Une nouvelle saison commence et s’ouvre avec elle un nouveau chapitre de l’histoire mouvementée du football égyptien. Une page est tournée, une page qui avait pourtant certains beaux souvenirs avec la qualification à la Coupe du monde 2018 pour la première fois depuis 28 ans, mais qui s’est terminée sur une mauvaise note. Mais la scène finale fut l’élimination de la sélection d’Egypte des 8es de finale de la Coupe d’Afrique des nations 2019 organisée à domicile, des conflits au sein de la fédération ont surgi sur la surface, une mauvaise gestion des compétitions domestiques qui a fait que le championnat s’est étalé sur presque un an, la Coupe s’est terminée début septembre et la Supercoupe de l’édition passée 2017-2018 va encore se jouer ce vendredi 20 septembre.
La suite logique était la démission du conseil d’administration de la Fédération Egyptienne de Football (FEF) pour apaiser la colère publique suite à ce fiasco. Le 20 août dernier, la Fédération Internationale de Football (FIFA) a nommé un comité pour la gestion de la fédération avec la mission de revoir les statuts de la Fédération égyptienne de football et ses règlements de même que d’organiser les nouvelles élections à une date maximale du 31 juillet 2020. Une histoire qui se répète. En 2004, un comité, sous la présidence de Essam Abdel-Moneim, avait été nommé en charge de la FEF suite à l’échec de la CAN 2004 et des qualifications à la Coupe du monde pour redresser la barre du football égyptien. Une réforme qui a abouti à la domination du football égyptien au niveau continental pour plusieurs années, que ce soit au niveau de la sélection triple championne d’Afrique (2006, 2008 et 2010) ou au niveau des clubs avec une suprématie d’Ahli en Ligue d’Afrique.
Le président du nouveau comité Amr Al-Ganaini a sonné l’heure du changement en faisant le ménage au sein de la FEF, remerciant la grande majorité des cadres qui ont occupé le siège de la fédération pendant de longues années pour laisser la place à de nouvelles figures, afin de faire face à de nombreux dossiers pressants. « Nous sommes mandatés par la Fifa pour revoir la situation et nous travaillons en fonction d’une stratégie et d'un plan qu’on a mis conjointement en place. Nous allons préparer de nouveaux règlements pour remettre de l’ordre dans le paysage du foot, et notre priorité c’est le retour du public aux gradins et la bonne organisation des compétitions locales », a dit Al-Ganaini lors d’une conférence de presse début septembre.
Un calendrier fixe
La grande révélation a été la nomination de Hossam Al-Zanati (26 ans), ancien directeur adjoint du comité d’organisation de la CAN 2019, au poste crucial du président du comité des compétitions chargé de mettre en place le calendrier de la nouvelle saison. « Je promets d’annoncer un calendrier fixe, avec tous les horaires et terrains, et qui va prendre en considération tous les engagements continentaux des clubs et de la sélection. La saison va débuter en septembre et se terminera en mai 2020 », a-t-il dit lors d’une conférence de presse jeudi 12 septembre à l’occasion du tirage au sort du championnat. Parole tenue car la FEF a annoncé, dimanche 15 septembre, le calendrier complet du premier tour du championnat qui débute le 21 septembre et se terminera le 24 janvier prochain. Le calendrier comprend les heures fixes et 16 stades qui abriteront les rencontres après avoir reçu les autorisations nécessaires (voir fiche). « Chaque équipe participant à une compétition continentale ou régionale bénéficiera de 3 jours de repos avant le prochain match en cas de rencontre à domicile et 4 jours en cas de sortie. En cas de qualification à la demi-finale et la finale, elle bénéficiera de 5 et 6 jours respectivement. Nous annoncerons les dates de la deuxième moitié de la saison en fonction de la situation des clubs dans les diverses compétitions », a-t-il précisé. Ce petit laps de temps entre les rencontres avait été contesté auparavant en raison de la difficulté des voyages à l’intérieur du continent, surtout qu’il n’y a pas de vols directs entre tous les pays. Les ténors cairotes Ahli et Zamalek, représentants permanents dans les compétitions africaines interclubs, avaient toujours mis de grandes pressions sur la FEF pour reporter des matchs afin de leur accorder un plus grand temps de récupération, et avaient souvent pu remporter ce bras de fer.
Cette année, Ahli et Zamalek participent à la Ligue d’Afrique, Masri et Pyramids FC à la Coupe de la confédération africaine, tandis qu’Ismaïli et Ittihad d’Alexandrie jouent en Coupe arabe des clubs champions. « Il n’y aura pas de changement dans ce calendrier sauf si les autorités de sécurité demandent un changement de stade ou s’il y a un changement dans le calendrier d’une compétition internationale et par conséquent, de l’engagement des équipes participantes. Ces équipes possèdent de larges effectifs de 30 joueurs pour faire face à leurs nombreux engagements », a conclu Al-Zanati.
Le retour des spectateurs
Or, un malaise frappe le foot égyptien depuis 2012. Un huis clos a été imposé aux matchs depuis la catastrophe de Port-Saïd en février 2012 qui a laissé 74 morts suite à une embuscade lors de la rencontre entre Masri et Ahli. Les matchs se jouaient dans des gradins vides ou avec une audience limitée lors des rencontres continentales. Un spectacle sans spectateurs dans un pays où le public est fou du ballon rond. « Nous allons remédier à cette situation. Le retour du public est l’une de nos priorités, et nous allons essayer d’appliquer les critères qui étaient mis en place lors de la CAN. Après des consultations avec les autorités, je pense qu’on va d’abord commencer par la présence de 5 000 supporters de chaque équipe », avait dit Al-Ganaini. La finale de la Coupe d’Egypte entre Zamalek et Pyramids FC, qui s’est jouée le 8 septembre dernier, était animée par plus de 10 000 supporters.
Mais le grand défi sera ce vendredi 20 septembre lors de la Supercoupe d’Egypte entre les deux rivaux classiques du football égyptien, Ahli et Zamalek, au stade de Borg Al-Arab où 10 000 supporters ont été autorisés.
![Football : A l’aube d’un nouveau chapitre Football : A l’aube d’un nouveau chapitre](https://french.ahram.org.eg/Media/News/2019/9/17/2019-637043203872970610-297.jpg)
Une première cérémonie pour le tirage au sort du championnat a eu lieu le jeudi dernier.
Le système mis en place lors de la CAN avec le FAN ID et l’achat des billets en ligne était très sophistiqué et tous les équipements ne sont pas en place dans tous les stades de la compétition (voir interview). C’est pour cela qu’il va falloir recourir à des procédures plus simples, pour le moment, et vérifier les mesures de sécurité imposées par le Parquet égyptien en 2012 concernant les caméras de surveillance, les mesures de sûreté et la présence d’un nombre suffisant de membres de sécurité.
« Après la belle image que le public égyptien a montrée lors de la CAN, il est inacceptable de jouer les matchs locaux sans spectateurs. Ils sont l’essence du foot et créent la passion de ce sport. Beaucoup de jeunes joueurs de cette génération n’ont pas joué dans des stades remplis avec 50 000 ou 80 000 supporters. C’est une expérience unique et importante afin qu’ils ne se sentent pas intimidés face à une énorme pression dans des terrains étrangers. Mais il faut avoir des critères sévères pour maintenir l’ordre et mettre chacun devant ses responsabilités », avait dit Ayman Younès, ancien international de Zamalek.
L’arbitrage sur la sellette
Si Al-Zanati est perçu comme l’homme face au grand défi, Gamal Al-Ghandour, lui aussi, porte un lourd fardeau à la tête du Comité des arbitres. En effet, les largesses des arbitres sont devenues une constante dans le football égyptien lors des dernières saisons. Les arbitres égyptiens se sont retrouvés dans la ligne de mire pour des erreurs fatales au point que le richissime club de Pyramids FC avait payé les frais de recruter des arbitres étrangers lors de toutes ses rencontres la saison passée. Ahli et Zamalek ont aussi dénoncé ces performances et réclamé l’usage de la technologie de l’Assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). « Ce que je crains surtout la saison prochaine ce sont les erreurs de l’arbitrage. Nous avons témoigné d’un grand nombre d’erreurs la saison passée et nous sommes le premier club à avoir demandé qu’il y ait la VAR en janvier dernier. Nous avons vu que des problèmes de ce genre existent même en Europe, mais au moins, les erreurs seront limitées », avait dit Sayed Abdel-Hafiz, directeur de la section foot à Ahli.
