Jérusalem capitale indivisible de l’Etat d’Israël, les lieux saints ouverts
En contradiction totale avec le droit international, le plan américain propose que Jérusalem soit la capitale « souveraine » et « indivisible » d’Israël. Cette ville sainte pour les trois religions monothéistes est sous le contrôle de l’Etat hébreu depuis 1967. Les Etats-Unis y ont transféré leur ambassade le 14 mai 2018, en violation de la résolution 476 de l’Onu adoptée en 1980, qui interdit toute modification du statut de Jérusalem. Selon le plan américain, la capitale de la future Palestine se trouvera dans une partie de Jérusalem-Est, Abu Dis (voir fiche), qui a été séparée de la ville par un mur de béton érigé au début des années 2000 lors de la seconde Intifada palestinienne.
Selon le tracé de la carte de Trump, l’Etat palestinien englobera des localités du nord d’Israël, dont Umm Al-Fahm, capitale du « Triangle arabe », peuplée des communautés palestiniennes d’Israël. L’Etat israélien se débarrasserait de ces citoyens « déloyaux » et les relocaliserait en Cisjordanie, une revendication ancienne de l’ultranationaliste Avigdor Lieberman. Le plan permet aux habitants arabes qui résident au-delà de la ligne d’armistice de choisir entre trois options: devenir des citoyens israéliens, devenir des citoyens palestiniens ou demeurer comme résidents permanents au sein de l’Etat d’Israël.
L’ambassade américaine en Israël restera à Jérusalem. Celle dans le futur Etat palestinien sera installée sur un site qui sera choisi par les Etats-Unis.
Concernant l’Esplanade des mosquées, le plan affirme que les lieux saints de Jérusalem doivent rester ouverts et « les fidèles de toutes les religions pourront prier dans leHaram Al-Charif(mont du Temple) ». Depuis 1967, le statu quo autorise seulement les musulmans à prier sur l’Esplanade des mosquées. Le plan de Trump remet ainsi en cause ce consensus. La visite du chef du Likoud, Ariel Sharon, à l’esplanade, fin 2000 avait déclenché la seconde Intifada.
La vallée du Jourdain sous la souveraineté israélienne
Selon le droit international, les colonies situées en territoire palestinien occupé sont illégales. Le plan de paix dévoilé par Trump donne le feu vert à l’annexion immédiate de la vallée du Jourdain par Israël ainsi que les colonies de Cisjordanie occupée. 30% de la Cisjordanie seraient ainsi officiellement placés sous la souveraineté israélienne. Habitée par 65000 Palestiniens et 10000 israéliens, la vallée du Jourdain, à la frontière jordanienne, doit devenir selon le plan la frontière orientale d’Israël. S’étendant du sud du lac de Tibériade au nord de la mer Morte, la vallée du Jourdain est une zone stratégique pour ses terres fertiles et ses ressources en eau. « Annexer la vallée du Jourdain est une nécessité vitalepour la sécurité nationale d’Israël », prévoit l’accord du siècle. Le plan exige d’Israël de geler les colonies pendant quatre ans, durée pendant laquelle les Palestiniens pourraient revenir sur leur rejet actuel de ce plan. L’ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem, David Friedman, peu après la présentation du plan, a affirmé qu’Israël pourrait procéder à l’annexion des colonies de Cisjordanie à son territoire. En septembre 2019, Netanyahu en pleine campagne électorale avait promis d’annexer la vallée du Jourdain
Réfugiés : Pas de droit au retour
S’alignant intégralement sur la vision israélienne, le plan américain exclut tout « droit de retour » des réfugiés en Israël. « Il n’y aura aucun droit de retour de réfugiés palestiniens au sein de l’Etat d’Israël », prévoit le plan. En fait, le droit au retour des réfugiés palestiniens est un principe adopté dans la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Selon l’Onu, plus de 6 millions de réfugiés palestiniens ont été recensés en 2017 à travers le monde. 700000 ont été contraints à fuir lors de la création de l’Etat hébreu en 1948. Le plan donne aux réfugiés palestiniens trois options : le transfert dans le futur Etat de Palestine, l’intégration définitive dans leur pays d’accueil, l’intégration de 5000 réfugiés par an pendant dix ans au maximum (soit 50 000 réfugiés au total) dans un pays tiers membre de l’Organisation de la coopération islamique, ayant accepté de prendre part au programme d’intégration des réfugiés palestiniens. Pour Israël, le retour des réfugiés palestiniens constitue une menace démographique. En août 2018, les Etats-Unis ont supprimé leurs versements à l’Unrwa, l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine.
Gaza démilitarisée
« Gaza jouit d’énormes potentialités mais elle est otage des mouvements terroristes comme le Hamas et le Djihad islamique », affirme le plan de paix américain définissant ainsi le statut de la bande de Gaza. Israël sera tenu de « mettre en oeuvre ses obligations » et d’injecter « les investissements économiques prévus par le plan à Gaza » à condition que l’Autorité palestinienne, ou toute autre institution acceptable pour Israël, prenne le pouvoir dans la bande de Gaza aux dépens du Hamas. Le plan exige également la démilitarisation complète de la bande de Gaza et la mise en place d’une structure de gouvernance qui permet à « la communauté internationale d’investir à toute sécurité ». Si le Hamas veut jouer un rôle au sein du gouvernement palestinien, il doit au préalable reconnaître Israël, renoncer à la violence et accepter les accords déjà conclus entre Israël et les Palestiniens. enfin, l’accord prévoit la création d’un tunnel entre la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Israël contrôle les points de passage
Le plan accorde à Israël le droit d’intervenir militairement partout au nom de sa sécurité. Israël conserve la maîtrise de l’espace aérien de toute la zone. Quant aux points de passage, « tout passage de marchandise doit répondre aux préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité », indique le texte. En ce qui concerne le passage entre Israël et la Palestine, toute personne, tout bien ou toute marchandise franchissant les frontières de l’Etat de Palestine sera placé sous le contrôle strict d’Israël. Le plan prévoit la construction de deux routes vers et depuis l’Etat de Palestine. Toujours sous contrôle israélien, ces deux routes permettront aux Palestiniens de traverser la vallée du Jourdain jusqu’au poste frontalier avec le Royaume hachémite et permettront aux Jordaniens et aux autres citoyens de la région d’entrer en Palestine. Un conseil de surveillance de ces points de passage sera formé une fois l’accord signé entre Israël et la Palestine. Il sera composé de trois Israéliens, trois Palestiniens et un représentant américain. L’Etat palestinien n’aura pas le droit de conclure des accords de coopération en matière de défense, de sécurité ou de renseignement « avec des Etats ou des organisations qui peuvent mettre en péril la sécurité d’Israël ».
Lien court: