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Relations égypto-soudanaises: Nouvelle vision

Dimanche, 07 mars 2021

La ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam Sadeq Al-Mahdi, a effectué cette semaine une visite de deux jours au Caire durant laquelle elle a été reçue par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Lors d’un colloque à Al-Ahram, elle a donné sa vision sur les relations bilatérales et le barrage de la Renaissance.

Relations égypto-soudanaises  : Nouvelle vision

« Le choix du Caire pour être ma première destination arabe visait à confirmer la profondeur et la particularité des relations entre les deux pays et les deux peuples frères. Le renforcement de cette relation est d’une grande importance stratégique ». C’est par ces mots que la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam Sadeq Al-Mahdi, a commencé son intervention lors d’un colloque organisé le 4 mars à la Fondation Al-Ahram, sous les auspices du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS). En fait, la Fondation Al-Ahram a organisé une réception pour accueillir la ministre soudanaise en visite de deux jours en Egypte (voir Hebdorama page 23). Nommée ministre des Affaires étrangères le 8 février 2021 dans le nouveau cabinet de Abdallah Hamdouk, Mariam Sadeq est la fille de l’ancien premier ministre soudanais et chef du parti d’Al-Oumma, Sadeq Al-Mahdi. Elle est en effet la deuxième femme à occuper ce poste dans l’histoire du Soudan. Figure de proue de la révolution soudanaise qui a provoqué la chute du dictateur Omar Al-Béchir, Mariam Al-Mahdi aura notamment comme mission de restaurer le rôle régional de son pays et d’introduire « le nouveau Soudan » au monde. En fait, le programme de la visite de Mariam Sadeq en Egypte a été très chargé. Le 2 mars, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu la ministre soudanaise au palais d’Al-Ettéhadiya. Selon le porte-parole de la présidence de la République, le président a affirmé au cours de cette rencontre « l’approche stratégique » de l’Egypte visant à renforcer les relations bilatérales avec le Soudan dans un souci de coopération, de reconstruction et de développement. De son côté, Mariam Sadeq Al-Mahdi a exprimé son aspiration à bénéficier de « l’expérience égyptienne inspirante dans le domaine de la réforme économique, expérience qui a obtenu un grand succès ». La ministre soudanaise a été reçue ensuite par le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri. Dans un communiqué conjoint, publié à l’issue d’une séance d’entretiens entre les deux ministres, Le Caire et Khartoum ont souligné l’importance de parvenir à un accord juridique contraignant sur le remplissage et l’exploitation du barrage de la Renaissance. Les deux parties ont souligné que « la mise en oeuvre par l’Ethiopie de la deuxième phase unilatérale du remplissage du barrage de la Renaissance constituerait une menace directe pour la sécurité hydrique de l’Egypte et du Soudan ». Au cours de sa visite au Caire, la ministre soudanaise a participé également à la 155e session du Conseil de la Ligue arabe au niveau ministériel, tenu du 1er au 3 mars.

Un débat riche

A la Fondation Al-Ahram, la ministre soudanaise a été reçue par Abdelmohsen Salama, président du conseil d’administration, et Alaa Sabet, rédacteur en chef d’Al-Ahram, ainsi que par plusieurs rédacteurs en chef des publications d’Al-Ahram : Névine Kamel (Al-Ahram-Hebdo), Ezzat Ibrahim (Al-Ahram Weekly), Magued Mounir (Al-Ahram Al-Massaï et Al-Ahram Portal). Le débat a été également animé par un certain nombre d’experts politiques du CEPS.

« La nouvelle classe politique dirigeante au Soudan porte un nouvel espoir et une nouvelle vision de la profondeur des relations entre les deux pays », a déclaré Abdelmohsen Salama, à l’ouverture du colloque, avant d’ajouter que « toute tentative d’altération de cette relation sera vouée à l’échec. Nombreuses sont les raisons qui exigent aujourd’hui l’unification des positions et des visions ainsi que la complémentarité entre les deux pays dans tous les domaines politique, économique, sécuritaire et militaire ». Pour sa part, la ministre soudanaise a donné sa vision sur plusieurs dossiers d’intérêt commun. « Je suis très ravie d’être présente aujourd’hui à la Fondation Al-Ahram, l’une des institutions les plus importantes et les plus anciennes du monde arabe et de toute la région », a déclaré Mariam Al-Mahdi en soulignant son intention de renforcer la coopération avec la Fondation et le CEPS. Elle a mis également l’accent sur l’importance du rôle que doivent jouer les médias et les intellectuels des deux côtés pour surmonter l’état de polarisation, qui, selon elle, représente « l’une des menaces pesant sur les relations entre les deux pays ».

En ce qui concerne les relations égypto-soudanaises, les démarches soudanaises visant à renforcer la coopération avec l’Egypte « ne sont dirigées contre personne », selon Mariam Sadeq. Au contraire, elles sont nécessaires pour le bien du Soudan et de l’Egypte et jouent en faveur de la stabilité de l’ensemble des pays de la vallée du Nil.

Mariam Sadeq a souligné la nécessité d’activer les accords entre les deux pays et de les transformer en réalité sur le terrain, sinon ils resteront uniquement des déclarations de bonnes intentions.

Concernant le barrage de la Renaissance, la ministre a insisté sur le fait que le Soudan ne peut pas supporter les risques et les conséquences d’un deuxième remplissage s’il a lieu sans coordination. « Le deuxième remplissage du barrage met en danger la vie de 20 millions de citoyens soudanais », a-t-elle déclaré.

Elle a averti également que la vallée du Nil « est menacée par le deuxième remplissage du barrage éthiopien de la Renaissance ». Et d’ajouter: « Nous avons proposé de développer le mécanisme des négociations à travers la formation d’un quatuor international. Nous devons transformer la crise en une opportunité de coopération dans l’intérêt des trois pays ». La ministre a dévoilé également que le Soudan s’apprête à lancer des démarches diplomatiques intenses visant à informer les pays africains et le monde entier de la position éthiopienne dans les négociations sur le barrage de la Renaissance. Les participants au colloque ont convenu à la fin des discussions de la nécessité de faire face aux défis, d’éliminer les susceptibilités du passé dans les relations égypto-soudanaises, et de travailler ensemble pour bâtir un avenir meilleur dans l’intérêt des deux pays .

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