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Quelles conséquences économiques sur la région arabe ?

Racha Darwich, Lundi, 11 mai 2020

Dans un récent rapport, le département économique du secrétariat général de la Ligue arabe revient sur les conséquences économiques de la crise actuelle dans la région arabe. Il appelle à la création d’un fonds arabe de crise.

« La crise actuelle est, à différents aspects, une double crise. Il s’agit d’une crise interne et externe, d’une crise d’offre et de demande, d’une crise du marché et une crise du gouvernement. Partant, les outils traditionnels adoptés pour affronter les crises économiques seront inefficaces, et tout le fardeau pèsera sur les gouvernements arabes avec l’épaulement des institutions locales de la société civile et des institutions internationales de financement ». C’est ce qu’on peut lire dans un rapport publié cette semaine par le département économique du secrétariat général de la Ligue arabe intitulé « L’impact et les répercussions économiques du coronavirus Covid-19 ». Se basant sur les perspectives des institutions internationales concernant le développement de l’économie mondiale, le rapport présente en détail les conséquences économiques de la pandémie dans la région arabe. En effet, selon une première évaluation de l’Organisation Mondiale du Travail (OMT), la crise pourrait mettre au chômage 25 millions de personnes dans le monde. Le Fonds Monétaire International (FMI) a aussi déclaré que cette crise aurait de graves conséquences économiques qui conduiraient à des chocs consécutifs nuisant gravement à l’offre et à la demande. Quant à la Banque de développement asiatique, elle a déclaré que le coût mondial de la propagation de la maladie pourrait atteindre 4,1 milliards de dollars.

Répercussions à court et à long terme

Pour ce qui est de la région, selon le rapport, les conjonctures dans les pays arabes sont de loin meilleures qu’aux Etats-Unis, que dans les pays de l’Union Européenne (UE) ou qu’en Chine. En effet, la majorité des pays arabes ont adopté des mesures préventives, afin de ne pas atteindre le stade de la pandémie atteint dans ces pays. Cependant, ces mesures ont eu de graves conséquences économiques. La fermeture de l’espace aérien entraîne d’énormes pertes aux secteurs de l’aviation et du tourisme, lequel est une source de revenu importante pour de nombreux pays arabes. Le tourisme interne aussi sera profondément affecté à cause du confinement et de la fermeture des centres commerciaux et des restaurants. Le rapport a fait référence aux deux rapports de l’Organisation arabe du tourisme et de l’Organisation arabe de l’aviation civile, qui ont signalé que les secteurs du tourisme et de l’aviation ont enregistré des pertes atteignant près de 46 milliards de dollars en conséquence de cette crise qui menace des centaines de milliers d’emplois saisonniers dans le monde arabe. Ce qui se reflétera sur les revenus des personnes et leur pouvoir d’achat et mènera par conséquent à une stagflation éminente.

Le rapport prévoit que la crise du coronavirus aura à long terme un impact négatif sur l’économie mondiale et arabe, notamment les pays qui souffrent de taux élevés de chômage et de malnutrition. Des estimations prévoient donc des pertes de 420 milliards de dollars des capitaux des marchés, soit 8% de la richesse de la région, des pertes de 63 milliards de dollars du PNB des pays membres de la ligue et des pertes de 550 millions de dollars par jour des revenus du pétrole si les cours du pétrole demeurent entre 25 et 30 dollars le baril. Ces estimations prévoient aussi une augmentation des dettes de 220 milliards de dollars (soit 8 % du PNB total de la région), ainsi qu’un recul des exportations de 28 milliards de dollars, et par conséquent, une perte de 2 milliards de dollars des taxes douanières. Près de 1,7 million d’Arabes pourraient perdre leur emploi en 2020, augmentant ainsi le nombre des chômeurs, qui atteignait déjà 16 millions avant la crise et introduisant également près de 8,3 millions de personnes en dessous du seuil de la pauvreté dans la région. L’augmentation de la pauvreté conduira près de 1,9 million d’habitants à la malnutrition, qui représentera un grand défi pour la région, vu que la région arabe exporte des produits alimentaires d’un montant d’un milliard de dollars par an.

Parmi les recommandations présentées par ce rapport figure la création d’un fonds arabe de crise à l’instar du fonds de soutien des PME. Ce fonds serait financé par les fonds de financement régionaux et nationaux, alors que les pays membres de la ligue auraient le libre choix d’y prendre part ou pas. De plus, le rapport a recommandé la révision des conditions requises à l’octroi du soutien financier aux pays membres de la Ligue arabe, afin d’aider les pays à contrer l’impact économique et financier de la crise, tout en ajournant les versements dus par les pays arabes durant cette période. Le rapport a réclamé que ces prêts soient essentiellement destinés aux objectifs à caractère social, tout en étudiant la possibilité de présenter des prêts au secteur privé gravement touché par la crise.

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