En Turquie, les conditions de vie dans les camps des réfugiés syriens sont déplorables. (Photo : AP)
Turquie : D’une politique d’accueil à la construction d’un mur aux frontières
La Turquie accueille à elle seule plus de 3,4 millions de réfugiés syriens, soit environ 4 % de la population en Turquie. Et, selon un rapport publié récemment par l’Ombudsman turc (institution nationale oeuvrant dans les droits de l’homme), la population des Syriens vivant en Turquie pourrait atteindre les 5 millions dans 10 ans. Environ 90 % des Syriens vivent en dehors des camps de réfugiés. Ils sont éparpillés dans les villes et mêlés à la société turque. L’une des conséquences de cette arrivée massive est la flambée des prix de l’immobilier. Sans compter son impact sur le marché de travail, notamment le secteur informel, où les Syriens se trouvent en concurrence avec les travailleurs turcs. En revanche, les hommes d’affaires syriens ont réussi à promouvoir l’économie locale dans certaines villes turques, notamment celles frontalières.
Au début de la crise syrienne en 2011, la Turquie avait adopté une politique d’ouverture des frontières en fournissant environ 21 camps d’accueil. A l’époque, le gouvernement turc avait attribué aux réfugiés syriens enregistrés par le HCR un accès libre à son système de santé et à l’éducation. Mais, l’afflux massif et constant des Syriens a poussé Ankara à modifier sa politique d’accueil. Depuis 2016, les réfugiés syriens sont soumis à des restrictions de visa. La Turquie a aussi construit tout au long de sa frontière avec la Syrie un mur de trois mètres de hauteur pour empêcher l’infiltration des réfugiés.
Jordanie : Une tradition hospitalière qui pèse lourd
Dès le début de la crise, la Jordanie a été l’un des principaux pays d’accueil. Elle abrite 1,3 million de Syriens, soit 20 % de la population. Pourtant, le HCR y a enregistré seulement 650 000 réfugiés syriens. Car les autres sont considérés comme des « visiteurs » ou des « invités ». En fait, la Jordanie a une longue histoire en tant que pays d’accueil de réfugiés. C’était le cas avec les Palestiniens à partir de 1948 et les Iraqiens dans les années 1990. Mais la présence de ce nombre de réfugiés a pesé lourdement sur l’économie. La question des réfugiés est donc devenue centrale. Comme 80 % des Syriens vivent en ville, les loyers ont flambé, des écoles et des hôpitaux sont devenus bondés. Ainsi, le gouvernement a annoncé ne plus pouvoir accueillir de réfugiés. Déjà depuis 2014, les procédures d’entrée et d’installation ont commencé à se durcir. Amman a même appelé les Syriens à rentrer chez eux. « Le Royaume encourage le retour volontaire des réfugiés syriens dans leur pays. Cela est inéluctable », a indiqué, en août dernier, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Aymane Safadi, affirmant que son pays n’est plus en mesure d’en accueillir plus.
Iraq : D’un enfer à l’autre
Ravagé par ses propres conflits et par l’instabilité depuis plusieurs décennies, l’Iraq est l’un des pays qui a connu les plus importants déplacements de population. La situation s’est aggravée avec l’arrivée de 240 000 Syriens, majoritairement kurdes. Plus de 97 % de ces réfugiés, qui viennent principalement de Hasaka ou Qamishli, ont été accueillis dans la province autonome du Kurdistan (nord). Ceux-ci vivent dans neuf camps, établis dans les trois villes de la région : Erbil, Duhok et Souleymanieh. Mais la situation humanitaire au Kurdistan iraqien est très difficile : 40 % des déplacés internes vivent également dans cette région. Ces mouvements de population ont aggravé la crise économique dont souffre déjà cette région. Le taux de chômage a triplé au Kurdistan iraqien, passant, selon le Centre de coordination de crises dépendant du ministère des Affaires étrangères du Kurdistan, de 3 % en 2013 à 14 % en 2016. Tout comme le taux de pauvreté (de 6 à 14 %).
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