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Pour les petites bourses

May Sélim, Lundi, 21 janvier 2019

Les bouquinistes d’Ezbékiyeh ne font pas pour la plupart partie du Salon international du livre du Caire. Ils tiennent leur mini-événement, jusqu’au 15 février, place Ataba. Reportage.

(Photo : Bassam Al-Zoghby)
Malgré le froid, la foire d’Ezbékiyeh a attiré des clients dès son lancement. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

En plein froid, place Ataba, à la sortie de la station de métro, les bouquinistes d’Ezbékiyeh décorent leurs kiosques à l’aide de drapeaux égyptiens et de ballons. Des posters affichés, par-ci et par-là, souhaitent la bienvenue au public dans la mini-foire du livre organisée par les vendeurs d’Ezbékiyeh, interdits cette année de participer au Salon international du livre. Ils sont ouverts tous les jours, jusqu’au 15 février, de 9h à 21h, devant le Théâtre des marionnettes. Certains annoncent des remises de 70 % et 80 % sur les anciens livres, leur véritable spécialité. Des pancartes en carton, écrites à la main, incitent les gens à « lire et à en profiter », et d’autres marquent les prix des séries et des périodiques, vendues à 5 L.E., 10 L.E. et 15 L.E. Les organisateurs, portant des badges bleus, peuvent guider les visiteurs durant leur tournée.

« Nous nous sommes rendus à l’Organisme général du livre et à l’Union des éditeurs comme d’habitude, afin de participer à la 50e édition du Salon du livre. Mais les règles qu’ils ont voulu nous imposer cette année sont injustes. D’abord, ils ont insisté sur le fait qu’on loue un espace dans le nouveau Centre d’exposition, à Al-Tagammoe Al-Khamès, à 1 500 L.E./m2. De plus, ils nous ont interdit d’afficher les noms des librairies-trottoir. Nous comptons au total 118 bouquinistes dans toute l’Egypte, y compris ceux de la rue Al-Nabi Daniel à Alexandrie et ceux de Sayéda Zeinab, mais les organisateurs ont insisté sur le fait de n'accueillir que 33 bouquinistes au Salon international. Ils nous ont poussés donc à refuser leur offre », précise Am Harbi, le plus grand bouquiniste d’Ezbékiyeh, éclairant ainsi tant de rumeurs qui ont circulé à cet égard. Harbi est l’expert chez qui les clients fidèles viennent dénicher leurs références, notamment en matière de philosophie islamique et de poésie ancienne.

(Photo : Bassam Al-Zoghby)
Harbi, l'un des plus anciens bouquinistes d’Ezbékiyeh. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

« Nous avons décidé de tenir notre propre événement. On l’a déjà fait en 2011, lors de l’annulation du Salon international du livre du Caire pendant la révolution du 25 janvier. Il n’est pas question de concurrencer avec le salon officiel du livre, car c’est une manifestation internationale de grande envergure, mais nous souhaitons que notre événement alternatif réussisse. Seuls trois bouquinistes sur les 118 ont décidé de participer quand même au Salon international cette année et d’obéir aux nouvelles réglementations. Je ne veux pas mentionner leurs noms pour ne pas leur attirer la rancune des autres collègues. De toute façon, j’espère régler nos problèmes avec l’Union des éditeurs dans les années à venir », ajoute Harbi. En fait, certains accusent les bouquinistes d’Ezbékiyeh d’avoir vendu des livres piratés au Salon international du livre du Caire durant les éditions précédentes, nuisant ainsi aux intérêts des maisons d’édition. « Il ne faut pas généraliser. Les cinq ou six vendeurs qui se livrent à de telles pratiques sont connus par les lecteurs et par les éditeurs, on peut facilement les interdire », affirme Harbi.

Publicité sur Facebook

Cette mini-foire d’Ezbékiyeh a été précédée par une campagne publicitaire sur Facebook, lancée par des jeunes bouquinistes. « Notre page s’intitule Sour Al- Ezbékiyeh (le mur d’Ezbékiyeh) et est accessible à tous. Nous avons payé pour faire de la publicité à notre événement sur Facebook. On a prévu des concours pour les lecteurs, des cadeaux pour les visiteurs de la page … », explique Youssef Anwar, l’un des jeunes organisateurs.

Son collègue Ahmad Nosseir ajoute : « En peu de temps, la page a compté plus de 5 000 abonnés et les pubs sur Facebook ont été visionnées plus de 2 millions de fois. Malgré le mauvais temps, plusieurs clients viennent profiter des grandes remises. Durant toute l’année, il y aura d’autres occasions pour organiser des événements pareils ».

Parmi tant de kiosques qui vendent des livres anciens, la maison d’édition Dar Al-Kholoud nous interpelle. Elle est toute récente. « Mon cousin gère les éditions Dar Al-Kholoud et moi, je l’aide. On ne veut pas quitter Ezbékiyeh, car on cible plutôt la clientèle des bouquinistes, bref les gens ordinaires », lance Héba Karam, qui vend 5 nouveaux ouvrages à 20 L.E. Pas mal de jeunes filles viennent lui acheter des romans de poche, traduits vers l’arabe.

Des remises à tout va

(Photo : Bassam Al-Zoghby)
Une belle occasion d'acheter des livres à de bas prix.(Photo : Bassam Al-Zoghby)

Outre les bouquinistes d’Ezbékiyeh, d’autres librairies ont décidé de faire des remises spéciales aux lecteurs, loin des stands officiels du Salon international du livre. Ainsi, plusieurs mini-foires se déroulent en ville, en marge de l’événement majeur. Il y a par exemple, l’Ezbékiyeh de Maadi, une manifestation organisée par la bibliothèque de Maadi pour la vente de livres usés, du 15 janvier au 15 février au 29, rue 9, à la sortie du métro Sakanat Al-Maadi. On y offre des remises importantes sur des anciens ouvrages en arabe, anglais, français et italien.

Ensuite, Farchet Kotob Khan (librairietrottoir du Kotob Khan) est devenue presque un rendez-vous mensuel pour les lecteurs de la célèbre librairie de Maadi, pendant les cinq dernières années. Les branches de la librairie à Maadi et au centre-ville font des offres spéciales à sa clientèle, à même le sol, devant leurs locaux, tous les mois. La dernière fois a été le 15 janvier, au centre-ville, et le prochain rendez-vous de ventes spéciales est prévu en févier. Il sera annoncé sur la page Facebook du Kotob Khan.

Par ailleurs, une mini-foire était prévue à Doqqi, du 26 janvier au 2 février, dans les locaux de la librairie-boutique, Al-Microphone, située au 28, rue Gaber Ibn Hayyan. Mais afin d’éviter toute accusation de vouloir concurrencer avec le Salon international du livre du Caire, les organisateurs ont décidé de reporter leur événement, qui se déroulera du 1er au 14 mars prochain.

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