« Intégration pour la croissance ». Tel est le slogan du premier Forum des chefs des agences africaines de promotion des investissements (IPAs), tenu du 11 au 14 juin dans la station balnéaire de Chram Al-Cheikh. Un de plus dans la politique égyptienne visant à renforcer les liens avec les pays africains. Le forum, organisé par l’Agence générale pour l’investissement (GAFI), a réuni des ministres et des présidents d’autorités d’investissement de 34 pays africains ainsi que des représentants d’institutions économiques africaines. Parmi les principaux participants, le secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf),
Wamkele Mene, PDG de l’Association mondiale des agences de promotion des investissements (WAIPA) et le commissaire de l’Union Africaine (UA) aux infrastructures et à l’énergie, Amani Abou-Zeid. A eux s’ajoutent des hommes d’affaires égyptiens qui ont des expériences d’investissement réussies en Afrique.
« Le monde est confronté à au moins quatre défis », a déclaré le premier ministre, Moustapha Madbouli, lors de la séance inaugurale du forum. Le premier est le Covid-19 et la pénurie de vaccins, en particulier dans les pays en développement. Le deuxième est l’offre limitée en raison de la pandémie et du déclin du transport maritime. Le troisième est la hausse des taux d’inflation à l’échelle mondiale associée à une augmentation des taux de chômage. Finalement, Madbouli a mentionné les conflits commerciaux qui créent un climat d’incertitude et mettent en péril l’ordre géopolitique. « Nous devons réaliser une transformation industrielle radicale en changeant la structure économique africaine », a souligné Madbouli. En fait, la part de l’Afrique dans le Produit Intérieur Brut (PIB) mondial est très faible et ne représente que 2% d’un total de 2600 milliards de dollars, selon le premier ministre, qui a mis le point sur la nécessité d’étendre la fabrication de produits plus complexes dans le continent noir.
Le PDG de l’Autorité générale pour l’investissement et les zones franches (GAFI) Mohamad Abdel-Wahab a souligné que le PIB réel de l’Afrique devrait croître de 3,4 % en 2021. Il a ajouté que les études montrent que les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et les soins de santé sont parmi les principaux secteurs économiques qui devraient être prioritaires, afin de stimuler l’investissement en Afrique. « L’Afrique devrait également donner la priorité à l’amélioration des infrastructures et au renforcement de partenariats public-privé fructueux. Il est crucial de formuler des mécanismes précis de coopération entre les pays africains », a souligné Abdel-Wahab, en assurant que le forum a examiné des projets possibles qui renforceraient les partenariats entre les Etats africains.
Concurrencer l’Inde et la Chine
« L’UA envisage d’exécuter 69 projets d’infrastructure dans les secteurs des transports, de l’eau, de l’électricité et des TIC d’une valeur de 60 millions de dollars », a révélé Amani Abou-Zeid, la commissaire de l’UA chargée des infrastructures et de l’énergie, ajoutant que les investisseurs ont la possibilité de répondre aux besoins imposés par la numérisation, l’urbanisation et l’intégration régionale, affirmant que le fossé en matière d’infrastructure est énorme.
De son côté, le secrétaire général de la ZLECAf, Wamkele Mene, a souligné que l’absence d’un cadre juridique a causé l’absence d’infrastructures intra-africaines et que, par conséquent, les taux de commerce infra-africain sont très faibles. « Si nous bénéficions activement de la zone de libre-échange continentale africaine, nous pouvons collectivement être aussi compétitifs que la Chine ou l’Inde dans les 20 prochaines années », a précisé Mene. En veillant à la mise en oeuvre optimale de la zone de la ZLECAf, l’organisation a développé, en collaboration avec Afreximbank, une plateforme numérique qui identifie le pays d’origine des produits. « Nous devons stimuler l’industrialisation dans les secteurs pharmaceutique et automobile entre autres », a ajouté le secrétaire général de la ZLECAf. Mene a également suggéré d’investir dans des sociétés africaines communes créant des modèles similaires aux multinationales.
