Mercredi, 04 décembre 2024
Dossier > Dossier >

Gaza et la position égyptienne

Alaa Sabet , Mardi, 25 mai 2021

Gaza et la position égyptienne
En provenance d'Amman, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, est arrivé lundi à Ramallah pour examiner les moyens de relancer le processus de paix.

Le soutien égyptien rapide et fort au peuple palestinien n’a pas surpris ceux qui savent à quel point la direction et le peuple égyptiens sont attachés à la cause palestinienne. En effet, il existe des liens historiques profonds en particulier avec la bande de Gaza qui, pendant de longues périodes, a fait partie de l’Egypte. La bande de Gaza était sous l’administration égyptienne après la guerre de 1948. Il y a eu une fusion entre les deux peuples et le sang égyptien a coulé dans des guerres dont l’objectif n’était pas de défendre seulement la Palestine, mais aussi la sécurité nationale égyptienne dont l’un des plus importants portails est la Palestine, la liant aux pays du Levant et au Machreq arabe.

La décision du président Abdel-Fattah Al-Sissi d’ouvrir le passage de Rafah pour accueillir les blessés palestiniens venant de Gaza émane de la responsabilité de l’Egypte, de sa position et de sa relation profonde avec la Palestine et son peuple. Dès l’annonce de cette décision, la ministre égyptienne de la Santé, Dr Hala Zayed, a préparé 11 hôpitaux pour accueillir les blessés, dont 6 au Caire, d’une capacité de 900 lits et disposant d’une équipe médicale de 3 600 membres. Dans une scène très touchante, l’hôpital d’Al-Arich a placé le drapeau palestinien à côté du drapeau égyptien en accueillant les premiers blessés, reçus avec des acclamations de solidarité avec le peuple palestinien.

Gaza et la position égyptienne
L’Egypte, par l’intermédiaire de son fonds Tahya Misr, a envoyé le plus grand convoi d’aide humanitaire à la bande de Gaza.

Par ailleurs, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a annoncé l’octroi d’une aide de 500 millions de dollars et l’ouverture d’un compte dans toutes les banques égyptiennes pour recevoir les dons au fonds Tahya Misr pour la reconstruction des maisons et de l’infrastructure détruites par les forces israéliennes à Gaza. Et ce, parallèlement aux efforts égyptiens déployés sur plusieurs axes afin de stopper la guerre dans l’enclave palestinienne. L’Egypte a établi des contacts avec les directions arabes et les pays islamiques et européens, ainsi qu’avec les Etats-Unis et les membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu avec l’objectif de parvenir à une décision rapide de cessez-le-feu et à une solution juste et globale du conflit israélo-palestinien basée sur la création d’un Etat palestinien indépendant sur les territoires occupés en 1967 dont la capitale serait Jérusalem-Est. De grands efforts ont été déployés en accord avec cette position égyptienne. Une grande partie de ces efforts n’a pas été rendue publique.

La position de l’Egypte est basée sur plusieurs axes. Le premier et le plus important est l’unification des factions palestiniennes pour former une force capable d’acquérir une légitimité sur les plans populaire et international, c’est-à-dire dans les territoires palestiniens et dans le monde entier. Il est surtout question de combler la fissure existant entre le Hamas et le Fatah. Les efforts de réconciliation interpalestiniens ont également visé les factions palestiniennes avec leurs différentes tendances. Ces efforts existent depuis des années et ont largement réussi à rapprocher ces factions. Celles-ci ont trouvé que leur unité constituait le point de départ réel et indispensable pour réaliser les espoirs du peuple palestinien et de tous les peuples arabes de fonder l’Etat palestinien indépendant.

Le second axe consistait à convaincre le monde de la justesse de la cause palestinienne et de l’importance d’un règlement. Les efforts égyptiens avaient pour objectif de faire reconnaître à l’Europe et aux Etats-Unis que la Palestine a le droit d’exister et d’avoir un Etat indépendant et un gouvernement uni. Et ce, en dépit des grandes difficultés qui ont résulté des différends entre les factions palestiniennes et qui ont été exploitées par Israël pour entraver tout règlement. Israël a profité du temps perdu dans le conflit interne pour usurper encore plus de territoires occupés en Cisjordanie et accélérer la colonisation et la judaïsation de Jérusalem, empêchant ainsi la fondation d’un Etat palestinien cohérent sur les territoires occupés.

Les dangers se sont accrus avec la montée en puissance de la droite israélienne extrémiste qui refuse la fondation de l’Etat palestinien et tente d’aggraver le conflit interpalestinien. Dans toutes les instances internationales, l’Egypte s’est opposée aux visées d’Israël qui ne respecte pas les résolutions et les lois internationales.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a exprimé cette position égyptienne fondamentale lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité. « Nous sommes réunis aujourd’hui après le mois du Ramadan durant lequel nous avons vu des provocations et des agressions sans pareilles envers les fidèles à l’intérieur de la mosquée d’Al-Aqsa, et ce, parallèlement à un processus d’expulsion d’un certain nombre d’habitants arabes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, le tout dans le cadre d’une politique planifiée. Un fait qui a causé la colère de millions d’Arabes et de musulmans qui assistent depuis plus de 3 décennies à des actes de tergiversation, ainsi qu’à des promesses de mener des négociations sérieuses sur la fondation de l’Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est », a déclaré Choukri. Le ministre des Affaires étrangères a résumé la position égyptienne en disant : « Il n’y aura pas de paix dans la région sans une solution juste et durable de la cause palestinienne. La solution existe déjà, c’est la création de deux Etats. C’est l’unique solution pratique et acceptée par toutes les parties ».

La position égyptienne soutenant la cause palestinienne émane de la responsabilité de l’Egypte, de son statut et de sa force en tant qu’acteur régional et international. C’est une position fondamentale basée sur la justice et le respect des droits légitimes et des lois internationales.

La position de l’Egypte envers les factions palestiniennes n’a jamais changé même dans les circonstances les plus difficiles que l’Egypte a connues et les différends entre les factions, parce que l’Egypte est la grande soeur et le refuge des Arabes. L’Egypte ne se laisse jamais dominer par les antagonismes. Elle a toujours tenté d’unifier les positions des frères arabes, pour que leur unité soit la clé permettant de résoudre tous les problèmes et pour que les Arabes aient la position qu’ils méritent et soient capables d’affronter toute convoitise. Et aussi pour qu’ils soient capables de diriger leurs efforts vers le développement et la reconstruction pour devenir une force unie et influente aux niveaux régional et international.

Cette position égyptienne a été exprimée par les partis égyptiens, l’ordre des Médecins, l’Union des industries et d’autres instances populaires et officielles. Cette position confirme la vision égyptienne consciente et globale capable d’aller de l’avant pour imposer son avis et défendre ses intérêts, sans gaspiller son énergie dans des différends secondaires qui ne profitent qu’à ses adversaires et affaiblissent les pays de la région qui partent alors à la recherche d’alliés de l’extérieur de la région au lieu de renforcer leurs propres capacités.

Espérons que la position égyptienne sera la locomotive qui permettra d’avancer sur la voie de l’unité et qui réalisera les espoirs des peuples arabes.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique