La toute dernière édition du Salon du livre de Pékin, qui vient de clore fin août 2019, est un indice non seulement de la présence arabe importante sur la scène asiatique, mais surtout d’un lien qui se consolide ces 10 dernières années. Dix pays arabes ont signé présent à travers l’exposition de leurs livres dans des pavillons ou à travers la participation à la 9e Conférence de l’édition numérique, organisée en marge du salon (voir entretien). Parmi les pavillons qui occupent un large espace au salon, on cite l’Egypte, l’Arabie saoudite (avec 2 pavillons, gouvernemental et universitaire), les Emirats Arabes Unis (EAU), incluant un pavillon d’Abu-Dhabi pour les livres du patrimoine et un autre du Salon du livre de Sharjah, le Liban, le Sultanat d’Oman, le Maroc, l’Algérie et l’Union des éditeurs arabes. Certains petits éditeurs se sont regroupés en formant des pavillons collectifs réunissant le Mashreq et le Maghreb arabes comme des Jordaniens, Marocains et des Tunisiens. « Le Salon de Pékin gagne de l’espace sur la scène internationale depuis quelques années, il existe une volonté de créer une plateforme arabo-chinoise des deux côtés », avance Awad Saïd, directeur de l’édition égyptienne à Beit Al-Hikma. Puisque depuis cinq ans, explique-t-il, la Chine était l’invitée d’honneur du Salon international du livre du Caire, puis à Casablanca et à Abu-Dhabi et qu’elle s’attache à exister sur la scène arabe et à renforcer les rapports mutuels.
A cette 26e édition, les projets de partenariat entre les maisons chinoises et celles arabes étaient nombreux. Exemple: le directeur de l’Organisme général du livre en Egypte (GEBO), qui est la plus grande institution gouvernementale concernée par le livre, a signé un protocole de coopération avec une maison chinoise afin de transférer les archives du GEBO en version numérique. L’exécution du projet est confiée à Beit Al-Hikma. Or, Awad Saïd et Ahmed Saïd sont deux frères égyptiens experts en la matière qui ont monté depuis 2011 la société Beit Al-Hikma pour les investissements culturels, à la fois en Chine et en Egypte. Le nom signifie la maison de la sagesse, et elle s’intéresse à la traduction de livres pour adultes et pour enfants, l’organisation de conférences culturelles et aux projets de numérisation des contenus. Parmi les 500 livres traduits du chinois vers l’arabe, fruit des travaux des éditeurs arabes, Beit Al-Hikma a à sa disposition 300 livres. Quant aux livres traduits de l’arabe vers le chinois, ils ne dépassent pas les 50 dont 15 signés par Beit El-Hikma. Les tabous, dit-on, du marché de la traduction chinoise sont les livres qui traitent de la religion ou de la politique. A part cela, la Chine s’est intéressée d’une manière précaire à la traduction des Moallaqat (genre poétique arabe ancien), aux romans de l’Egyptien Bahaa Taher ou de la Saoudienne Raja Alem.
Intérêt grandissant pour la langue chinoise
L’impact important de l’Egypte dans la coopération avec le côté chinois provient principalement du nombre de connaisseurs de la langue chinoise qui atteignent aujourd’hui 63 traducteurs. Cette donnée est indéniablement remarquable, surtout lorsque l’on connaît que la totalité des pays arabes n’ont que 5 ou 6 traducteurs du chinois. L’Arabie saoudite et les EAU commenceront à l’enseigner dans les écoles à partir de 2020.
Quant à l’apport de la technologie, les thèmes abordés cette année ont porté sur les récents développements dans l’industrie de l’édition, ou encore la complémentarité entre les supports papier et électronique à l’ère de la 5G. Awad Saïd insiste sur le fait que nous sommes internationalement à l’ère du livre numérique et celui sonore ou le livre parlant. « Le Salon du livre du Caire est parmi les rares salons à présenter encore cette quantité de livres en papiers ». Après la coopération arabo-chinoise sur les plans industriel et économique, il importe de miser aujourd’hui sur le culturel, qui est le plus durable et le plus réussi l
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