Digital Natives, iGénération, Linksters, Zoomers, hyper-connectés, Zappeurs, les qualificatifs ne manquent pas pour définir les jeunes issus de la génération Z. Qui sont-ils ? Ce sont les personnes nées entre 1995 et 2015 et dont les aînés ont à peine 25 ans. Ils représentent environ 1/3 de la population mondiale, soit environ 2,5 milliards de personnes. Cette génération est définie d’abord par le fait qu’elle est née alors que le numérique était déjà bien installé dans la société. Autrement dit, ces jeunes n’ont jamais connu de monde sans réseau. Agés de 5 à 25 ans, les Z arrivent progressivement sur le marché du travail et l’espace public. Le contexte numérique dans lequel ils ont grandi détermine leur vision du monde. Cet environnement a un impact sur leur mode de vie, leur façon d’apprendre, de consommer, de travailler et de voyager.
Définition d’une génération

Les Z sont plus flexibles et plus réalistes que la génération précédente.
Mais qu’est-ce qu'une génération, pour commencer ? C’est un concept sociologique qui désigne un groupe de personnes ayant quasiment le même âge et ayant vécu les mêmes événements historiques, politiques, économiques, sociaux et également technologiques. « La révolution numérique, accompagnée par la croissance de la vitesse de l’Internet et les évolutions de l’intelligence artificielle, est devenue un facteur majeur pour déterminer les caractères générationnels. C’est-à-dire, pour mieux comprendre le fonctionnement de chaque génération, il est nécessaire d’y joindre en parallèle les évolutions technologiques », explique Abdel-Salam Noweir, professeur de sciences politiques et doyen de la faculté de commerce de l’Université d’Assiout.
Cette génération succède à la génération « Y » et précède la génération « Alpha ». Les sociologues distinguent cinq grands groupes au cours du XXIe siècle : les baby-boomers, X, Y, Z (les contemporains) et Alpha. Selon la classification occidentale, les « baby-boomers » ou en français « explosion des naissances » sont la famille d’âge des personnes nées entre 1946 et 1968. Cette période a été marquée par une augmentation importante du taux de natalité dans certains pays occidentaux, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette génération est peu familière avec les nouvelles technologies ; elle a été surtout marquée par l’arrivée de la télévision. Puis vient la génération X, née entre 1968 et 1980. Ce groupe préfèrera vivre l’instant présent et recherchera toujours un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Nommés aussi les « immigrants du numérique », les X utilisent régulièrement les possibilités offertes par le numérique, mais il ne représente pas un mode de vie. Les Y, ou la génération Y, contemporains, sont nés après 1980. C’est une catégorie qui a grandi avec le numérique, mais qui a aussi connu la vie « sans Internet ». Elle forme le noyau de ce qu’on nomme « la génération numérique ». Elle est la plus touchée par la crise du Covid-19 sur le plan économique.

