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Egypte-Afrique, le développement comme priorité

Aliaa Al-Korachi, Mardi, 15 juin 2021

Renforcement des infrastructures, promotion de la complémentarité économique et lutte contre le terrorisme, l’Egypte est sur tous les fronts pour instaurer la paix et le développement sur le continent. Explications.

Egypte-Afrique

« Une Afrique unie », « une Afrique sans frontière », « un seul continent, un seul fleuve, un avenir conjoint », autant d’initiatives qui ont été lancées par l’Egypte pour réaliser l’intégration et la complémentarité continentale basée sur une stratégie de respect mutuel. C’est dans cette optique que l’Egypte a accueilli cette semaine deux rencontres africaines importantes. Sous l’emblème « L’intégration pour la croissance », la première édition du Forum des Agences de Promotion des Investissements (API) en Afrique a eu lieu du 11 à 14 juin dans la station balnéaire de Charm Al-Cheikh. Ce forum, regroupant les chefs des agences d’investissement de 33 pays africains, de plusieurs institutions internationales, et de plusieurs ministres, responsables et hommes d’affaires égyptiens et africains, est « un appel sincère à intégrer les efforts et à unifier les visions pour atteindre les objectifs du développement durable », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, lors de sa participation à la séance d’ouverture avant de souligner que « l’Egypte tient à coopérer avec tous les pays africains dans le cadre d’un partenariat qui permet d’échanger les expériences et qui est basé sur le respect réciproque ». Le timing de ce forum est important puisqu’il intervient cette année dans des conditions inédites à l’échelle mondiale et régionale. « Nous sommes confrontés à plusieurs défis mondiaux, le premier est la pandémie de coronavirus, le deuxième défi est les restrictions imposées sur le voyage, et le troisième défi est la hausse des taux d’inflation », a ajouté Choukri. « La présence africaine sur les marchés mondiaux », « La participation du secteur privé en Afrique », « Les infrastructures transcontinentales et interrégionales », le programme du forum a été riche en discussions (voir pages 3 et 4).

Il n’y aura pas de développement durable sans paix et il n’y aura pas de paix sans développement durable. Pour réaliser ce slogan, « l’Egypte a mené son combat contre le terrorisme parallèlement aux efforts du développement durable », c’est ce qu’a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi lors de sa réunion avec les présidents des Cours constitutionnelles africaines lors de la 5e conférence des Cours constitutionnelles africaines, organisée au Caire le 12 juin. Les institutions judiciaires jouent un rôle crucial dans le processus de développement en Afrique. C’est pourquoi l’Egypte tient à organiser cette conférence périodiquement. Objectif: renforcer la coopération et l’échange des expériences entre les Cours africaines en vue de construire un environnement législatif unifié et faire face au phénomène du terrorisme, qui a un impact dévastateur sur le processus de développement (voir page 8). En fait, l’Egypte organise chaque année un autre rendez-vous africain, à savoir le « Forum d’Assouan » sur la paix et le développement afin d’examiner les défis sécuritaires qui entravent les investissements étrangers sur le continent. « L’année dernière, les défis imposés par la crise nous avaient menés à redoubler d’efforts pour réaliser les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. La concrétisation de la Zone de Libre-Echange Africaine (ZLECA) en est le meilleur exemple. Aujourd’hui, nous devons nous accorder sur les meilleures solutions et opter pour les meilleurs instruments afin de consolider nos efforts communs pour mieux reconstruire et surmonter la crise », a déclaré le président Sissi.

Promouvoir l’intégration continentale

Renforcer la connectivité des infrastructures intra-africaines et faciliter la circulation des individus et des marchandises constituent l’enjeu numéro 1 pour attirer les investissements, clé du développement durable, explique Rahma Hassan, chercheure économiste au Centre de la pensée et des études stratégiques (ECSS). Or, parmi les défis internes figure « la faiblesse des infrastructures, notamment routières qui constitue un obstacle principal à la croissance du commerce interne et aux tentatives de promouvoir le commerce intra-africain », ajoute Rahma Hassan, avant de préciser qu’« il s’agit d’un défi énorme d’autant plus que l’Afrique est le continent le plus pauvre du monde, où vivent 70% des pauvres du monde ». Bien que 60% des 1,5 milliard d’habitants du continent soient jeunes, la contribution de l’Afrique ne dépasse pas les 2% du PIB mondial. De même, les économies africaines dépendent toujours des produits de base et de l’exportation des produits manufacturés du continent qui ne représentent que 20% des exportations totales du continent. Selon l’économiste, le Forum de Charm Al-Cheikh fait suite à la participation de l’Egypte et de plusieurs pays africains à la Conférence internationale de soutien aux économies africaines, qui s’est tenue le mois dernier à Paris. Celle-ci s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par les pays africains pour diversifier leurs sources de financement et réaliser l’Agenda Afrique 2063. Selon la ministre de la Coopération internationale, Rania Al-Machat, le portefeuille de coopération actuel avec les partenaires du développement s’élève à environ 25 milliards de dollars, soit 25 % de la dette extérieure de l’Egypte. « Tous ces financements sont à long terme, puisque leur but n’est pas de faire du profit mais de soutenir et de mettre en oeuvre des projets de développement dans tous les secteurs prioritaires vitaux des pays africains », précise l’économiste. Membre de l’initiative présidentielle pour développer l’infrastructure sur le continent, l’Egypte a mis en place des projets ambitieux dans les domaines du transport, des routes et de l’interconnexion électrique pour renforcer la connectivité des infrastructures africaines (voir pages 6-7). C’est ce qu’a affirmé le ministre du Transport, Kamel Al-Wazir, lors du forum, avant de dévoiler le plan d’action de son ministère. « Les études environnementales et de faisabilité économique et technique concernant le projet de liaison routière avec le Soudan sont presque achevées. D’autres projets sont en cours d’exécution avec Khartoum dans le domaine des liaisons ferroviaires. Il s’agit d’une ligne ferroviaire d’une longueur de 54 kilomètres qui doit traverser le lac Nasser puis Wadi Halfa vers Khartoum avant de se terminer à Cape Town en Afrique du Sud », a précisé le ministre. Et d’ajouter : « un géant réseau de ports secs et de zones logistiques est en cours d’installation pour transporter les marchandises des ports maritimes aux chemins de fer ». En outre, le secteur énergétique en Afrique souffre actuellement des répercussions de l’épidémie de Covid-19 et de la grave récession économique mondiale. Parmi les nombreuses initiatives africaines qui visent à promouvoir les projets d’énergies renouvelables et à développer les infrastructures en Afrique, auxquelles participe l’Egypte, figure le plan de transport continental préparé par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), le Partenariat Afrique-Union européenne pour l’énergie (AEEP), l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI), outre sa participation au Consortium pour l’énergie de l’Afrique de l’Est (EAPP), au Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et à tous les projets régionaux d’interconnexion électrique.

Bref, transmettre un message rassurant aux investisseurs étrangers est au coeur de la stratégie égyptienne pour promouvoir l’intégration continentale et pour faire de la Zone de libre-échange continentale l’un des plus grands marchés communs du monde, conclut Rahma Hassan .

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