« Une reprise durable est impossible tant que la maladie n’est pas vaincue partout. D’où la nécessité d’une coopération transfrontalière afin d’intensifier les efforts multilatéraux sur la fabrication, l’achat, et la distribution des solutions sanitaires, en particulier dans les pays les plus pauvres », a noté Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, dans un rapport publié deux jours avant l’ouverture du sommet du G20. Selon les calculs du FMI, si tout le monde avait accès au vaccin, 9 000 milliards de dollars seraient « sauvés » pour l’économie mondiale. Comment coordonner une riposte mondiale face au Covid-19 afin de sauver les vies et soutenir la reprise économique mondiale, une question qui était au coeur des discussions du G20. Le sommet intervient à un moment où le monde est confronté à une deuxième vague de pandémie. Près d’1,4 million de personnes sont décédées du coronavirus dans le monde et plus de 58 millions ont été contaminées. Par ailleurs, la course aux vaccins s’accélère. Un nouvel espoir a émergé après que le groupe pharmaceutique américain Pfizer et la société allemande BioNTech ont officiellement déposé, le 9 novembre auprès de l’Agence américaine des médicaments (FDA), une demande d’autorisation de mise sur le marché pour leur vaccin contre le Covid-19. En Europe, les premières autorisations de mise sur le marché pourraient intervenir en décembre prochain, d’après la présidente de la Commission européenne. Le vaccin russe Spoutnik V pourrait être disponible également avant la fin de l’année. La Chine, où le Covid-19 est apparu pour la première fois, est également bien avancée dans ses plans de vaccination, avec au moins trois produits en phase II des essais dans le pays.
A l’approche du lancement de ces vaccins, prévus tous en décembre, les inquiétudes grandissent quant à la monopolisation des pays riches du vaccin. « Les vaccins devaient être traités comme un bien public… accessibles à tous. C’est le seul moyen d’arrêter la pandémie », a prévenu le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, lors de son discours au sommet du G20. Pourtant, « les fonds promis jusqu’à présent ne sont pas encore suffisants pour y parvenir », ajoute-t-il.
Plusieurs défis
Par ailleurs, les dirigeants du G20 se sont engagés, selon la déclaration finale du sommet, de « ne reculer devant aucun effort » pour assurer l’accès abordable et équitable aux vaccins, et de « combler les besoins de financement encore existants », sans préciser des annonces concrètes.
Déjà avant même que le G20 ne commence, Guterres avait rappelé qu’il « manque 28 milliards, dont 4,2 avant la fin de l’année », pour financer l’ACT-Accelerator. Il s’agit d’un dispositif de coopération internationale mis en place sous l’égide de l’OMS pour s’assurer que les pays développés ne monopoliseront pas les traitements, les tests et les vaccins contre le coronavirus. Un tel engagement du G20 pour financer de façon conséquente le manque actuel « permettra une stratégie de sortie de crises », a ajouté Guterres.
De son côté, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde que « le nationalisme vaccinal, couplé à une course aux profits, prolongera la pandémie, ne la raccourcira pas ». « La stratégie du nationalisme vaccinal risque d’accroître l’effritement du multilatéralisme face à la crise sanitaire et menace de politiser l’accès au vaccin », explique Alaë Nassar, chercheuse à l’ECSS (Centre égyptien des études stratégiques). Selon un rapport publié en septembre par l’ONG Oxfam, un groupe de pays riches représentant 13 % de la population mondiale a pré-acheté la moitié des futures doses de vaccins contre le Covid-19.
En outre, les experts affirment que même lorsqu’un produit éprouvé sera disponible, il y aura toujours d’énormes défis de distribution associés à sa fabrication en masse et à son acheminement à travers le monde. C’est là que le danger du « nationalisme vaccinal » refait surface. « Si la commercialisation du vaccin était autorisée, sa diffusion à grande échelle poserait des défis logistiques énormes liés à la température à laquelle le composé doit rester », explique Amgad Al-Haddad, directeur du Centre d’allergie et d’immunologie à l’Institut de vaccination. Par exemple, le vaccin de Pfizer et BioNtech appartient à une classe de vaccins appelés « ultra-frais ». C’est pourquoi il doit être transporté à des températures inférieures à -70º C. C’est un défi car de nombreux pays ne disposent pas des équipements adéquats pour atteindre ces températures. Pfizer a déjà prévu une solution et créé des conteneurs spécifiques, de la taille d’une valise, qui peuvent transporter jusqu’à 5 000 doses de vaccins. L’expédition d’un vaccin contre le coronavirus à travers le monde sera le « plus grand défi de transport jamais réalisé », selon l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui estime que « 8 000 Boeing 747 seraient nécessaires pour acheminer une dose de vaccin à chaque habitant de la planète » .
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