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Les défis de l’après-confinement

Aliaa Al-Korachi, Lundi, 01 juin 2020

Pour faire face au coronavirus, le gouvernement annonce des mesures strictes pour l’Aïd Al-Fitr, période de rassemblements populaires et de prière. A plus long terme cependant, l’enjeu en Egypte, comme dans le monde, est de préparer la cohabitation avec le virus.

Les défis de l’après-confinement

Les contours de « l’après-confinement » se dessinent peu à peu en Egypte. Jusqu’à présent, personne ne sait quand le Covid-19 prendra fin en Egypte et dans le monde. « L’humanité doit apprendre à vivre avec le nouveau coronavirus. Ce virus pourrait devenir endémique, et même un vaccin peut se révéler insuffisant pour l’éradiquer », a averti l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), mercredi 13 mai. L’enjeu aujourd’hui est donc comment préparer l’après-confinement plutôt que l’après-coronavirus. « Etant donné la situation mondiale, le Comité de gestion de la crise du coronavirus a discuté des mesures exceptionnelles qui seront prises pendant la période de l’Aïd Al-Fitr et les jours suivants. Ces mesures ont pour but de protéger les citoyens et de réduire le risque d’une flambée épidémique en raison des rassemblements pendant la fête », a déclaré le premier ministre, Moustapha Madbouli, avant d’annoncer un certain nombre de décisions et de répondre à plusieurs interrogations qui ont animé la scène ces derniers jours. Pour lutter contre la propagation du coronavirus, tous les magasins, centres commerciaux, restaurants, plages et parcs seront fermés à partir du 24 mai, premier jour de l’Aïd Al-Fitr, et jusqu’au 29 mai. Durant cette période, l’interdiction de circuler pour les personnes sera prolongée de 4 heures et ira de 17h à 6h, alors que les transports en commun et la circulation des bus entre les gouvernorats seront suspendus. Quant à la prière de l’Aïd Al-Fitr, elle sera aussi interdite. Les haut-parleurs externes des mosquées peuvent seulement transmettre les Takbirat de l’Aïd Al-Fitr (chants religieux de la fête). « La prière peut être faite à domicile », a affirmé l’Autorité des grands oulémas d’Al-Azhar. D’ailleurs, la Radio et la Télévision égyptiennes vont transmettre en direct la prière de l’Aïd depuis la mosquée d’Al-Sayéda Nafissa en présence de 20 fidèles seulement, personnel du ministère des Waqfs.

Le plan d’assouplissement post-Aïd

Madbouli a également dévoilé le plan d’assouplissement des restrictions envisagé après l’Aïd. En fait, à partir du samedi 30 mai, les mesures adoptées avant le mois du Ramadan seront à nouveau appliquées: l’interdiction de circuler ira de 20h à 6h, et ce, pendant encore deux semaines. Les magasins et les centres commerciaux ouvriront leurs portes sept jours par semaine jusqu’à 20h. Le port des masques de protection « sera obligatoire à partir du 30 mai », a souligné Madbouli, avant d’avertir que « de sévères sanctions attendent les contrevenants ». Selon le premier ministre, les citoyens sans masque ne seront pas autorisés à entrer dans les institutions ou à prendre les transports privés ou publics. « Ces mesures aideront à limiter les risques de propagation du virus », estime Amjad Al-Haddad, directeur du Centre d’allergie et d’immunologie à l’Institut de vaccination. En fait, la courbe des chiffres des nouvelles contaminations est ondulée. L’Egypte a enregistré, dimanche 17 mai, 510 cas de coronavirus. Il s’agit du bilan quotidien le plus élevé depuis l’apparition du virus à la mi-février, portant ainsi le nombre total des cas à 12229. « Le résultat de ces mesures strictes apparaitra dans les deux semaines suivantes, avec le début de la phase de coexistence avec le virus », ajoute Al-Haddad.

A quand la réouverture ?

