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La crise économique, défi majeur de la transition

Amira Samir, Mercredi, 02 septembre 2020

Principal déclencheur du mouvement de contestation qui a provoqué la chute du régime de Omar Al-Béchir en avril 2018, la crise économique constitue aujourd’hui un défi important pour le gouvernement soudanais. Le pays fait face à des taux d’inflation record, qui ont entraîné la chute de la monnaie locale à des niveaux sans précédent.

La crise économique, défi majeur de la transition
L›écart est énorme entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle.

La livre soudanaise a perdu plus de 50 % de sa valeur depuis mars dernier. Le dollar s’échange à 55 livres soudanaises contre 206 sur le marché parallèle. Selon des estimations, la livre soudanaise continuera à perdre de la valeur sur le marché parallèle dans la période à venir. Au Soudan, tous les autres indicateurs économiques sont dans le rouge. La pandémie de coronavirus a aggravé davantage les problèmes économiques existants, qui ont été le principal déclencheur du mouvement de contestation ayant provoqué la chute du régime de Omar Al-Béchir en avril 2018. La dette extérieure est estimée à plus de 190 % du PIB, alors que le taux d’inflation a atteint 136 % en un an. Selon le FMI, l’économie soudanaise s’est contractée de 2,3 % en 2018, de 2,5 % en 2019 et aurait une croissance négative de -1,2 en 2020. D’ailleurs, ces données économiques ont augmenté le nombre de chômeurs au Soudan. Le taux de chômage a atteint 10,8 % en 2019, et il devrait atteindre 20,9 % en 2020, avant de passer à 26 % en 2021 selon les prévisions.

Nouvelles mesures anticrise

Dans une tentative de régler la crise économique, le gouvernement vient d’approuver le budget 2020 révisé et s’apprête à lever progressivement les subventions énergétiques, qui absorbent 36 % du budget. Héba Mohamad Ali, ministre des Finances et de la Planification économique, a souligné que la raison de la révision du budget est la nécessité d’adopter des politiques qui atténuent l’impact négatif de la pandémie de Covid-19 sur l’économie. « Les revenus de l’Etat ont baissé de 40 %, et cela a créé un énorme déficit. Le gouvernement doit prendre des mesures d’urgence dont l’ajustement progressif des taux de change et du dollar douanier pour arriver aux taux réels d’ici deux ans », a affirmé la ministre des Finances. Sur un autre volet, face à la détérioration de la situation économique, le gouvernement a annoncé en juillet être parvenu à un accord avec le FMI pour la mise en place d’un programme de réformes conduit par l’institution pour les douze prochains mois. Celui-ci comprend de nombreuses mesures, y compris la réforme du système des subventions. « Le gouvernement est conscient de l’ampleur des souffrances dont personne n’est épargné. Les procédures suivies par le ministère des Finances seront difficiles dans la première période, et leurs résultats directs apparaîtront à moyen et à long terme », a ajouté la ministre, en soulignant que ces réformes économiques sont nécessaires pour remédier aux « distorsions de l’économie soudanaise ».

Pourtant, pour certains spécialistes, les mesures prises par le gouvernement ne sont pas efficaces pour résoudre les problèmes structurels accumulés au cours de 3 décennies. « Le Soudan traverse une grave crise économique depuis 2018, qui nécessite la mise en oeuvre urgente de réformes. Mais la révision du budget ne résoudra pas tous les problèmes accumulés du jour au lendemain. En outre, les conditions exigées par le Fonds monétaire international pour accorder le prêt à Khartoum, telles la dévaluation de la livre et l’annulation progressive des subventions, pourraient aggraver davantage la crise en provoquant un mécontentement populaire. C’est-à-dire, le Soudan sortira d’une crise pour entrer dans une autre », explique Qamar Mohamad, chercheuse spécialiste de l’économie régionale à l’Université du Caire. Et de conclure : « Ces mesures économiques que le gouvernement entend appliquer à compter de septembre aura des effets négatifs sur le niveau de vie des citoyens. Le gouvernement devra fournir ainsi une aide sociale à plus de 80 % de la population soudanaise, dont plus de 50 % vivent en dessous du seuil de pauvreté », conclut Qamar.

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