Al-Ahram Hebdo : Comment la stratégie de la planification globale adoptée par l’Etat égyptien au cours des six dernières années a-t-elle contribué à rendre l’économie égyptienne plus flexible face à la pandémie ?
Dr Hala Al-Saïd : Nous avons mis en place un plan global et bien structuré, tenant compte des droits économiques, sociaux, sanitaires et humains. Dès la première vague de Covid-19, le gouvernement a essayé de faire l’équilibre entre santé publique et relance économique. Afin de ne pas perturber l’activité économique, des mesures proactives ont été prises pour répondre aux besoins sanitaires et sociaux et pour soutenir les secteurs les plus directement touchés. Ces mesures ont atténué l’impact économique et humain de la crise. Le deuxième axe de ce plan consistait à apporter un soutien aux emplois irréguliers, qui représentent une partie considérable de l’économie égyptienne, et ce, à travers une aide présidentielle sur une période de 3 mois, renouvelable une seule fois. Environ 43 % des femmes ont bénéficié de cette aide.
Le troisième axe était représenté par une augmentation des revenus et des retraites, et par une augmentation des investissements. La plupart des pays ont pris des mesures de contraction pendant cette période. Quant à l’Egypte, elle a pris des mesures d’expansion pour alléger le fardeau sur le citoyen. Le premier ministre tenait une réunion toutes les deux semaines, afin d’informer les gens de ce qui se passe, pour qu’ils soient toujours tenus au courant, comme une sorte de participation citoyenne au processus décisionnel. Je crois que les éléments de ce plan étaient complets, clairs et transparents. Cela a contribué à obtenir des résultats très positifs, que ce soit au niveau de la croissance économique ou de la santé publique.
— L’Onu a lancé en décembre un agenda international pour renforcer les droits de l’homme pendant le Covid-19. Comment chaque pays définit ses priorités ?
— La vision « Egypte 2030 » est la version nationale des objectifs du développement durable établis par les Nations-Unies. Bien évidemment, chaque pays a le droit d’établir ses priorités en fonction de sa situation. L’Egypte a défini ses priorités, à savoir la santé publique, l’éducation, la numérisation et la localisation de l’industrie. Bref, les priorités égyptiennes sont les mêmes que celles figurant sur l’agenda onusien.
Concernant les efforts de l’Etat pour garantir les droits de l’homme au sens large, de nombreuses initiatives de développement ont été mises en place, dont les initiatives « Vie décente » et « Bateaux de survie ». Dans le domaine de la santé, il y a l’initiative présidentielle « 100 millions de citoyens en bonne santé » pour éliminer l’hépatite C. La réussite de cette initiative a été saluée par l’Organisation mondiale de la santé. Sans oublier l’initiative visant à détecter l’obésité, les troubles de la croissance et l’anémie chez les élèves, ainsi que l’initiative visant à doubler le nombre de lits dans les services de soins intensifs et les centres de premiers secours. Dans le domaine de l’éducation, on peut mentionner l’initiative visant à réduire la densité des classes et à lier l’enseignement technique au marché du travail par la création des écoles techniques appliquées et des universités technologiques, ainsi que le développement des universités privées.
Au cours de ces dernières années, l’Etat a intensifié les investissements publics pour développer les infrastructures, notamment dans les secteurs des transports, de l’eau potable, de l’assainissement et de l’électricité. Le ministère de la Planification et du Développement économique a veillé à ce que les investissements publics soient orientés en fonction des besoins, afin de combler les écarts de développement entre les gouvernorats, garantir la transparence et mettre à jour de façon continuelle les informations sur la performance des programmes de développement avec des indicateurs clairs. Et ce, afin de garantir la participation des citoyens à l’élaboration des politiques publiques.
— A votre avis, quels sont les défis au cours de la période à venir ?
— Malgré les indicateurs positifs, il existe encore de nombreux défis qui nécessitent plus de travail et des mesures préventives. Il y a eu un saut positif au cours de l’année 2019-2020 : une croissance économique et un faible taux de chômage. Il y a eu aussi une promotion des droits économiques et sociaux et une baisse du taux de pauvreté pour la première fois depuis 20 ans, en plus du fait que les réserves monétaires se sont rétablies pour couvrir 8 mois d’importation. Préserver la santé et les droits des citoyens et maintenir la croissance de l’économie n’étaient pas un défi simple. Pourtant, nous avons pu le surmonter. La propagation continue du coronavirus est un autre défi, car elle affecte les personnes psychologiquement et les chances d’emploi. Quelles que soient les mesures que nous prendrons, si des personnes tombent malades, un arrêt partiel se produira. Cela représente un fardeau continu pour l’Etat, mais le programme de réforme économique et l’existence d’une vision globale nous garantissent un bon revenu financier qui nous permet de réaliser nos objectifs.
— Quel est le volume des investissements ciblés dans le prochain exercice 2021-2022 ?
— A la lumière de la crise actuelle du Covid-19, le volume des investissements publics dans le prochain exercice 2021-2022 s’élève à près de 300 milliards de L.E. Le plan d’investissement du prochain exercice se focalisera sur les initiatives dans les domaines de la santé, de la famille, de la femme et de l’éducation, ainsi que sur les projets visant à étendre la technologie numérique aux zones pauvres et à privilégier le « Made in Egypte ».
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