« Le retour à la vie normale commencera à partir de la mi-juin, tout en suivant les mesures de précaution contre le virus », selon Madbouli, qui a annoncé la reprise progressive de plusieurs activités, dont les clubs sportifs et les centres de jeunesse, à partir de cette date. « La possibilité d’un retour progressif des restaurants et la réouverture des lieux de culte sont envisagées », a ajouté le premier ministre. Quant aux examens du Bac prévus le 7 juin, ils ont été ajournés de deux semaines et commenceront le 21 juin « afin que toutes les mesures de précaution soient prises pour protéger la santé des élèves », a annoncé le ministre de l’Education, Tarek Chawki, avant de dévoiler son plan pour sécuriser et désinfecter les salles d’examen.

En fait, ces décisions interviennent alors que l’Egypte a déjà autorisé le retour progressif de certaines activités économiques comme le tourisme local. A partir du 1er juin, les hôtels seront autorisés à fonctionner avec une capacité maximale de 50%. « La réouverture des hôtels dépendra du taux d’infection au Covid-19 dans le pays et du respect, par ces établissements, des mesures de prévention pour contrer l’épidémie », a affirmé le ministre du Tourisme et des Antiquités, Khaled El-Enany.

Coexistence dynamique

D’ailleurs, le ministère de la Santé a publié la semaine dernière les lignes directrices du retour progressif des activités, ainsi que les précautions sanitaires à suivre dans les institutions, les centres commerciaux, les transports publics et les hôtels pendant la phase de coexistence avec le virus. Selon Al-Haddad, ce plan est en cours de finalisation par « le Comité de gestion des crises » qui est en train d’élaborer les mécanismes de sa mise en oeuvre, les sanctions en cas de non-respect des règles, ainsi que les priorités et le calendrier d’ouverture des activités. Ce plan sera appliqué en trois étapes. La première étape verra l’imposition de mesures très strictes pour éviter toute résurgence des taux d’infection. Elle sera appliquée jusqu’à ce que la moyenne des infections par jour diminue pendant deux semaines de suite. La deuxième étape, qui durera 28 jours, verra des mesures moyennes: obligation pour tous les citoyens de porter des masques faciaux et de rester dans des lieux bien ventilés afin d’éviter la contamination. La troisième phase durera jusqu’à ce que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) réduise son évaluation des risques liés au virus à « faible ». Les entreprises et les propriétaires de centres commerciaux seront tenus de fournir des sprays désinfectants pour les mains, tout en maintenant une faible densité de clients. Les mesures comprennent également la surveillance régulière de la température corporelle avant d’entrer dans les installations, le métro et les trains. Le ministère de la Santé a également recommandé, dans son plan, que les personnes âgées de plus de 50 ans ou atteintes de maladies chroniques ainsi que les femmes enceintes ne sortent de leurs maisons qu’en cas d’extrême nécessité.

Responsabilité collective

Comment assurer la réussite de cette phase de coexistence? Selon Al-Haddad, il est vrai que la conscience du citoyen sera l’arme la plus importante face à cette crise. Mais, pour traverser cette phase critique, la conscience ne suffit pas à elle seule. En parallèle, le gouvernement doit utiliser ses outils, en activant, d’un côté, les organes de contrôle pour faire appliquer les règles, et en multipliant d’un autre côté, les points de distribution des masques, désormais indispensables pour freiner la propagation du coronavirus. « Les normes accréditées pour la fabrication des masques en tissu seront transmises dans les jours à venir aux usines. Les masques doivent être accessibles au grand public », a souligné Madbouli. Pour sa part, le ministre d’Etat à la Production militaire, Mohamad Al-Assar, a déclaré que « les usines militaires intensifient actuellement la production des masques qui devrait atteindre environ 4,5 millions de masques par jour d’ici la fin du mois courant ». Selon Tarek Fahmy, politologue, la coexistence avec le coronavirus ne signifie pas accepter le risque, mais plutôt faire l’équilibre entre les considérations sanitaires et économiques l

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