Renforcer le rôle du secteur privé
Le forum a discuté le rôle des agences africaines de promotion des investissements, des gouvernements et des agences régionales de renforcer la participation du secteur privé dans le continent, afin de réaliser les objectifs de développement durable. Les Nations-Unies estiment que le coût de la réalisation des objectifs de développement durable pour le continent d’ici 2030 s’élèvera à environ 1,3 billion de dollars par an, surtout qu’il est prévu que la population de l’Afrique croîtra de 45 % entre 2020 et 2030. Les fonds nécessaires pour booster l’économie des pays africains dépassent les capacités des gouvernements et des agences de développement impliquant une participation importante du secteur privé. Les participants ont passé en revue les meilleures pratiques internationales et africaines pour promouvoir la participation du secteur privé à la réalisation des objectifs de développement durable. Il s’agit aussi d’encourager le secteur privé à tirer parti des avantages comparatifs du continent africain, notamment les énormes ressources naturelles et le capital humain.
L’homme d’affaires égyptien et le député Mohamad Aboul-Enein a proposé la création d’une agence africaine qui regroupe les autorités d’investissement du continent et dont le mandat serait de dessiner une carte unifiée de l’investissement. « Le continent a besoin de nouvelles réglementations qui encouragent l’investissement pour profiter du capital humain, c’est le rôle des agences de promotion d’investissement africaines », a-t-il souligné, ajoutant que le forum est un nouveau noyau pour consolider l’économie des pays africains. « Le vrai défi est de transformer les défis en don et de développer l’infrastructure », a conclu Aboul-Enein. Ce dernier a rappelé que l’Afrique est riche en matières premières, surtout celles nécessaires pour la production des métaux, en plus du gaz naturel, mais a besoin de technologies modernes pour créer de la valeur ajoutée. Montrant à quel point l’Afrique est riche en ressources naturelles en citant le Soudan comme exemple, le ministre soudanais de l’Investissement et de la Coopération internationale, El-Hadi Mohamed Ibrahim, a affirmé que son pays possède 98% des ressources minérales existant sur la planète. Il a souligné qu’attirer des investissements sérieux consiste à créer un climat d’investissement favorable.
Exploiter les potentiels du continent
La ministre égyptienne de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd, a souligné que ces dernières années, de nombreux pays africains ont intensifié les efforts de réformes économiques, de réforme structurelle et de création d’un environnement d’affaires propice. « Au cours de la dernière décennie, 32 pays africains ont été en mesure de mettre en oeuvre des réformes économiques, qui ont été accompagnés dans 22 pays de réformes structurelles, ce qui indique l’engagement continu de l’Afrique à réformer et à progresser vers la prospérité », a-t-elle assuré, ajoutant que l’Afrique est à la fois un continent de défis et d’opportunités. « L’Afrique est confrontée à de nombreux défis de développement, dont la gravité s’est accentuée avec la pandémie de Covid-19, notamment le manque de financement suffisant. Cependant, l’Agenda 2063 de l’Afrique recommande de réformer le système de financement et les mécanismes des plans de développement », a déclaré Al-Saïd, tout en soulignant que la croissance démographique croissante en Afrique est l’un des avantages du continent et en expliquant que, bien qu’il s’agisse d’un défi de développement, cela crée en même temps des opportunités d’investissement prometteuses. « L’Afrique est un continent jeune, où plus de 60% des citoyens ont moins de 30 ans, ce qui signifie que l’avenir du développement du continent repose principalement sur l’élément humain. Cette énorme force humaine atteint l’abondance sur le marché du travail et réduit les coûts d’exploitation et de production, ce qui crée de nombreuses opportunités d’investissement dans les industries à forte intensité de main-d’oeuvre », a-t-elle dit. Et de conclure que le continent africain possède une abondance de ressources naturelles, ainsi que des avantages comparatifs dans les secteurs bancaires, des télécommunications et des infrastructures.
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