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Avis d’experts

Racha Darwich, Mardi, 12 novembre 2019

Le Centre égyptien des études stratégiques (ECSS) a publié en arabe et en anglais un livret intitulé Le Barrage de la Renaissance, menaces, mises en garde et solutions possibles, destiné à clarifier la situation auprès de l’opinion publique internationale.

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Réunion des ministres de l'Irrigation et des Ressources hydriques à Khartoum en septembre dernier.

A travers 7 articles rédigés par des journalistes, des chercheurs et des experts égyptiens, sont abordés en détail les différents aspects de la crise du barrage de la Renaissance ainsi que l’évolution des négociations entre les trois pays : l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. Sous le titre Le Conflit des visions autour du barrage de la Renaissance … Une crise pour tous, Dr Hassan Abou-Taleb, membre de l’organisme consultatif du Centre égyptien des études stratégiques, écrit que les relations entre l’Egypte et l’Ethiopie ont témoigné d'une amélioration croissante au cours des quatre dernières années à l’encontre du dossier du barrage de la Renaissance. En effet, il explique que la position égyptienne émane d’un principe scientifique à l’encontre de la position éthiopienne qui émane d’un principe purement politique. « La position égyptienne porte sur des différends méthodologiques autour des éventuelles répercussions des scénarios de remplissage du réservoir au terme de la construction du barrage. Partant, la position égyptienne revendique la participation au processus de gestion du barrage conformément à l’accord global qui permet à l’Ethiopie de profiter du projet tout en prenant en considération les droits hydriques de l’Egypte et du Soudan ». Par contre, il explique que la position éthiopienne émane d’un principe politique relatif à la souveraineté, selon lequel le Nil bleu traverserait l’Ethiopie, et qu’elle aurait par conséquent entièrement le droit d’en profiter selon ses intérêts et ses priorités, alors que prendre en considération les intérêts des pays en aval vient en second plan. « L’Ethiopie refuse catégoriquement tout échange d’informations autour des flux du fleuve, des spécifications techniques du barrage ou de sa vision autour de sa gestion durant les années de grande crue ou de basse crue ». Et de conclure que les deux visions égyptienne et éthiopienne sont très éloignées, chacune ayant des débouchées qui sont radicalement refusées par l’autre partie.

Des opinions étrangères aussi

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Quant à l’ex-ministre de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Dr Mohamad Nasreddine Allam, il présente dans son article intitulé Les Dimensions du conflit entre l’Egypte et l’Ethiopie autour du Nil une lecture détaillée de l’article publié par Erik Stokstad dans Science Magazine sous le titre Le Conflit des forces autour du Nil. L’article, qui commence par une chronologie des plans des barrages éthiopiens, présente les opinions des experts internationaux autour des conséquences de la construction du barrage de la Renaissance aussi bien sur l’Egypte et le Soudan que sur l’Ethiopie. Il rapporte que le Réseau international des organismes de bassin a déclaré que les études de planification et de conception du barrage étaient imprécises et incomplètes et que ses répercussions sur les habitants originaux n'étaient pas claires. « Alors que le gouvernement éthiopien prétend que 3 000 personnes seulement seront déplacées, la géographe américaine Jennifer Felix, de l’Université de Floride, estime leur nombre à 20 000, appartenant à des minorités. La construction du barrage va anéantir leurs sociétés et leurs civilisations ». Pour ce qui est du Soudan, Stokstad estime que la régularisation du flux du Nil bleu profitera aux grands projets agricoles soudanais comme le projet Al-Jazira, mais qu’il portera préjudice à de nombreuses petites exploitations agricoles qui comptent sur les eaux des crues pour inonder et laver leurs terres et renouveler le sol. D’ailleurs, Stokstad explique comment le barrage aura des conséquences négatives sur l’Egypte. « Le remplissage du barrage de la Renaissance entraînera une crise hydrique en Egypte ainsi qu’une baisse considérable de la production de l’électricité du Haut-Barrage », écrit Bloch. Enfin, Stokstad rapporte une opinion plus optimiste, celle du Dr Amaury Tilmant, de l’Université Laval au Canada, qui pense que la coordination des politiques de fonctionnement du Haut-Barrage avec le barrage de la Renaissance permettra de réduire les conséquences négatives sur l’Egypte et que le réservoir du barrage de la Renaissance pourra même approvisionner l’Egypte en eaux supplémentaires durant les années de sécheresse.

Dans son article titré La Poursuite de la construction du barrage de la Renaissance, les motivations et les obstacles, Mahmoud Salama, chercheur au Centre égyptien des recherches stratégiques, explique les motivations et les obstacles de la poursuite de la construction du barrage. Il écrit que la plus importante motivation est certes la volonté de mettre un terme à la crise des coupures d’électricité à cause d’un déficit de la production s’élevant à 460 mégawatts sachant que la barrage de la Renaissance permettra, à lui seul, de générer le double de la production actuelle. « D’ailleurs, Abiy Ahmed cherche à améliorer sa position et celle de son parti au pouvoir. En effet, depuis son accession au pouvoir, il a réalisé de grands pas sur la voie de la réforme politique. Mais la réforme politique a besoin d’exploits économiques pour consolider sa position », écrit Salama. Quant aux obstacles qui se dressent face à la poursuite de la construction du barrage, Salama estime qu’il s’agit en premier lieu d’un problème de financement vu que le coût est passé de 4,7 à 98 milliards de dollars à cause de la baisse de la valeur de la monnaie éthiopienne, en plus de l’instabilité politique qui s’avère aussi un obstacle majeur.

En expliquant les positions égyptienne et éthiopienne, l’ex-conseiller médiatique égyptien en Ethiopie, Mostafa Ahmadi, revient sur les débuts de la construction du barrage dans son article intitulé La Crise du barrage de la Renaissance … Flexibilité égyptienne et intransigeance éthiopienne. Ahmadi écrit qu’Addis-Abeba a annoncé sa construction en avril 2011 alors que l’Egypte était plongée dans la tourmente de la Révolution du 25 Janvier. « Bien que le président Al-Sissi ait reconnu le droit de l’Ethiopie au développement sans porter préjudice au droit de l’Egypte à la vie, les Ethiopiens n’ont pas pu assimiler ce nouvel esprit et continuent à s’engager dans des discussions et des négociations éternelles », rapporte Ahmadi, en ajoutant que l’Ethiopie n’a jamais reconnu les droits historiques de l’Egypte dans les eaux du Nil fixés à 55 milliards de m3 par an, selon l’accord du partage des eaux du Nil signé en 1959. « Cette position éthiopienne officielle ne promet aucune avancée. En effet, Le Caire a demandé à Addis-Abeba de libérer 40 milliards de m3 par an. Ce qui est largement inférieur à son quota historique ». Et d’expliquer qu’après la soustraction du quota du Soudan fixé à 18 milliards et le taux d’évaporation au niveau du lac Nasser qui atteint 10 milliards de m3 par an, l’Egypte sera largement en dessus de l’indice de pauvreté hydrique.

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