Enfin les écoles japonaises ouvrent leurs portes cette année. 34 écoles réparties dans 19 gouvernorats accueillent 13 240 élèves, alors que près de 1 000 enseignants, directeurs et employés ont été sélectionnés pour y travailler. Si ces écoles sont appelées « japonaises », ce n’est nullement parce qu’elles sont financées par le Japon, mais parce qu’elles appliquent le modèle éducatif japonais, où les élèves participent à des « activités spéciales », appelées tokkatsu.
Il s’agit d’une dizaine d’activités, qui consistent notamment à nettoyer la classe et à exercer les fonctions de délégué de classe pendant une journée, le nitchoku. Ces activités viennent en sus de l’apprentissage des connaissances scolaires.
« Elles représentent une composante essentielle du modèle éducatif japonais et sont censées favoriser le développement équilibré des aptitudes physiques, émotionnelles et intellectuelles des élèves et amener ceux-ci à faire preuve de davantage d’initiative et d’autonomie dans l’apprentissage des matières scolaires », précise Mahabate Abou-Emeira, membre du comité de développement de l’enseignement universitaire.
Tout a commencé en janvier 2015. Lors d’une visite du premier ministre japonais au Caire, le président égyptien a manifesté un vif intérêt pour l’éducation japonaise. En octobre 2015, le ministère égyptien de l’Education et de l’Enseignement technique, en coopération avec la Japan International Cooperation Agency (JICA), a lancé, à titre expérimental, 10 activités dans deux écoles primaires.
« L’enseignement devait commencer dans les écoles japonaises en octobre 2017, c’est-à-dire l’année dernière. Mais le ministère a découvert qu’il n’était pas encore prêt pour se lancer dans cette expérience. Les professeurs n’avaient pas encore reçu la formation nécessaire et les écoles n’avaient pas été équipées comme il faut. Alors, l’inauguration des écoles a été reportée à cette année au dernier moment », explique Eid Abdel-Wahed, ancien président de l’Académie professionnelle des enseignants.
En effet, quelque 550 enseignants ont été envoyés au Japon pour suivre une formation pratique sur le modèle d’enseignement japonais et le tokkatsu. Ceux-ci sont ensuite chargés de former d’autres enseignants. De plus, la JICA continue à apporter sa coopération par la présence d’experts japonais en Egypte. 45 écoles ont été construites dans le cadre de la première phase du projet. 34 écoles sont entrées en service, alors que le nombre devra atteindre 100 écoles l’année scolaire prochaine.
« Ces écoles sont construites selon les normes japonaises, avec des classes spacieuses d’une superficie de 64 m2, soit le double de la superficie fixée par les normes égyptiennes, des laboratoires équipés pour effectuer les expériences scientifiques, des salles de musique et des terrains de jeu. Chaque classe comporte deux portes, l’une pour l’entrée et l’autre pour la sortie. Chaque élève possède un pupitre contenant tout son matériel, en plus d’étagères au fond de la classe pour ranger le matériel de classe et les équipements de secours », explique Rabie El-Chazli, chercheur à l’Université de Aïn-Chams et expert dans le domaine de l’enseignement.
Apprendre l’autonomie
Dans les classes de jardin d’enfants et du cycle primaire, un seul professeur assure l’enseignement de toutes les matières. L’enseignement est assuré en langue arabe. Les élèves apprennent l’anglais depuis le jardin d’enfants, mais les mathématiques et les sciences ne sont enseignées en anglais qu’à partir du cycle préparatoire. « Le passage au préparatoire se fait automatiquement au terme du cycle primaire, mais pour passer en secondaire, les élèves doivent passer des examens assez difficiles », explique Abou- Emeira.
Pour faire face à la demande inattendue relative à ces écoles, le ministère de l’Education a imposé des conditions strictes pour l’admission des élèves. L’âge des élèves doit être d’au moins 4 ans le 1er octobre pour une admission au jardin d’enfants et de 6 ans pour la première primaire.
Après l’admission, l’administration de l’école s’entretient avec les parents pour leur présenter la méthode d’enseignement et ses critères. De plus, les parents doivent signer une attestation indiquant qu’ils acceptent de participer à 20 heures de bénévolat par année à l’école. Les frais scolaires sont de 10 000 L.E. par an, payés en deux versements, et sont sujets à une hausse annuelle de 7 %, afin de garantir la continuité du projet, selon les mêmes normes de qualité.
« Selon le modèle éducatif japonais, les élèves doivent apprendre la valeur du temps et devenir autonomes. Pour cette raison, il n’y a pas de sonnerie à l’école. Ce sont les élèves eux-mêmes qui, en regardant l’horloge de leur classe, déterminent le début et la fin des cours. De plus, ce sont les élèves qui sont responsables de la propreté des classes et de l’école. Par conséquent, on n’y trouve pas de femmes de ménage », explique El-Chazli.
Il reste à savoir si cette méthode portera ses fruits et si une méthode importée de l’étranger peut garder son efficacité en dehors de ses frontières. En effet, selon le modèle japonais, les classes ne doivent pas comprendre plus de 25 élèves. « Mais face à la demande croissante, le ministère de l’Education s’est trouvé obligé d’augmenter la capacité des classes à près de 40 élèves dans certaines écoles », indique El-Chazli.
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