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Infrastructure routière : L’Egypte sur la bonne voie

Aliaa Al-Korachi, Mardi, 11 février 2020

En cinq ans, l'Egypte a progressé de 90 places dans le classement mondial de la qualité des routes. Avec un réseau en pleine expansion, l'Egypte travaille parallèlement sur trois axes : le développement des voies à l’intérieur des gouvernorats, celui des routes nationales et celui des routes transnationales.

Infrastructure routière : L’Egypte sur la bonne voie

Tout commence par une route. Tel est le principe d’action de la politique ambitieuse entamée depuis 2014 pour développer le réseau routier en Egypte. Une stratégie qui a porté ses fruits : en cinq ans, l’Egypte a avancé de 90 places dans l’indice mondial sur la qualité des routes, l’un des indicateurs qualificatifs de compétitivité mondiale publié chaque année par le Forum économique mondial (WEF). En 2019, l’Egypte a réalisé un bond spectaculaire de 17 places par rapport au classement de l’année précédente, se hissant ainsi au 28e rang mondial de l’indice de qualité des routes, contre le 117e rang en 2014. Les scores de ce classement reposent sur une évaluation de la qualité et la sécurité des infrastructures routières sur une échelle allant de 1 (extrêmement sous-développées parmi les pires du monde) à 7 (complètes et efficaces parmi les meilleures du monde). Les notes obtenues par l’Egypte ont indiqué que le réseau s’améliore progressivement, puisque la moyenne des notes a atteint 5,1 en 2019, contre 2,9 en 2014. (Voir infographie). Et selon les chiffres publiés récemment par le Conseil des ministres, les projets du développement et de modernisation des routes exécutés ces dernières années ont contribué à la baisse du nombre des accidents de la route de 41,1 % (8 480 accidents en 2018, contre 14 403 en 2014).

Infrastructure routière : L’Egypte sur la bonne voie

« Le réseau routier est en pleine évolution », explique Hassan Al-Mahdi, professeur de génie routier à l’Université de Aïn-Chams, avant d’ajouter que « l’Egypte s’efforce actuellement à développer trois catégories de réseaux routiers en parallèle : routes nationales exécutées dans le cadre du Projet national des routes, routes locales à l’intérieur des villes et routes régionales pour relier l’Egypte avec les pays du voisinage », explique Al-Mahdi.

7 000 km de nouvelles routes

En termes de kilomètres, le réseau routier ne cesse de s’étendre. Lancé en juillet 2014, « le projet national des routes » envisage de construire 7 000 km de routes avec un coût de 175 milliards de L.E. 5 000 km de routes ont été déjà réalisés, alors que 2 000 km restants sont en cours d’exécution. Le projet vise également la réhabilitation de 5 000 km de routes du réseau routier actuel. Les travaux de la dernière phase du projet national des routes commenceront en juillet 2020, pour construire 1 200 km avec un coût de 20 milliards de L.E.

Les routes nationales sont créées pour servir les projets du développement durable, comme l’explique Al-Mahdi. « Le projet national des routes vise l’installation d’un nouveau réseau routier pour réaliser les objectifs du développement durable : développement urbain, agricole, industriel et touristique ». Pour ce faire, l’Egypte a enchaîné les constructions des routes, d’autoroutes, d’échangeurs et de ponts qui s’étendent tant à la verticale qu’à l’horizontale, dessinant une nouvelle carte de l’Egypte. (Voir page 4). « De 1952 à 2013, la longueur des routes a été évaluée à 24 000 km. Après l’installation de 5 000 kilomètres dans le cadre du projet national des routes, le linéaire du réseau routier a augmenté de 24 % en un temps record », explique Al-Mahdi. 10 axes sur le Nil et 20 ponts ont été récemment construits. Selon le bilan publié récemment par le ministère du Transport pour la période de 2014-2019, 32 milliards de L.E. ont été investies pour développer ou moderniser le réseau routier, alors que le coût total des projets d’infrastructures routiers en cours d’exécution s’élève à 52,5 milliards de L.E.

Réhabilitation du réseau interne

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10 milliards de L.E. ont été consacrées au développement du réseau routier interne.

