15 ans après sa mort, Yasser Arafat reste un symbole fort en Palestine. (Photo : Reuters)
Je vous ai apporté une arme à la main, un rameau d’olivier dans l’autre, ne laissez pas tomber le rameau ». Tels étaient les mots de Yasser Arafat en 1974 lors de son discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York. Ces propos résument en fait la philosophie de ce grand leader qui a pu balancer lutte armée et négociations de paix pour défendre les droits de son peuple. Mais sa main tendue ne reçoit aucun écho auprès des Israéliens.
Abou-Ammar, comme on le surnommait, a été pour les Palestiniens un héros national. Il a dévoué sa vie à la cause palestinienne, à tel point que cette cause a été identifiée, à un certain moment, à sa propre personne. Sa plus grande victoire est d’être parvenu à faire passer la question palestinienne d’une cause humanitaire à une véritable question politique. Lorsqu’il crée le mouvement Fatah en 1959 et fonde l’OLP en 1964 qui va s’affirmer dans les situations les plus contrastées et face à tous les interlocuteurs, il livrera un combat sans relâche pour la liberté. Il passe d’une logique de lutte armée au délicat processus de paix, menant jusqu’au bout sa fameuse « politique du possible ». Il ne rate aucune opportunité pour promouvoir la reconnaissance internationale de la cause palestinienne et la justice des aspirations de son peuple.
Arafat possède ce talent singulier, ce pouvoir inné de maintenir le consensus, de mobiliser les Palestiniens. Il reste aux yeux de son peuple le seul dirigeant qui incarne le combat pour un Etat indépendant. Pendant près de quatre décennies, sa quête constante est de créer un Etat souverain et d’offrir au peuple palestinien une identité aux yeux du monde. Un politicien, un résistant, la voix des réfugiés, l’espoir de son peuple, le père de la nation, la figure historique et charismatique, ce leader infatigable a consacré sa vie à la lutte pour l’indépendance. « Vivre sous l’occupation, c’est l’humiliation à chaque instant de sa vie. Résister à l’occupation, c’est vivre libre », disait-il.
Aujourd’hui et quinze ans après sa mort, la cause palestinienne n’a connu aucun pas en avant. Sa mort a fragilisé la position de la Palestine. Des territoires morcelés, une région entière sous blocus, une colonisation qui se poursuit, des affrontements et des violences quotidiennes, un mur de séparation, des divisions interpalestiniennes qui ne favorisent pas la prise des négociations gelées depuis le retour au pouvoir de Benyamin Netanyahu, un processus de paix agonisant et une communauté internationale qui semble soutenir le colonisateur, surtout après l’annonce de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. La cause fait également face à un premier ministre israélien qui refuse catégoriquement la solution à deux Etats. Rien ne permet d’envisager une solution imminente respectant le droit des Palestiniens de décider de leur avenir. Un désir de paix qui s’éteint et une cause en quête d’un leader visionnaire comme Arafat. Pour les Palestiniens, il était un symbole, un modèle, un espoir de voir l’occupation prendre fin. Sa vie restera la narration de l’histoire d’une Palestine résistante, de cette lutte continue d’un peuple pour avoir son propre Etat, sa propre dignité.
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