Dans une interview accordée à la télévision, le ministre de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Mohamad Abdel-Ati, a mis l’accent sur les dangers que représente le barrage de la Renaissance (GERD) pour le Soudan. «
Deux choses inquiètent fortement le Soudan : l’effondrement du GERD, qui entraînera un anéantissement total du Soudan, et l’impact grave du barrage sur les barrages soudanais ». Le ministre a ainsi expliqué que l’Egypte avait exécuté une simulation de l’effondrement du barrage à l’Université du Caire et dans plusieurs centres de recherche, qui a montré l’éventualité importante que l’effondrement entraîne une vague de 16 m de haut qui submergera tout le Soudan. Et d’ajouter : «
Durant la période de grande crue, près d’un milliard de m3 d’eau arrivent à la frontière entre le Soudan et l’Ethiopie. Les barrages soudanais sont conçus de sorte à assimiler cette quantité. Si nous supposons que le barrage éthiopien stockera, sans aucune coordination avec la partie soudanaise, un milliard et demi de m3 d’eau par jour, cette quantité est à même de détruire les barrages soudanais ».
Le barrage de Roseires exposé à un grand risque
Dans ce contexte, le ministère soudanais des Affaires étrangères a adressé une lettre au Conseil de sécurité dans laquelle il a averti que le remplissage du GERD avant de parvenir à un accord avec les pays en aval nuira au barrage de Rosières et mettra en danger la vie de milliers de Soudanais. « Les dangers seront énormes pour le réservoir de ce barrage et pour tout le Soudan si nous ne parvenons pas à un accord contraignant pour toutes les parties, afin d’établir une coordination entre les barrages soudanais et éthiopien, car le fait que le GERD ne soit pas sécurisé menace d’effondrement le réservoir du barrage de Rosières. Partant, un accord contraignant et un autre sur les indemnisations sont une nécessité impérieuse », a déclaré Dr Ahmad Al-Mofti, spécialiste soudanais de l’eau et des barrages.
Situé à 100 km seulement du barrage de la Renaissance, le barrage de Rosières, vieux de 68 ans, représente le principal pilier du réseau électrique national soudanais. Il assure une électricité propre et bon marché à de nombreux projets de développement. En 2008, le barrage avait été construit pour assurer un stockage supplémentaire de 4 milliards de m3 d’eau et pour augmenter de 40 % la production d’électricité. La question de la sécurité du barrage et du réservoir de Rosières a toujours figuré dans les négociations sur le GERD. Elle représente un facteur explicatif essentiel de la position soudanaise du fait qu’il est maintenant à la merci du barrage de la Renaissance.
En effet, ce dernier représente un danger direct pour la sécurité du corps du réservoir et pour son efficacité opérationnelle dont découleront de graves conséquences aux niveaux économiques et sociaux.
Dans ce contexte, le magazine italien Africa 24 a élaboré un rapport sur les dangers du GERD pour le Soudan affirmant que « le Nil représente l’artère de la vie au Soudan. Il est responsable de la production de 80 % de l’électricité du pays. Raison pour laquelle le barrage de la Renaissance représente un grand danger pour ce pays africain ». Selon ce rapport, les activités des secteurs vitaux s’arrêteront complètement à cause des ruptures d’électricité fréquentes et prolongées. Ce qui entraînera d’énormes pertes financières dans les secteurs commerciaux et industriels qui comptent essentiellement sur l’électricité. Une véritable inquiétude pour le Soudan, surtout depuis que l’Ethiopie a annoncé son intention de commencer le remplissage de son barrage malgré l’échec des négociations avec les pays en aval.
Mais ce n’est pas tout. Le fonctionnement du barrage de la Renaissance retiendra le limon, empêchant son arrivée au Soudan et conduisant à l’effondrement de l’industrie des briques rouges dans le pays.
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