Juste après la déclaration présidentielle, des milliers de Tunisiens ont déferlé dans les rues pour célébrer ce qu’ils considèrent comme la tentative de donner un nouveau souffle au système.(Photo : AFP)
Al-Ahram Hebdo : Ces récents développements signent-ils la fin de l’islam politique en Tunisie et dans la région ?
Dr Mona Soliman : C’est en effet le dernier épisode dans l’histoire de l’islam politique. La vraie chute a commencé en Egypte, avec celle du régime des Frères musulmans. Après l’Egypte, leur déclin a commencé dans les pays arabes l’un après l’autre, en Syrie, au Yémen, au Maroc, en Libye. La Tunisie représentait pour ce courant la dernière chance pour montrer qu’ils sont capables de diriger un pays. Mais ils ont échoué une fois de plus. C’est le coup de grâce donné à l’islam politique, d’autant plus que leur argument était toujours qu’il fallait leur donner la chance de finir l’expérience jusqu’au bout pour en voir les résultats. Or, ils ont bel et bien échoué en Tunisie. Leur sort est le même quel que soit le pays.
— Comment Ennahdha va-t-il réagir aux décisions présidentielles ? Quelle sera sa riposte ?
— Comme d’habitude, ils vont commettre des actes criminels. Il se peut même que des attentats terroristes aient lieu, comme ce qui s’est passé ici au Sinaï. Il y aura sans doute des infiltrations de terroristes, surtout à travers la Libye, pour commettre des attentats.
— Vont-ils tenter de se réorganiser pour revenir au pouvoir ?
— Il faut attendre au moins 15 ans pour éventuellement voir de nouveaux dirigeants. Les dirigeants actuels d’Ennahdha sont rejetés. Ce parti pourra toujours participer aux élections, mais ne sera certainement pas victorieux et ne participera pas au gouvernement. Ni leur politique ni leur idéologie ne sont acceptées. Il faut aussi que ce parti change ses orientations s’il veut retrouver une place dans la vie politique. Mais ceci est peu probable. Les islamistes veulent dominer la scène politique. Ils éloignent même leurs alliés. Ils négligent le rôle de la femme et la marginalisent et ils exercent une forte pression sur l’opposition. En Tunisie, ils sont notamment pointés du doigt pour l’assassinat de personnalités politiques.
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