En Egypte, les jeunes Z représentent environ 38,8 % de la population selon la CAPMAS.
Selon les sociologues, le fossé entre les générations X et Y est plus grand qu’entre les représentants des groupes Y et Z. Nés depuis le milieu des années 1990, les Z sont connus pour être des « citoyens numériques multitâches ». Selon Abdel-Salam Noweir, les Z sont « plus flexibles et plus réalistes que la génération précédente. Ils naviguent sans cesse entre les deux mondes : le virtuel et le réel ». Arrive alors la « génération Alpha ». Plus de 2,5 millions d’Alpha naissent chaque semaine dans le monde, et d’ici 2025, ils atteindront 2 milliards. Les Alpha font partie du premier groupe d’âge à passer toute sa vie pleinement immergé dans la technologie.
Selon Noweir, la génération Z possède les mêmes traits de caractère de la jeunesse éternelle. Elle a néanmoins ses spécificités : la technologie a apporté à ces jeunes un degré de connectivité mutuelle et intergénérationnelle sans précédent. Ces « Digital Natives » s’expriment sur les médias sociaux de manière différente que leurs aînés.
La collectivité existe toujours, mais elle s’incarne autrement dans le monde numérique. Comment cette nouvelle génération est-elle perçue ? Beaucoup d’études et de sondages ont essayé de dresser un portrait, notamment numérique, de cette famille d’âge qui poste environ 60 % de sa vie privée sur les réseaux sociaux. 55 % des membres de la Gen Z passeraient au total près de 5 heures par jour devant leur écran de mobile, alors que 27 % consultent rapidement Internet toutes les heures. Ils utilisent aussi jusqu’à cinq applications de médias sociaux par jour, comme Facebook, Instagram, Snapchat, Gmail et Youtube. Des spécialistes établissent un lien entre le temps passé par cette communauté sur son portable et l’accroissement de l’anxiété et de la dépression.
Nouveau rapport avec le monde du travail
Sur le marché du travail, ce nouvel ensemble a aussi ses codes et ses exigences. En Egypte, il représente plus de 50 % de la population active. Comment intégrer et orienter cette nouvelle génération dans les entreprises et les institutions, voilà le nouveau grand défi. Les milieux du travail traditionnel doivent se préparer à accueillir cette nouvelle communauté, nettement différente des précédentes dans son rapport au travail, ses attentes et ses motivations. Le freelancing et le télétravail sont de nouveaux modes d’activité qui séduisent ces jeunes. « Pourquoi aiment-ils tant le travail libre ? Aucune autorité ne les contraint. Cette nouvelle génération est capable de travailler n’importe où, dans un café ou au club. L’essentiel est de trouver une connexion Internet », précise Ahmed Zayed, sociologue (voir Entretien page 8).
Décrypter la Gen Z égyptienne

Plus de 2,5 millions d'Alpha naissent chaque semaine dans le monde.
« La génération Z égyptienne n’est pas différente de ses pairs aux quatre coins du monde. Elle croit en la citoyenneté mondiale. C’est une famille intelligente mais qui souffre d’une dualité : le monde virtuel qu’elle préfère et qui lui permet de rêver et le monde réel avec tous ses défis et ses contradictions », souligne le Dr Ayman Abdel-Wahab dans la préface de la revue Ahwal Masriya, dont le titre est « Les problématiques des Z égyptiens ». « Bien que des centres de recherche occidentaux aient déjà commencé à cerner les contours de la génération Alpha, qui suit la génération Z, des études régionales arabes appropriées font toujours défaut. D’autant plus que les études effectuées sur le groupe Z dévoilent une génération ayant une perception différente de l’identité aussi bien que des constantes sociales », ajoute Abdel-Wahab.
Les jeunes Z, âgés de 5 à 25 ans, représentent environ 38,8 % de la population conformément aux chiffres publiés par l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) en mars 2020. En effet, ce groupe présente trois segments de la jeunesse : l’enfance, l’adolescence et les jeunes adultes. La part des enfants de moins de 9 ans représente environ 24 % de la population. Puis vient la catégorie des adolescents (de 10 à 19 ans) dont le nombre est d’environ 19 millions, soit près d’un cinquième de la population égyptienne. Environ 56,4 % de cette génération vivent dans les campagnes. Selon Abdel-Wahab, les liens entre les générations se sont distendus, surtout dans les sociétés en développement qui ne pouvaient pas suivre le rythme des évolutions technologiques. Un fossé générationnel aigu est apparu entre les groupes X et Z ainsi qu’à l’intérieur même de ces segments. « Dessiner une carte de connaissances des générations qui forment la société égyptienne, pour passer du pourquoi au comment, constitue le point de départ pour décrypter les Z égyptiens. Pour combler le fossé entre cette génération et les générations précédentes, il faudra ouvrir des espaces de dialogue avec cette génération loin de son monde virtuel et savoir quels sont les défis et les opportunités qu’elle peut présenter », conclut Abdel-Wahab.

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