Mohamad Fadl, membre du comité chargé de la gestion du football égyptien, a annoncé que la technologie de la VAR serait utilisée à partir de la deuxième moitié de la saison après la mise en place du système et l’entraînement nécessaire de tous les membres pour son utilisation. Cela pourrait prendre trois à quatre mois (voir interview).
De son côté, Al-Ghandour, l’un des meilleurs arbitres de l’histoire d’Egypte qui a officié dans deux Coupes du monde 1998 et 2002, a donné le support à ses poulains. « Nous avons de bons arbitres et nous devons leur faire confiance et intensifier nos efforts. Il n’y aura plus d’arbitres étrangers dans les compétitions locales à l’exception des matchs entre Ahli et Zamalek », a-t-il précisé.
Les Pharaons dans l’attente
Autre problème, le sélectionneur. Bien que l’ancien sélectionneur, Javier Aguirre, ait été remercié en juillet dernier, son successeur se fait attendre encore. Le débat éternel entre étranger ou Egyptien a été tranché par le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi lui-même lorsqu’il avait annoncé qu’il est pour la nomination d’un sélectionneur égyptien lors du Forum égyptien des jeunes en août dernier. Al-Ganaini a annoncé une liste finale de candidats pour le poste : l’ancien entraîneur légendaire des Pharaons, Hassan Chéhata (vainqueur du triplé en 2006, 2008 et 2010), l’ancien attaquant des Pharaons, Hossam Hassan, actuellement avec Smouha, l’ancien entraîneur d’Ahli, Hossam Al-Badri, l’entraîneur de Masri, Ihab Galal, et l’ancien attaquant d’Egypte et actuel entraîneur de Maqassa, Ahmad Hossam « Mido ». Les négociations sont encore en cours, mais l’annonce officielle est toujours attendue, surtout que le championnat va commencer et que le onze national doit aussi entamer sa préparation pour les qualifications de la CAN 2021 et la Coupe du monde 2022.
A part ce dossier, tout est prêt pour la mise en scène. Action le samedi 21 septembre.
Les stades du championnat
Stade du Caire (Le Caire)
Stade de l’Académie militaire (Le Caire)
Moqaouloun (Le Caire)
Petrosport (Le Caire)
Stade d’Al-Salam (Le Caire)
Stade du 30 Juin (Le Caire)
Stade de l’Organisme des sports militaires (Le Caire)
Borg Al-Arab (Alexandrie)
Stade d’Alexandrie (Alexandrie)
Stade d’Al-Max (Alexandrie)
Stade d’Ismaïliya (Ismaïliya)
Stade de Tanta (Tanta)
Stade d’Assouan (Assouan)
Stade d’Al-Gueich (Suez)
Stade de Gouna (Hurghada)
Stade de Ghazl Al-Mahalla (Al-Mahalla)
![Football : A l’aube d’un nouveau chapitre Football : A l’aube d’un nouveau chapitre](https://french.ahram.org.eg/Media/News/2019/9/17/2019-637043204249677270-967.jpg)
(Photo : Reuters)
Rendez-vous
1re journée
Samedi 21 septembre
15:00 Talaïe Al-Gueich-Moqaouloun
(Stade de l’Organisme des sports militaires)
17:30 Gouna-Ismaïli (Stade de Gouna)
20:00 Pyramids FC-Enppi (Stade du 30 Juin)
Dimanche 22 septembre
15:00 Assouan-Maqassa (Stade d’Assouan)
17:30 Al-Intag Al-Harabi-Masr FC (Stade Al-Salam)
17:30 Wadi Degla-Tanta (Petrosport)
20:00 Masri-Haras Al-Hodoud (Stade d’Al-Gueich)
Lundi 23 septembre
17:30 Smouha-Ahli (Stade de Borg Al-Arab)
20:00 Zamalek-Ittihad d’Alexandrie (Petrosport)