n’affecte pas un pays en particulier, mais le monde entier, y compris l’Egypte. Bien entendu, les répercussions sur l’agriculture et les ressources en eau l’emportent sur les impacts environnementaux. Selon le ministère de l’Irrigation et des Ressources hydriques, la quantité d’évaporation de cet été est le double de ce qui se passe chaque année, notamment concernant le lac Nasser. En ce qui concerne l’agriculture, elle a été très affectée par les changements climatiques ; cela s’est reflété sur la production de certains fruits et légumes comme la mangue, les abricots et certains légumes.

— Quelles sont donc les mesures prises pour faire face à ces répercussions sur ce secteur vital agricole ?

— L’Autorité météorologique soumet des rapports quotidiens et mensuels aux ministères vitaux tels que les ministères de l’Environnement, de l’Agriculture, de l’Irrigation et des Ressources hydriques, et chaque ministère élabore son plan en fonction de l’évolution de la situation. En guise d’exemple, le ministère de l’Agriculture a commencé à utiliser des engrais spécifiques ou à modifier le type des cultures d’été et à les remplacer par d’autres types qui peuvent résister à des températures élevées et donner plus de productivité en même temps. Il en est de même pour le ministère de l’Irrigation et des Ressources hydriques, qui cherche à conserver chaque goutte d’eau, que ce soit à travers le revêtement des canaux ou en utilisant des méthodes d’irrigation modernes. L’Egypte cherche par tous les moyens à faire face au changement climatique. Lors du sommet sur le climat, qui s’est tenu en décembre 2015 à Paris, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a insisté dans son discours sur le fait que la meilleure solution pour faire face à ce phénomène est le recours aux énergies renouvelables comme le solaire, l’hydroélectricité et l’éolien.

— Qu’en est-il du défi de l’élévation du niveau de la mer ?

— Lorsqu’il y a fonte des glaces dans le Pôle nord, cela entraîne une élévation du niveau des mers et des océans, et cela a un impact très dangereux sur les pays situés sous le niveau de la mer, l’Egypte en fait partie. Nous avons des régions basses à Alexandrie, à Abouqir, à Damiette, à Ras Al-Barr et à Port-Saïd. Toutes ces régions risquent d’être submergées par l’eau en raison de la hausse du niveau de la mer. Heureusement, cela ne s’est pas produit parce que l’Etat égyptien n’est pas resté les bras croisés. Il a pris des mesures préventives à travers l’Autorité de protection des plages qui déploie un grand effort pour faire face à l’élévation du niveau de la mer Méditerranée.

— L’Egypte a-t-elle un plan pour la transformation vers l’énergie propre et l’économie verte ?

L’Etat égyptien cherche par tous les moyens à faire face au changement climatique

— L’Egypte adopte une stratégie claire et solide pour l’utilisation de l’énergie propre : la plus grande centrale solaire a été construite à Assouan, et le président a également ordonné à tous les organismes gouvernementaux d’établir des centrales solaires. En effet, de nombreuses institutions l’ont fait, dont l’Autorité météorologique qui fait fonctionner tous ses appareils par l’énergie solaire. A cela s’ajoute l’initiative présidentielle de remplacement, qui vise l’utilisation du gaz naturel dans les voitures et la production de voitures électriques. Tout cela contribuera à avoir un environnement propre et à réduire l’utilisation d’énergie qui pollue l’environnement.

— L’Afrique est le continent le plus touché par le changement climatique. Qu’a fait l’Egypte à cet égard ?

— Les pays africains sont parmi les pays les plus touchés par le changement climatique, même s’il s’agit du continent le moins contributeur au réchauffement climatique. Le continent affronte un double défi : les répercussions de la pandémie du coronavirus et du changement climatique en Afrique ont aggravé les crises de pénurie d’eau dans certains pays du continent africain. Le problème majeur est que l’Afrique n’a pas les fonds nécessaires qui l’aident dans ses tentatives de s’adapter au changement climatique, alors que les grands pays, qui sont les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique, possèdent tous les moyens contrairement à l’Afrique. L’Egypte, quant à elle, s’efforce à transférer son expertise dans ce domaine vers l’Afrique à travers un soutien technique en matière d’utilisation des énergies propres. Le continent a un immense potentiel, surtout en énergie solaire du fait de son ensoleillement extrêmement important.

— Finalement, qu’attendons-nous du prochain sommet mondial sur le climat COP26 prévu à Glasgow en novembre 2021 ?

— Le monde entier sait très bien que si la température de la terre augmente de plus d’un degré et demi, cela conduira à un grave effondrement. La moitié du monde retourne à l’âge de glace et l’autre moitié à l’ère de la désertification. Nous avons vu cette année des inondations en Allemagne et en Chine. Le problème est que les pays développés accordent toute leur attention au développement technologique, même si cela est au détriment de l’humanité et du changement climatique. Malheureusement, ces sommets émettent des recommandations qui ne peuvent forcer aucun pays à les mettre en oeuvre. Au sommet de Paris de 2015, tous les pays du monde ont adhéré à l’accord, sauf les Etats-Unis, à l’époque de Trump, puis la Chine, qui s’en sont retirés pour s’échapper au paiement de leur part dans le versement de 125 milliards de dollars aux pays pauvres et les plus pauvres pour faire face au changement climatique. Nombre de pays ont fait pareil. Les pays eux-mêmes doivent commencer à recourir aux énergies renouvelables car aucun pays ne sera épargné des répercussions du changement climatique.

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