Al-Ahram-Hebdo : L’Egypte a accueilli la conférence du COMESA pour trois années consécutives. Qu’est-ce que cela signifie au niveau des relations entre l’Egypte et les autres pays africains ?
Amira Abdel-Halim: Depuis 2014, l’Egypte a adopté une stratégie de rapprochement avec les autres pays africains, en devenant plus active dans les communautés économiques régionales africaines, notamment au sein du COMESA. C’est l’Egypte qui, à chaque fois, lance l’initiative d’organiser la conférence annuelle. Une initiative soutenue par les autres pays africains, qui veulent s’engager davantage dans les problèmes du continent, surtout depuis l’adoption, en 2000, du slogan « Trouver des solutions africaines pour les problèmes africains ». Le développement des organisations africaines est d’une grande importance pour atteindre cet objectif. Tout comme le développement économique, qui est essentiel pour résoudre les problèmes du continent. L’Egypte veut retrouver son rôle de leader en Afrique, et ce, en devenant active dans ces organisations.
— Quels sont les facteurs-clés qui orientent les politiques égyptiennes en Afrique? S’agit-il d’une question de volonté politique ? D’autres facteurs entrent-ils en jeu ?
— Depuis les années 1960, les relations avec le reste du continent dépendent complètement du président à la tête de l’Egypte. Il décide si les institutions égyptiennes doivent se rapprocher ou non des autres pays africains. Depuis 2014, le président égyptien a remis la dimension africaine au coeur de sa politique étrangère. La coopération économique est un élément essentiel pour développer nos relations avec les autres pays africains. En développant les organisations régionales africaines, nous oeuvrons pour l’indépendance du continent.
— Le manque d’infrastructures est l’un des freins au développement du commerce en Afrique. Est-ce que l’Egypte s’intéresse à ce sujet ?
— Assurément, il est dans l’intérêt de l’Egypte de développer l’infrastructure en Afrique. Déjà, des entreprises privées égyptiennes, comme Al-Kalaa et Arab Contractors, ont de grands projets d’infrastructures en Afrique. Al-Kalaa, par exemple, travaille dans la construction d’une route très importante entre le Kenya, l’Ethiopie et Djibouti. Certaines entreprises égyptiennes ont une présence en Afrique aussi importante que des entreprises américaines et chinoises. Ces entreprises sont des représentants de l’Egypte en Afrique. Les manquements en infrastructure en Afrique sont criants. 300 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable ou à l’électricité. A cela s’ajoutent les problèmes des routes et du transport. L’Egypte possède l’expertise nécessaire dans ces domaines. La présidence de l’Union africaine par l’Egypte, l’année prochaine, va nous permettre de jouer un rôle plus important dans ces différents domaines en Afrique.
— Dans quels autres domaines l’Egypte peut-elle jouer un rôle important ?
— Les télécommunications sont très développées en Egypte, alors que beaucoup d’investissements sont à faire dans ce domaine en Afrique. L’agriculture peut être aussi un secteur de coopération. Bien que l’Afrique soit l’un des continents les plus riches en terres cultivables, elle continue d’importer des denrées alimentaires et a besoin d’expertises dans ce domaine. Le ministère égyptien des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation a apporté son aide à des pays africains comme le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda et a mené des projets dans ces pays. Beaucoup d’opportunités existent sur le continent, mais des investissements importants sont nécessaires.
— Qu’en est-il de la compétition avec les pays asiatiques et la Chine particulièrement, très présents en Afrique ?
— Les pays africains veulent une présence africaine. Ils encouragent les investissements qui viennent du continent comme les investissements marocains et de l’Afrique du Sud. En outre, nous pouvons être des partenaires avec les grandes puissances qui opèrent en Afrique dans des domaines comme l’agriculture et l’infrastructure.
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