L’egypte a entamé la 17e semaine de l’épidémie de coronavirus, alors que les efforts pour renforcer le système de santé et préserver l’économie se poursuivent. Après 66 jours de suspension, la mosquée d’Al-Azhar a organisé la prière du vendredi en présence uniquement des imams et du personnel de la mosquée, munis de masques et respectant la distanciation sociale. En fait, le comité de gestion de la crise de coronavirus devrait décider ce mercredi de la réouverture ou non des lieux de culte, cafés, cinémas, restaurants et clubs sportifs. «
L’épidémie est survenue à un moment où le gouvernement commençait à récolter les fruits du programme de réforme économique », a noté Moustapha Madbouli, le premier ministre, dans le rapport sur les «
100 jours de la lutte contre Covid-19 » publié, cette semaine, par le Centre d’information et d’aide à la prise de décision (IDSC). Selon ce rapport, qui documente les mesures prises par le gouvernement pour contenir l’épidémie depuis son apparition en février, la stratégie de gestion de crise repose sur un certain nombre d’axes: mettre en place un programme de prévention efficace, sensibiliser les citoyens, lancer une campagne nationale de stérilisation et de désinfection, atténuer les répercussions économiques et élaborer un plan de coexistence avec la pandémie.
L’Egypte connaîtra une augmentation du nombre de cas de Covid-19 au cours des deux prochaines semaines, selon les déclarations officielles et les estimations sanitaires. Le nombre de cas confirmés a déjà quadruplé au cours d’un seul mois, passant de 8400, le 8 mai, à 34079, le 7 juin. Le nombre de décès a également augmenté de plus de 1000 en un mois, passant de 514, le 9 mai, à près de 1237, le 7 juin. « Nous devrions enregistrer 40000 cas du 10 au 13 juin », a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur, Khaled Abdel-Ghaffar, indiquant que les chiffres annoncés équivalent à un cinquième de la réalité dans les modèles virtuels. « Les infections au coronavirus pourront monter en flèche et atteindre un million de cas, si les citoyens continuent d’ignorer les mesures de protection », a averti Abdel-Ghaffar. Pourtant, selon Mohamad Hassan, vice-ministre de la Santé chargé des initiatives de santé publique, environ 80% des patients atteints de coronavirus se rétablissaient sans soins hospitaliers. « Bien que le nombre de cas d’infection ait largement augmenté, nous sommes encore loin de la phase sévère que de nombreux pays ont connue », a déclaré Hassan, indiquant que l’Egypte est « maintenant dans la 17e semaine, et les chiffres montrent que le taux de guérison complète a atteint 25% et que le taux de mortalité est passé de 7 % à 3 % ».
A quand le pic épidémique ? Il n’y a pas jusqu’à présent de réponse précise à cette question. « Il est difficile de prédire quand l’épidémie atteindra son point culminant. Nous le saurons une fois qu’elle sera passée et lorsque les chiffres commenceront à baisser pendant deux semaines consécutives », a expliqué la ministre de la Santé, Hala Zayed.
Réduire la pression sur
les hôpitaux
Face à une éventuelle accélération de la pandémie, le gouvernement a annoncé une série de mesures visant à élargir les services sanitaires et de dépistage. Pour réduire la pression sur les hôpitaux, les patients qui ont des symptômes légers sont traités à domicile ou dans des résidences universitaires, afin de libérer des lits pour les cas critiques dans les hôpitaux d’isolement. 5013 centres de soins et 1000 convois médicaux fixes et mobiles sont chargés de distribuer les médicaments aux cas confirmés qui reçoivent un traitement à domicile. Le nombre d’hôpitaux mobilisés pour traiter les malades du Covid-19 a augmenté passant de 340 à 376, alors que le nombre de laboratoires effectuant des tests de dépistage est passé de 49 à 57. Ces hôpitaux comptent 35 152 lits, 3539 lits de soins intensifs et 2 218 ventilateurs. Par ailleurs, le ministère de la Santé a récemment approuvé les résultats des examens cliniques, notamment les radiographies pulmonaires et les analyses médicales comme moyen de diagnostiquer l’infection au coronavirus. Les personnes testées positives peuvent commencer immédiatement à recevoir le traitement sans attendre le résultat du test PCR. « Les protocoles de traitement du coronavirus sont constamment mis à jour », a assuré Hala Zayed. « Le Tamiflu a été retiré du protocole médical, en raison d’un manque d’efficacité. Il a été remplacé par des antiviraux plus efficaces, de l’hydroxychloroquine, des médicaments renforçant l’immunité, de la vitamine C, du zinc et des antibiotiques », a précisé la ministre.
Le ministère de la Santé a annoncé l’efficacité de l’injection de plasma sanguin d’un patient guéri à des malades du Covid-19 dans un état critique. Les personnes rétablies du coronavirus sont priées de se rendre au centre de transfusion sanguine le plus proche affilié au ministère pour faire don de plasma.
