Près de 1 500 habitations ont été endommagées par les frappes, dont 205 tours résidentielles et maisons entièrement détruites.
«
Je n’ai jamais vu autant de dégâts, de destructions, je n’ai jamais vu autant de sang », s’émeut le chef de la délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). L’Onu rapporte que 40 % de la bande de Gaza s’est transforme en «
no man’s land », après onze jours d’un conflit sanglant, le quatrième depuis 2008. Le bilan des dernières opérations était très lourd pour la bande de Gaza : 243 Palestiniens, dont 66 enfants, ont été tués par les frappes israéliennes. Plus de 1 900 Palestiniens ont également été blessés, dont 560 enfants, selon le ministère de la Santé local. Environ 91 000 Gazaouis ont été déplacés, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA). Près de 1 500 habitations ont été dévastées par des frappes, dont 205 tours résidentielles et maisons complètement détruites. Soixante-quinze établissements gouvernementaux et publics ont été endommagés. Selon les décomptes des Nations-Unies, 24 centres de santé, 50 établissements éducatifs et 3 usines de désalinisation d’eau, servant 400 000 habitants, ont été détruits. Le seul laboratoire de dépistage du Covid-19, la clinique Rimal, a volé en éclats.
Un coup dur pour cette ville qui s’étend sur 4 000 ans et qui a subi des décennies de guerre, de protestations, d’opérations militaires et de violence, rythmées aussi par des années de prospérité.
Une offensive après l’autre
A la suite de la guerre israélo-arabe de 1948, Gaza est entrée sous le protectorat égyptien jusqu’à ce qu’elle soit occupée par Israël pendant la guerre des Six Jours de 1967. En vertu des accords d’Oslo de 1993, elle a été désignée sous le contrôle direct de la nouvelle Autorité palestinienne. Israël s’est retiré unilatéralement de Gaza en 2005. En 2007, le mouvement Hamas est devenu à la fois le vainqueur des élections palestiniennes et des combats entre factions avec son rival le Fatah dans la ville et est depuis lors la seule autorité gouvernante de Gaza.
Mais l’occupation israélienne de la bande de Gaza n’a pas pris fin avec le départ de ses soldats le 11 septembre 2005. Depuis, l’histoire des relations entre Israël et Gaza semble se résumer à une succession d’opérations militaires. En 2006, Israël y mène l’opération « Pluies d’été ». C’était la première incursion terrestre de l’armée israélienne depuis le plan de désengagement unilatéral. Cette guerre conventionnelle avait mobilisé des milliers de soldats dans le but officiel de sauver la vie du soldat Gilad Shalit, devenu prisonnier de guerre par un commando palestinien en territoire palestinien. Israël voulait alors mettre un terme aux attaques de roquettes Qassam sur les villes israéliennes à partir de Gaza et déstabiliser le Hamas. L’opération avait été marquée par la destruction d’une partie de l’infrastructure et avait causé la mort de plus de 200 Palestiniens. S’ensuivirent les opérations « Plomb durci » en 2008-2009, en riposte à des attaques du Hamas, caractérisées d’abord par des raids aériens puis par une offensive terrestre, qui a fait plus de 1 000 morts palestiniens dont plus de la moitié des civils ; puis « Pilier de défense » en 2012 après l’assassinat d’Ahmed Jaabari, chef militaire des Brigades Ezzeddin Al-Qassam ; puis « Bordure de protection » en 2014, toujours contre le Hamas et le Djihad islamique, avec l’objectif de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas depuis la bande de Gaza, en s’en prenant à ses infrastructures, en particulier les dizaines de tunnels creusés sous la frontière israélienne, les sites de lancement de roquettes et leurs unités de fabrication. Et en mai 2018, des tensions ont éclaté lorsque l’ambassade des Etats-Unis a déménagé à Jérusalem.
Crimes de guerre
Pour les Gazaouis, la dernière offensive est la plus violente et la plus destructrice. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a accusé Israël d’avoir commis des « crimes de guerre » dans la bande de Gaza assiégée et s’est engagé à poursuivre l’Etat hébreu devant la Cour Pénale Internationale (CPI), a rapporté l’agence palestinienne officielle WAFA. « Ce qu’Israël fait aujourd’hui dans la bande de Gaza, c’est du terrorisme d’Etat et des crimes de guerre qui violent le droit international », a-t-il dénoncé en insistant qu’une enquête pour crimes de guerre doit être menée sur les attaques israéliennes contre des habitations à Gaza : « Nous poursuivrons Israël devant les juridictions internationales ».
De son côté, Amnesty International a recueilli des informations sur quatre attaques meurtrières lancées sans avertissement par Israël contre des habitations, et appelle la CPI à enquêter de toute urgence sur ces attaques. « Les forces israéliennes ont fait preuve d’un mépris choquant à l’égard des vies civiles palestiniennes en menant une série de raids aériens contre des habitations, tuant parfois des familles entières, dont des enfants, et provoquant des destructions injustifiées de biens à caractère civil, lors d’attaques qui pourraient s’apparenter à des crimes de guerre ou à des crimes contre l’humanité », a déclaré Amnesty International, soulignant qu’il est temps que l’Onu et la communauté internationale agissent pour une vraie paix juste et durable.
Lien court: