Régression ou progression du virus ? Une semaine décisive commence. «
L’Egypte a une réelle opportunité pour contrôler efficacement l’épidémie du coronavirus. Le nombre de personnes infectées et celui de victimes du Covid-19 confirment la capacité et le succès du système de santé du pays à réagir », a déclaré Yvan Hutin, directeur des maladies contagieuses au bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale. «
Cependant, nous ne devons pas cesser la lutte et continuer l’engagement collectif à travers des mesures de prévention aux niveaux de l’Etat, des établissements sanitaires et de la société », a recommandé Hutin, qui a conduit une mission d’évaluation en Egypte à la demande du ministère de la Santé .
Alors que l’Egypte est entrée, mercredi, dans sa 2e semaine de l’interdiction de circuler, près de la moitié du monde est en confinement pour tenter de freiner l’accélération de la pandémie du coronavirus qui a fait 36 910 morts (chiffres de mardi). Dans le cadre de son plan de lutte contre le coronavirus, l’Egypte a imposé, le 25 mars, un couvrefeu nocturne de 19h à 6h jusqu'au 7 avril. D'autres mesures ont été prises, notamment l’interdiction des rassemblements publics et la suspension de toute activité éducative, culturelle, sportive et de divertissement. La fermeture des établissements scolaires et universités a été prolongée de 15 jours supplémentaires après le 29 mars.
Au 30 mars, l’Egypte comptait officiellement 656 cas de contamination au coronavirus et 41 décès. Le ministère de la Santé a annoncé que 150 personnes parmi celles contaminées par le virus s’étaient rétablies, soit un taux de guérison élevé de 28 %. « La situation est jusqu’à présent sous contrôle. La question n’est pas seulement de franchir le seuil des 1 000 malades du Covid-19, mais plutôt quand et à quel rythme nous parviendrons à ce stade », a déclaré Hala Zayed, ministre de la Santé. Et d’ajouter : « Il faut retarder et réduire autant que possible le pic, afin de donner le temps aux mesures de prévention de contenir le virus, de préparer les hôpitaux et le personnel médical, et voir si le coronavirus continue à se propager ou non avec l’arrivée de l’été ? ». En fait, l’Egypte mène une bataille décisive contre cette épidémie mondiale sur les fronts sanitaire et économique.
Mieux préparer le système de santé
Les allocations de santé ont augmenté dans le nouveau budget, pour atteindre 96,8 milliards de L.E., soit une augmentation de 23,8 milliards de L.E. par rapport à l'exercice en cours, estimé à 73 milliards de L.E. 27 hôpitaux au niveau du pays sont mobilisés. « Seuls 6 de ces hôpitaux sont actuellement utilisés pour traiter les personnes infectées par le virus, avec un taux d’occupation qui varie entre 50 et 60 % », a affirmé Hala Zayed. Par ailleurs, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a demandé, au cours d’une réunion urgente avec le ministre de l’Industrie, d’étudier la possibilité de produire localement les équipements médicaux et les appareils de respiration artificielle.
Quant au personnel soignant, en première ligne face au coronavirus, des cours de formation en ligne ont été lancés par le ministère de la Santé, pour informer les médecins au sujet des protocoles de traitement de la maladie et des règles d’hygiène à suivre dans les hôpitaux. 10 000 médecins ont été enregistrés. Pour soutenir et encourager ces « héros en blouses blanches », le président Sissi a ordonné, dimanche, une augmentation de 75 % de l’indemnité de profession médicale, qui coûtera à l’Etat 2,25 milliards de L.E., et le lancement d’un fonds réservé aux risques auxquels est confronté le personnel médical, et d’une prime exceptionnelle pour les hôpitaux et les centres médicaux impliqués dans la lutte contre la pandémie.
Concernant la disponibilité des tests, selon le communiqué de l’OMS, « des progrès ont été réalisés dans l’augmentation du nombre de laboratoires en mesure de tester le Covid-19. 17 laboratoires à travers l’Egypte ont désormais la capacité de faire les tests. Quatre autres seront mis en service prochainement et des laboratoires universitaires seront également engagés. Avec le soutien de l’OMS et d’autres partenaires, l’Egypte a désormais la capacité de réaliser jusqu’à 200 000 tests ».
Réduire les effets du coronavirus sur l’économie
L'impact du coronavirus sur l'économie mondiale est toujours « difficile à prédire », selon le FMI. L’Egypte a adopté un plan global pour faire face aux effets économiques de cette crise mondiale et réduire son impact sur les citoyens et les secteurs touchés. Dans le cadre de ce plan, le Conseil des ministres a approuvé, lors de sa réunion hebdomadaire, le 26 mars, via vidéo-conférence, « un projet de budget historique » pour l’exercice 2020-2021 : le total des dépenses de ce projet de budget pour l’exercice fiscal 2020-2021 atteint 1,71 trillion de L.E., alors que les recettes s’élèvent à 1,3 trillion de L.E.
« Le projet de budget vise à maintenir le plus haut degré de stabilité financière, en soutenant l’activité économique et réduisant le déficit à 6,3 % », a souligné le ministre des Finances, Mohamad Maeit. Et d’ajouter : « Le budget de l’exercice 2020-2021 vise à réduire la dette publique du Produit Intérieur Brut (PIB) à 82,7 % d’ici fin juin 2021 ». Le nouveau projet de budget prévoit également de consacrer 36 milliards de L.E. à des initiatives pour soutenir les secteurs de la santé, de l’enseignement pré-universitaire et de la solidarité sociale.
Lors de la réunion hebdomadaire du cabinet ministériel, la ministre de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd, a indiqué : « L’Egypte a prévu plusieurs scénarios pour affronter la crise mondiale du coronavirus. La priorité étant de sécuriser la vie et la santé des citoyens », en précisant : « Le gouvernement travaille pour réaliser un taux de croissance de 6 %, mais nous prévoyons que, pendant l’exercice 2020-2021, le taux de croissance économique pourrait tourner autour de 4,2 %, si la crise se termine à la fin de l’exercice financier actuel. Autrement, si elle se poursuit jusqu’à l’exercice prochain, le taux de croissance risque de s’établir à 3 % seulement ». Al-Saïd a noté que le total des investissements publics mis en oeuvre entre juillet 2019 et février 2020 s’élèvait à 90,9 milliards de L.E., avec un taux de croissance de 12 % par rapport à la même période de l’année précédente. En ce qui concerne le taux de chômage, le gouvernement vise une réduction de ce taux pour atteindre 8,5 % d’ici la fin de 2020-2021 si la crise prend fin durant l’exercice en cours. De plus, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a décidé de plafonner les dépôts et les retraits bancaires, afin de limiter la manipulation des billets pour éviter la contagion et encourager l’utilisation des procédés électroniques bancaires.
Que se passera-t-il après le 7 avril ? Un prolongement de l’interdiction de circuler ? « Chaque étape sera plus difficile que la précédente. Les décisions sont prises en fonction du niveau de propagation du virus et de la capacité de le contenir », a déclaré Madbouli, avant d’ajouter : « Le défi est de ne pas se retrouver contraint de prendre des mesures plus dures et qui auraient des répercussions majeures ». D’ailleurs, l’interdiction partielle de la circulation en vigueur « ne vise pas à paralyser l’économie, mais à limiter les déplacements non nécessaires des citoyens. La production des denrées de base doit se poursuivre », a affirmé Madbouli, en jugeant indispensable que les services publics fonctionnent avec un nombre réduit d’effectifs l
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