Par ailleurs, le directeur du système unifié des plaintes, Tareq Al-Rifaï, a annoncé l’activation de la permanence téléphonique du ministère de la Santé pour signaler les nouveaux cas de coronavirus (105) et d’une hotline dans le même but, affiliée au Conseil des ministres (16528). Une hotline a été également mise en place par le ministère de l’Enseignement supérieur pour les consultations médicales (15311), a-t-il ajouté.
L’application mobile « Santé de l’Egypte » contre le Covid-19, lancée le 14 avril, vient d’être actualisée afin d’éviter l’engorgement des hôpitaux et limiter les appels d’urgence. Certains services ont été intégrés à l’application dont le signalement de cas suspects de Covid-19. Cette application envoie des messages d’alerte à l’usager s’il s’approche de lieux où il y a des contaminations pour lui permettre de prendre ses précautions. Elle renferme également une carte des établissements hospitaliers accueillant les patients du Covid-19 et permet de géolocaliser l’hôpital le plus proche. Selon le porte-parole du ministère de la Santé, Khaled Mégahed, toutes les données personnelles des usagers sont chiffrées et sécurisées.
Cohabiter avec le virus
« L’Egypte retournera progressivement à la normale au cours de la seconde moitié de juin », a assuré le porte-parole du cabinet ministériel, Nader Saad, expliquant que « le rythme de la reprise des activités sera réexaminé au cours de la prochaine réunion ministérielle ». « Il n’y a pas de contradiction entre l’augmentation du nombre de cas et le retour progressif des activités économiques, tant que ce retour est bien organisé », a déclaré Saad. Selon Ossama Heikal, ministre de l’Information, « le groupe de gestion de crise examinera la situation et prendra une décision qui tiendra compte du nombre d’infections, des conditions des hôpitaux et du développement économique »
Dans le cadre des mesures de cohabitation avec le coronavirus, le port de masque est désormais obligatoire depuis le 30 mai dans les lieux publics jusqu’à nouvel ordre. Les contrevenants sont passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 4000 L.E. « Plus de 100 usines de textiles commenceront cette semaine à produire des masques réutilisables en tissu, soit 8 millions de masques par mois en guise de première étape, et ce, dans le but de produire 30 millions de masques par mois plus tard », a souligné la ministre du Commerce et de l’Industrie, Névine Gamea. La ministre a dévoilé qu’une coordination avec le ministre d’Etat pour la Production militaire était établie pour une production massive de ce genre de masques de protection.
Reprise progressive
des activités
L’augmentation des contaminations au coronavirus n’arrêtera pas les examens du bac qui devraient commencer le 21 juin. « Le gouvernement est déterminé à ce que les examens se déroulent au moment prévu. 500 millions de L.E. ont été débloquées pour garantir que les examens se déroulent dans un environnement sûr », a annoncé Tarek Shawki, ministre de l’Education et de l’Enseignement technique, lors d’une conférence de presse, dimanche 7 juin. « Les horaires des épreuves du bac ont été modifiées pour commencer à 10h. Une plateforme gratuite pour les révisions finales a été mise en place pour les étudiants du Bac », a-t-il précisé. Le ministre a évoqué une coordination avec le ministère de l’Intérieur pour la sécurité des étudiants. Il a affirmé qu’il y aurait 56 600 salles d’examens pour espacer les étudiants au nombre de 653 398 durant les épreuves. Le ministère a obtenu 17 000 capteurs infrarouges, 33 millions de masques ainsi que des gants et des chaussures jetables.
Par ailleurs, en attendant la décision d’une reprise des activités par le comité de gestion de crise, la Chambre des établissements touristiques a annoncé son plan de reprise partielle des restaurants et des cafétérias touristiques, qui se déroulera conformément à un ensemble de règlements de sécurité strictes. Le narguilé, les buffets ouverts et les zones réservées aux enfants seront toutefois interdits, et les effectifs dans les restaurants seront limités à 50%. Selon ce plan, chaque établissement doit placer des désinfectants pour les mains à l’entrée et à la sortie et concevoir un système de réservation en ligne ou par téléphone pour éviter l’encombrement et maintenir la distanciation sociale.
Pour sa part, le ministre adjoint du Tourisme, Abdel-Fattah Al-Assi, a souligné que 16 nouveaux hôtels ont reçu la « certification hygiène et sécurité » requise pour rouvrir avec une capacité réduite, portant le nombre total d’hôtels ouverts à 126. Les nouveaux hôtels certifiés sont au nombre de 9 à Hurghada, 3 à Charm Al-Cheikh, 1 à Alexandrie et 2 au Caire.
Sur le plan économique, le Fonds Monétaire International (FMI) et le gouvernement sont parvenus à un accord de principe, le 5 juin, sur le versement d’une aide d’urgence de 5,2 milliards de dollars pour faire face à la pandémie de coronavirus. « Cet accord confirme la confiance que les institutions internationales, tel le FMI, continuent d’avoir dans l’économie égyptienne et les politiques économiques adoptées par l’Etat pour faire face aux répercussions de la pandémie de coronavirus », estime le ministère des Finances dans un communiqué.
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