Le chef de la diplomatie américaine
lors de sa rencontre avec son homologue, Sameh Choukri.
« Les relations égypto-américaines constituent l’un de nos partenariats les plus profonds et les plus étendus dans la région », a tweeté le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avant d’atterrir au Caire, troisième escale de sa tournée au Moyen-Orient, la plus longue tournée d’un responsable américain dans la région. Rencontre du président dans le palais Al-Ittihadiya, conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, discours à l’Université américaine au Caire, et enfin, visite à la cathédrale et la mosquée de la Nouvelle Capitale administrative récemment inaugurées, Pompeo n’a cessé de transmettre à toute occasion des messages positifs et de montrer « d’une vraie reconnaissance américaine des orientations politiques égyptiennes dans les différents domaines, en parlant d’un rôle axial dans le règlement des conflits régionaux, d’un modèle à suivre dans la lutte contre le terrorisme et les libertés religieuses et d’un processus de réforme économique en bonne voie », comme l’explique Hassan Salama, professeur de sciences politiques, en ajoutant que cette visite est « l’une des plus importantes dans l’histoire des relations bilatérales des deux pays ».
En fait, l’Egypte occupe une place de choix pour les Administrations américaines différentes, une tribune de laquelle elles s’adressent au monde arabe. Pompeo est le troisième responsable américain à prononcer un discours depuis Le Caire après l’ancienne secrétaire américaine Condoleezza Rice en 2005, et l’ancien locataire de la Maison Blanche, Barack Obama, en 2009.
Rompre avec l’ère Obama
Les relations égypto-américaines ont beaucoup évolué depuis 2015, après des années sous tension sous l’Administration d’Obama. Dans son discours à l’Université américaine, Pompeo a avoué que les politiques erronées de l’ancienne Administration d’Obama, qui a sous-estimé « l’islam radical », et a « mal lu les données historiques », avaient négativement influé sur la sécurité de la région et sur la vie des millions d’Egyptiens.
Pour l’ambassadeur Hassan Rakha, membre du Conseil égyptien des affaires étrangères, cette visite a dévoilé « une volonté commune » de dynamiser les relations stratégiques entre les deux pays. Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, a déclaré, lors de la conférence de presse, que Le Caire et Washington étaient en train de préparer « un nouveau round d’un dialogue stratégique plus large en format 2+2 ». Il s’agit des réunions périodiques entre les ministres de Défense et des Affaires étrangères des deux pays.
En visite à la mosquée Al-Fattah Al-Alim dans la Nouvelle Capitale administrative.
Outre les relations bilatérales, le règlement politique des conflits régionaux était au centre des discussions. Selon le porte-parole de la présidence, Bassam Radi, les discussions entre le président Abdel-Fattah Al-Sissi et Pompeo ont porté sur les dernières évolutions en Syrie, en Libye et au Yémen. Lors de la rencontre, le président a confirmé la position constante de l’Egypte, basée sur « l’aboutissement à un règlement juste et global garantissant les droits du peuple palestinien d’avoir un Etat indépendant, conformément aux résolutions internationales ».
Terrorisme: Une lutte globale
« Le Caire est un partenaire solide pour Washington dans la lutte contre le terrorisme dans la région », a déclaré Pompeo devant les projecteurs au cours de la conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien. En fait, parmi les objectifs de la tournée de Pompeo dans la région, c’est d’inviter les pays arabes de rejoindre une alliance stratégique pour la sécurité du Moyen-Orient. Les buts stratégiques de cette alliance, selon la vision américaine, ont été déjà déterminés au cours du sommet de Riyad en 2017: freiner l’expansion iranienne dans la région et éradiquer les menaces de Daech. Or, pour l’Egypte, « garantir la sécurité de la région » est une notion plus large et plus globale. C’est un message que le chef de la diplomatie a essayé de transmettre en mettant l’accent sur la question d’empêcher « l’ingérence des pays régionaux dans les affaires internes arabes », et « l’occupation militaire des territoires arabes ». Selon Rakha, cette déclaration désigne, sans le mentionner, la Turquie. « Il est clair que parmi les préoccupations égyptiennes, comme pour tous les Arabes, c’est de savoir maintenant quels sont les limites et les impacts potentiels de la coordination entre Washington et Ankara en Syrie, notamment après l’annonce récente de la Turquie de mener une offensive prochaine pour combattre les Kurdes dans le nord de la Syrie, sans même attendre le retrait des troupes américaines ».
A la fin de sa visite, le secrétaire d’Etat américain a effectué une tournée dans la Nouvelle Capitale administrative où il s’est d’abord rendu dans la gigantesque cathédrale de la Nativité, inaugurée la semaine dernière par le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi, à l’occasion du Noël copte. Il a ensuite visité, accompagné de son épouse, la mosquée Al-Fattah Al-Alim.
« Le Seigneur est clairement à l’oeuvre ici », a-t-il dit dans chacun des deux édifices religieux. « C’est incroyable d’être ici au Caire, au coeur du Moyen-Orient, où cette liberté religieuse est possible », a-t-il encore insisté.
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