Autre chiffre : 10 milliards de L.E. Telle est la somme consacrée, fin janvier 2020, pour le développement du réseau interne déjà existant. « Après la réalisation de nouvelles routes et de nouveaux ponts ou, en d’autres termes, les grandes artères extérieures, la priorité est donnée actuellement à l’entretien et la rénovation des routes internes dans les gouvernorats, pour les rendre en bon état et permettre son usage en toute sécurité », explique Al-Mahdi.

La réhabilitation des routes des gou­vernorats se fera en étapes. Ainsi, le coup d’envoi de la première phase de ce projet a été lancé le 5 janvier après la signature d’un protocole de coopé­ration entre le ministère du Transport et celui du Développement local pour entamer les travaux d’entretien et de pavage des routes internes des 12 gouvernorats, avec un coût de 2 mil­liards de L.E. : Qalioubiya, Guiza, Ménoufiya, Daqahliya, Béheira, Kafr Al-Cheikh, Gharbiya et Charqiya, Damiette, Béni-Soueif, Fayoum et Minya. Un comité technique a été formé pour identifier la liste des routes qui peuvent donner un rende­ment économique croissant, et qui nécessitent une intervention d’ur­gence. Et ce, « afin d’augmenter les produits locaux de ces gouvernorats et renforcer l’interconnexion écono­mique entre les principales villes », explique Al-Mahdi.

Un objectif stratégique

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Mais pourquoi investir dans les routes ? « Sans un réseau routier en bon état, il n’y aura ni investissement ni développement », a déclaré le prési­dent Abdel-Fattah Al-Sissi. La mobi­lité est une condition préalable au développement. Une économie dyna­mique dépend dans une large mesure du mouvement des produits et des services. Les populations sont tribu­taires des routes pour l’accès à l’em­ploi, à l’éducation et aux soins de santé. Le développement des réseaux routiers consiste, comme l'a déclaré le premier ministre, Moustapha Madbouli, « à exploiter de manière optimale les ressources humaines, naturelles et économiques du pays, afin de créer un climat propice aux flux des investissements qui seront orientés vers les nouvelles régions prometteuses ».

Désengorger les régions surpeu­plées et créer de nouvelles aggloméra­tions urbaines loin de la vallée étroite est un autre objectif-clé. « La moder­nisation des routes contribuera à une nouvelle redistribution de la popula­tion au niveau horizontal. Il suffit de dire que nous vivons sur uniquement 7 % de la superficie de l’Egypte ». D’ailleurs, le plan du gouvernement « de relier l’axe du Canal de Suez à un large nouveau réseau routier et urbain vise à faire de l’Egypte un centre commercial régional », estime Al-Mahdi. Pour réaliser cet objectif, le nouveau réseau routier est planifié de sorte à faire adapter les bouts des axes à s’étendre pour assurer une connexion routière future avec les pays du voisinage, que ce soit vers le sud avec les pays africains, vers l’est avec la Libye et les pays de Maghreb ou vers l’ouest avec l’Arabie saoudite.

Liaisons transafricaines

Créer un réseau des routes transafri­caines se trouve aujourd’hui en tête de priorité. Tout au long de sa présidence de l’Union Africaine (UA), le prési­dent Abdel-Fattah Al-Sissi n’a raté aucune occasion pour insister sur l’importance non seulement d’une connexion routière avec l’Afrique, mais aussi d’un transport électrique avec les pays du continent. C’est pourquoi l’Egypte entreprend actuel­lement un nombre de projet d’infras­tructures avec l’Afrique. Dans le cadre du projet national des routes, l’Egypte a modernisé et élargi la route Le Caire-Assiout occidentale. Erigée sur le territoire égyptien, cette route fait partie de l’axe routier Le Caire-Cape Town, ce projet ambitieux adop­té par l’Egypte. Long de 10 300 km, cette route, partant du port d’Alexan­drie en Méditerranée puis du Caire, doit traverser 7 autres pays africains : le Soudan, l’Ethiopie, le Kenya, la Zambie, la Tanzanie, le Gabon et le Zimbabwe, avant d’aboutir à la fin de la route au Cap, la capitale de l’Afrique du Sud. La route Toschka-Arkin, construite en janvier 2016 aux frontières égypto-soudanaises avec un coût de 190 millions de L.E., est aussi connectée au réseau routier égyptien. « Ces nouvelles routes qui se dessi­nent avec l’Afrique visent à stimuler d’un part le commerce intra-africain et augmenter d’autre part les exporta­tions égyptiennes vers le continent », conclut Al-Mahdi.

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