Le potentiel des immigrés reste largement inexploité. C’est ce que vient de dévoiler un rapport publié à la veille de la conférence de Marrakech, le 9 décembre, par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) en collaboration avec l’Union Européenne (UE). Alors que la tendance anti-migrant gagne du terrain en Europe, ce rapport appelle à accentuer les efforts pour mieux intégrer les personnes immigrées dans la vie sociale et économique. L’échec d’insérer les migrants non seulement pèse sur la croissance et la productivité, mais aussi « génère de l’instabilité politique et affecte négativement la cohésion sociale ». Intitulé « Trouver ses marques 2018 : Les indicateurs de l’intégration des immigrés », ce rapport présente une comparaison internationale exhaustive de l’intégration des immigrés ainsi que de leurs enfants entre les pays de l’UE et de l’OCDE. Aujourd’hui, ces pays comptent, respectivement, 128 millions et 58 millions d’immigrés, soit plus de 10 % de leurs populations. A travers 74 indicateurs, le document examine les dimensions-clés de l’intégration, notamment l’emploi, l’éducation, le logement, la santé, l’engagement civique et l’inclusion sociale. Le rapport illustre également les jeunes descendants d’immigrés et les disparités entre les femmes et les hommes.
Le niveau d’études et les résultats scolaires des enfants d’immigrés ont également progressé dans la plupart des pays d’accueil. Malgré ces quelques améliorations, ces immigrés ne parviennent pas souvent à des niveaux d’études plus élevés que ceux de la population d’origine et ne réalisent donc pas de meilleurs résultats sur le marché du travail. « Dans de nombreux pays, certains groupes vulnérables d’immigrés comme les réfugiés peuvent mettre 15 ans ou plus, en moyenne, pour atteindre un taux d’emploi similaire à celui des natifs du pays », affirme Dimitris Avramopoulos, commissaire européen chargé de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté.
Le chômage et la pauvreté
Le taux de chômage des immigrés est plus élevé. Dans les pays de l’OCDE, le taux de chômage est de 8 %, contre 6 % chez les natifs des pays membres. Au sein de l’UE, le taux de chômage moyen des immigrés est de 11,5 %, contre 7,5 % pour les autres.
Selon le rapport, environ 80 % des immigrés dans les pays de l’OCDE et de l’UE sont en âge de travailler (entre 15 et 64 ans), contre 66 % pour les personnes nées dans ces pays. Plus des deux tiers de ces immigrants vivent dans leur pays d’accueil depuis au moins 10 ans, tandis que 17 % y résident depuis cinq ans. Plus de 80 % des immigrés expriment ainsi leur attachement à leur pays d’accueil. « L’intégration des immigrés est absolument vitale pour nos économies et nos sociétés dans leur ensemble. Nous devons veiller à ce que tous ceux qui ont le droit de rester et de vivre dans nos sociétés puissent y participer pleinement et équitablement. Non seulement sur le papier, mais aussi dans la réalité », a déclaré Dimitris Avramopoulos.
Le niveau de pauvreté des immigrés est également plus répandu aujourd’hui que durant la dernière décennie. Environ 30 % des immigrés vivent en dessous du seuil de pauvreté dans les pays de ces deux zones. De même, le rapport fait également observer que près de 14 % des immigrés, notamment à l’UE, déclarent faire partie d’un groupe victime de discrimination fondée sur l’origine ethnique ou la nationalité.
Le statut des femmes immigrées est aussi alarmant. Les immigrées dans les pays de l’OCDE et de l’UE sont moins nombreuses à travailler que les femmes natives des pays d’accueil, 57 % contre 63 %. « Il reste néanmoins beaucoup à faire pour aider l’ensemble des immigrés à participer économiquement et socialement aux sociétés d’accueil », conclut Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE.
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